«Ça m'a traumatisée» Sidération dans les Vosges après le meurtre d'une fillette de 5 ans

ATS

26.4.2023 - 16:26

La mère de la fillette de cinq ans retrouvée morte dans les Vosges a laissé éclater sa colère mercredi, au lendemain de l'arrestation d'un adolescent qui était déjà mis en examen pour viol sur mineur, a indiqué mercredi le parquet d'Epinal. Les faits remontaient à l'an dernier.

Le corps de l'enfant, déshabillé, a été découvert mardi après-midi par les gendarmes dans un sac, à l'intérieur d'un appartement appartenant à un bailleur social (photo d'illustration).
Le corps de l'enfant, déshabillé, a été découvert mardi après-midi par les gendarmes dans un sac, à l'intérieur d'un appartement appartenant à un bailleur social (photo d'illustration).
ATS

Keystone-SDA

«Je suis détruite», «c'est trop douloureux», a déclaré la mère de la victime, en larmes devant des journalistes sur le pas de sa maison de la petite ville de Rambervillers, où des bouquets de fleurs ont été déposés.

Le corps de l'enfant, déshabillé, a été découvert mardi après-midi dans un sac, à l'intérieur d'un appartement appartenant à un bailleur social, dans cette commune de 5000 habitants.

Le jeune homme avait été mis en examen «des chefs de séquestration sans libération volontaire, viol et agression sexuelle sur mineur de 15 ans, pour des faits commis en février 2022», a précisé le procureur Frédéric Nahon dans un communiqué.

Selon une source proche de l'enquête, un adolescent a été interpellé dans l'appartement, et placé en garde à vue. Une enquête pour meurtre a été ouverte par le parquet d'Epinal, selon Vosges Matin.

Ce garçon de 15 ans avait fait l'objet d'un placement en centre éducatif fermé pendant près d'un an jusqu'en février dernier, date à laquelle il était revenu au domicile familial «avec un suivi par la protection judiciaire de la jeunesse», a souligné le procureur. «Une expertise psychiatrique précédemment ordonnée concluait à l'absence de troubles mentaux», a-t-il indiqué.

Dans la matinée, l'adolescent, dissimulé sous une couverture, a été brièvement ramené par les gendarmes dans l'appartement. Ils en sont repartis au bout de quelques minutes, les forces de l'ordre ne faisant aucun commentaire.

«Hier à 13h00, il était derrière la maison, il m'a demandé si j'avais besoin d'un coup de main, il était toujours volontaire», a témoigné auprès de l'AFP Sefa Sackan, 44 ans, voisin du suspect. «Je ne l'ai jamais vu avoir un comportement bizarre auprès de mes enfants».

Mais d'autres riverains ont au contraire décrit un jeune homme provocateur voire menaçant. L'un d'eux a ainsi rapporté une «altercation» qui s'était produite l'an dernier.

«Il avait dit à ma petite-fille de 11 ans +je vais te violer+», a raconté Mario, un brocanteur âgé de 55 ans, qui refuse de donner son nom de famille.

«On le voyait tout le temps traîner partout et insulter tout le monde. Il importunait tous les enfants. J'ai appris qu'il avait un logement ici, il vivait seul, sa mère lui louait un logement», a-t-il complété.

Selon plusieurs riverains, le jeune homme avait effectué des séjours dans les hôpitaux psychiatriques de Rouffach (Haut-Rhin) et Mirecourt (Vosges).

«Connu de la police»

«Pour quelle raison ils l'ont laissé sortir?», s'est insurgée la mère de la victime, âgée de 34 ans.

«Celui qui a fait ça, je veux qu'il paye bien, parce que moi je paye avec toute ma vie», a ajouté cette femme aux cheveux noirs, portant un épais gilet de laine grise.

Elle a confirmé avoir alerté les forces de l'ordre mardi en début d'après-midi après avoir constaté la disparition de son enfant.

«Les agents de la police municipale sont intervenus dans un premier temps, ce sont eux qui ont découvert le corps, et puis les secours sont venus, ils ont essayé de faire des massages cardiaques, mais il n'y avait rien à faire, il était trop tard malheureusement», a raconté le maire, Jean-Pierre Michel.

Selon lui, l'adolescent était «connu de la police municipale et certainement de la gendarmerie, pour des faits apparentés à des atteintes sexuelles».

«Il aurait attiré des jeunes enfants pour avoir des gestes sexuels déplacés», a précisé le maire de la cité située à une trentaine de kilomètres au nord-est d'Epinal.

«Ce jeune homme avait été placé. Il n'y a que quelques semaines qu'il était réapparu sur le territoire de Rambervillers, ce qui inquiétait un petit peu la police municipale, qui était attentive», a déclaré M. Michel. «Tout le monde est retourné (...) Un enfant qui décède, si c'est accidentel, c'est dramatique, mais dans de telles conditions, c'est encore plus douloureux, c'est inexplicable».

De nombreux habitants se sont dit «choqués» du drame qui s'était joué dans la commune.

«Je n'ai pas dormi de la nuit, ça m'a traumatisée», a expliqué une voisine, Florence Idoux, 53 ans. «Je pense aux parents de la petite fille, les pauvres. Ça me fait de la peine».

Dans un sac plastique

Dans son communiqué, le procureur est revenu brièvement sur le déroulement des faits de mardi. Il a précisé que les parents de la fillette avaient signalé vers 15h10 la disparition de l'enfant depuis 14h00, «alors qu'elle jouait sur un square à proximité du domicile familial».

«Peu de temps après ce signalement, un jeune homme âgé de 15 ans prenait attache avec les policiers et leur indiquait être en présence de la fillette», a-t-il poursuivi.

«Les gendarmes sollicités se transportaient au domicile du jeune homme. Ils découvraient le corps sans vie de la fillette dans un sac plastique. Le mis en cause était aussitôt interpellé et placé en garde à vue du chef de meurtre sur un mineur de 15 ans».

Selon le parquet d'Epinal, le procureur de la République pourrait donner une conférence de presse jeudi.