«Tentative d'attentat» déjouéeUn homme fiché S condamné à 6 mois ferme pour port d'un couteau
ATS
16.10.2023 - 22:25
Emmanuel Macron avait évoqué une «tentative d'attentat» déjouée: un homme de 24 ans a été condamné lundi à six mois d'emprisonnement ferme pour port d'arme prohibé, après avoir été arrêté avec un couteau de cuisine près d'un lycée des Yvelines, quatre heures après l'assassinat du professeur à Arras.
Keystone-SDA
16.10.2023, 22:25
ATS
Son avocate, Me Chloé Rueff, a annoncé vouloir faire appel du jugement du tribunal correctionnel de Versailles et demander sa remise en liberté.
Le ministère public avait requis huit mois d'emprisonnement ferme avec mandat de dépôt lors de l'audience de lundi, en comparution immédiate, un réquisitoire justifié par «le contexte national grave», malgré «une infraction de droit commun», et la personnalité décrite comme «préoccupante» du prévenu.
Un argument contesté par Me Rueff: son client est certes «anxieux» mais n'a rien d'un «jeune radicalisé», a-t-elle plaidé. S'il a expliqué être «solitaire», «il dit qu'il essaye de ne pas tomber dans les travers de certains: il veut apprendre l'arabe pour comprendre, il se renseigne» sur la religion.
«Se renseigner et vouloir écrire l'arabe, ce n'est quand même pas une infraction!», a-t-elle insisté.
Hôtel de luxe
Les enquêteurs ont trouvé chez lui des livres d'arabe et de religion qu'ils ont décrits comme «salafistes», ce que conteste l'avocate. Et de s'interroger: «depuis quand les policiers sont experts en la matière? (...) Ce n'est pas un policer qui va déterminer quel livre appartient à quel mouvement» de l'islam, a-t-elle estimé.
Pendant l'audience, le jeune homme a reconnu détenir un couteau dans sa sacoche, trouvé par terre quelques jours auparavant, a-t-il expliqué d'une voix basse à la cour.
La présidente l'a questionné sur son rapport à la religion et sur sa récente démission: il travaillait comme serveur dans un hôtel de luxe parisien et a subitement quitté son emploi il y a quelques semaines. Lui dit qu'il ne s'y sentait pas à l'aise et qu'il a préféré partir.
Interrogé sur sa présence dans des canaux Telegram où sont diffusées des vidéos d'exactions du groupe Etat islamique, le prévenu a déclaré «condamner ces événements: ça me choque».
Des sources policières avaient indiqué vendredi à l'AFP que le jeune homme était connu pour «radicalisation». L'une d'elles avait précisé samedi que l'homme faisait l'objet d'une fiche S, qui n'a pas été mentionnée pendant l'audience.
Dossier «artificiel»
Sur les faits, le prévenu a expliqué au tribunal qu'il sortait de la mosquée, située près du lycée Condorcet de Limay, et qu'il se rendait au supermarché pour faire des courses avant de rentrer chez lui. Il a nié avoir suivi un groupe de lycéennes.
Son interpellation a eu lieu quatre heures après que Mohammed Mogouchkov, jeune Russe de 20 ans fiché pour radicalisation, eut tué au couteau le professeur de lettres Dominique Bernard et blessé trois autres personnes au collège-lycée Gambetta-Carnot d'Arras.
En déplacement vendredi après-midi dans cet établissement, le président Emmanuel Macron avait évoqué une autre «tentative d'attentat» déjouée, «dans une autre région». Une référence, avait précisé le ministère de l'Intérieur, à l'arrestation de Limay.
Me Chloé Rueff a dénoncé un dossier «artificiel», «monté de toutes pièces», qui «n'a rien d'un attentat déjoué».
Son client a été arrêté vendredi vers 15h00 «sur des motifs discriminatoires» car il portait une djellaba et se trouvait «à proximité d'un lycée» alors qu'il sortait de la mosquée située à côté de l'établissement scolaire, a-t-elle expliqué avant l'ouverture de l'audience.
Pendant ce contrôle, la police a trouvé un couteau dans sa sacoche, couteau qu'il ne brandissait pas, a-t-elle ajouté.
Me Rueff a demandé la nullité de ce contrôle d'identité, et au tribunal «de raison garder et de ne pas tenir compte du contexte politique». Sa demande de nullité a été rejetée par les juges.