Près de 180 jeunes ont pris part au Speed recruiting régional du Chablais, le 6 décembre dernier, pour tenter de décrocher un stage ou une place d'apprentissage chez un employeur de la région. Coachés, motivés, ils avaient huit minutes pour convaincre. Reportage.
Speed recruiting: 8 minutes pour convaincre!
Près de 180 jeunes motivés ont pris part au Speed recruiting régional du Chablais le 6 décembre dernier, pour tenter de décrocher un stage ou une place d'apprentissage chez un employeur de la région. Coachés, motivés, ils avaient huit minutes pour convaincre leur futur employeur potentiel. Reportage.
07.12.2023
16h30, le mercredi 6 décembre. Une effervescence inhabituelle règne entre les murs du collège de la Planchette à Aigle. Jusqu'à 20h, les minutes seront précieuses pour les ados présents. Nora, 17 ans, en a bien conscience: «Ça ne se voit peut-être pas, mais je suis un peu nerveuse. J'ai déjà participé l'an dernier, je sais à quoi m'attendre. C'est toujours impressionnant de rencontrer des patrons d'entreprise», confie-t-elle, CV en main.
Tout comme les autres jeunes réunis dans l'auditoire, Nora participe au Speed recruiting régional du Chablais, mis sur pied par l'association Plate-forme Jeunesse, en collaboration avec l'Etat de Vaud. Le principe: prendre un premier contact avec des employeurs potentiels pour tenter de décrocher une place de stage en entreprise ou un apprentissage.
Sur l'agenda de la jeune Chablaisienne, qui hésite encore entre une formation d'employée de commerce et un apprentissage dans la restauration, pas moins de cinq rendez-vous sont prévus au cours de la soirée. Chaque entretien durera 8 minutes chrono.
Le speed recruiting régional du Chablais, en chiffres:
- 174 jeunes impliqués
- 56 employeurs
- 70 métiers représentés
- 250 places d'apprentissage à pourvoir
- 8 minutes d'entretien
Quelque 130 participants au Speed recruiting sont issus des écoles de la région. Une cinquantaine d'autres, à l'instar de Nora, viennent du SeMo Chablais (ndlr: Semestre de Motivation, mesure de transition pour la préparation à la formation professionnelle).
Directeur de Plate-forme Jeunesse, Pascal Brunner relève: «Dans le cadre du SeMo, nous avons engagé des coaches un mois à l'avance pour réaliser des entretiens individuels fictifs, des chefs d'entreprise sont venus. Et les jeunes ont préparé leurs CV et lettres de motivation. Ils sont bien préparés».
Et pour mettre toutes les chances du côté des potentiels futurs apprentis, des séances de coaching sont organisées avant chaque entretien durant la soirée. Françoise Favre, directrice générale de la DGEM (Direction générale de l'emploi et du marché du travail du canton de Vaud) accueille un petit groupe d'ados dont Nora fait partie. Elle prodigue les derniers conseils. Attitude, présentation, sourire, motivation: il faut penser à tout!
Un coup de gong et c'est parti!
À 17h précises, le gong retentit. Des boxes ont été aménagés dans le hall du collège pour chaque entreprise. Ici, une banque, là, une enseigne de la grande distribution, plus loin, un parc de loisirs, une carrosserie, une compagnie de transports publics, plusieurs communes du Chablais...
L'entreprise Ginox Swiss Kitchen cherche un employé de commerce et accueille Nora pour 8 minutes de discussion. «Nous avons une place d'apprentissage à pourvoir chaque année. L'an dernier d'ailleurs, nous avons rencontré notre apprenti ici», expliquent les recruteurs. Et le concept du Speed recruiting leur plaît: «Ça va vite, mais c'est un bon moyen de rencontrer beaucoup de gens. C'est plus simple que d'organiser à chaque fois des entretiens d'une heure.»
Sur le stand d'à côté, un jeune homme décroche une place de stage, on se quitte sur une poignée de mains et des sourires. Un peu plus loin, moins de chance pour cet autre garçon, qui abandonne le stand après quelques minutes seulement: manque de préparation ou profil inadapté au poste, tous les rendez-vous ne peuvent pas être couronnés de succès. En revanche, tout semble se passer au mieux pour Nora, qui discute avec aisance.
«L'apprentissage, c'est notre cheval de bataille»
Pour la plupart des participants, le Speed recruiting est un premier contact. Certaines entreprises enjoignent les candidats à les recontacter en cas d'intérêt, d'autres proposent des entretiens supplémentaires ou encore des stages aux profils qui les intéressent, avant d'éventuellement signer un contrat d'apprentissage. Les jeunes les plus chanceux auront peut-être même le choix entre plusieurs propositions d'embauche.
C'est la troisième édition du Speed recruiting régional du Chablais. Cheffe de projet de l'événement chez Plate-forme Jeunesse, Anna Russo explique: «Nous ne questionnons pas les entreprises, car nous les laissons gérer leurs dossiers. Mais nous avons tout de même des retours. Ce concept fonctionne: l'an dernier, environ 30% des jeunes ont trouvé une place d'apprentissage via le Speed recruiting.»
En Suisse romande, déplore néanmoins Pascal Brunner, l'apprentissage est encore souvent mal vu par rapport à la filière études. «C'est notre cheval de bataille. Il faut arrêter avec cette croyance que l'apprentissage est un choix pour la vie. C'est une formation de trois ans dans un domaine qui nous attire sur le moment, puis avec une année de plus, on peut obtenir une maturité professionnelle et tout est ouvert. On peut partir en HES ou à l'université. C'est vraiment le message qu'on essaie de faire passer».
Au coup de gong final, Nora est satisfaite de sa soirée. Il faudra encore attendre un peu pour savoir si ses entretiens ont porté leurs fruits. Souhaitons-lui, ainsi qu'à tous les autres candidats, de trouver la voie vers leur avenir professionnel!