Procès pénal Stormy Daniels, l'actrice du X qui fait trembler Donald Trump

ATS

14.4.2024 - 16:40

Son nom est pour toujours associé à celui d'un président américain. L'ancienne actrice de films pornographiques Stormy Daniels, au coeur du premier procès pénal de Donald Trump, a mené avec détermination une bataille juridique et médiatique contre le républicain, qui a révélé son sens acéré de la répartie.

Stephanie Clifford, de son vrai nom, s'est tournée très jeune vers le strip-tease puis a joué dans des films de X.
Stephanie Clifford, de son vrai nom, s'est tournée très jeune vers le strip-tease puis a joué dans des films de X.
IMAGO/MediaPunch

Ambitieuse et dotée d'une forte personnalité, celle qui est honnie par les partisans du candidat à la présidentielle du 5 novembre met un point d'honneur à rendre coup pour coup avec le sourire.

Mais un tout récent documentaire montre que derrière cette cuirasse, sa vie a été bouleversée par l'affaire et ses conséquences. Son mariage s'est délité (elle s'est depuis remariée), les insultes sont devenues plus virulentes et elle a craint pour sa sécurité.

Menaces directes

Avant, on la qualifiait de «menteuse, de pute, de femme vénale», a-t-elle affirmé dans le film. Depuis que l'ex-président a été inculpé, «c'est très différent. On parle de menaces directes comme 'je vais venir chez toi et t'égorger', 'ta fille devrait être euthanasiée'».

Coutumier des commentaires acerbes sur le physique de ses détracteurs, Donald Trump l'avait lui-même affublée en 2018 du sobriquet plus inoffensif mais peu flatteur de «Face de cheval».

Un soir dans le Nevada

Stephanie Clifford, de son vrai nom, est née il y a 45 ans à Baton Rouge, en Louisiane. Elevée par sa mère après le divorce de ses parents, elle raconte dans un livre avoir été négligée par sa famille et abusée sexuellement à neuf ans par un homme plus âgé. Bonne élève malgré tout et passionnée de chevaux, elle se tourne très jeune vers le strip-tease puis joue dans des films de X.

La plantureuse actrice, réalisatrice et scénariste aux longs cheveux blonds était déjà connue dans le milieu pornographique, qui lui a décerné plusieurs prix. Mais c'est sa relation avec Donald Trump qui en fait une célébrité aux Etats-Unis.

A l'été 2006, alors qu'elle a 27 ans, son chemin croise celui du magnat de l'immobilier dans un complexe de luxe du Nevada. L'actrice vient de faire une apparition dans la comédie «40 ans, toujours puceau» de Judd Apatow. Donald Trump vient d'avoir un fils – Baron – avec son épouse Melania.

Relation consentie

D'après le récit qu'en fait l'ex-actrice, il la remarque et l'invite à dîner. Toujours selon elle, elle arrive en avance et il lui demande alors, avant d'aller au restaurant, de le retrouver dans sa suite, où il l'accueille vêtu d'un pyjama en soie. Elle assure qu'ils ont ensuite eu une relation sexuelle, lui le nie.

Ce qui est avéré, c'est que Stormy Daniels a reçu 130'000 dollars, juste avant la présidentielle de 2016, pour garder le silence. Et c'est à cause de ce versement que Donald Trump est attendu lundi sur le banc des prévenus.

Pas une victime

Une fois la transaction révélée en 2018, Stormy Daniels fait le tour des plateaux de télévision et demande à la justice d'annuler l'accord de confidentialité qu'elle a signé.

Elle dit vouloir remettre les pendules à l'heure, soulignant qu'elle n'est pas une «victime» et que même si elle n'était pas attirée par lui ce fameux soir de 2006 dans le Nevada, leur relation était consensuelle.

Dans le documentaire, elle a nuancé ses propos. «Quand je suis sortie de la salle de bains et que Trump était là, en sous-vêtements, tellement sûr de lui, je me souviens avoir pensé 'mais putain, comment me suis-je retrouvée là-dedans'? Je me suis sentie induite en erreur, dupée», a-t-elle dit. Auparavant, selon elle, il avait loué son intelligence, la comparant à sa fille Ivanka.

«Je l'ai dit et répété, ce n'était en aucune façon un viol, mais je n'ai pas dit non parce que tout simplement, j'ai eu l'impression d'avoir de nouveau neuf ans», a-t-elle ajouté.

«Fatiguée»

Dans son bras de fer très public avec l'ex-président, elle est très active sur le réseau social X, n'hésitant pas à répondre aux invectives avec un esprit mordant. Elle réserve notamment le surnom «Tiny» ("Petite chose") à Donald Trump, en référence à son anatomie masculine.

Longtemps, sa notoriété n'a pas semblé déplaire à celle qui avait envisagé de se porter candidate au Sénat des Etats-Unis en 2010. Mais si elle s'est récemment dite «absolument» prête à témoigner lors du procès, elle a aussi évoqué sa lassitude. «Je suis fatiguée. Mon âme est si fatiguée», a-t-elle avoué dans le documentaire.