France voisine Strasbourg: les musées voient leur échapper un legs de 5 millions

ATS

29.9.2022 - 13:52

La généreuse donatrice a jugé notamment mauvaises les conditions de conservation des oeuvres (archives).
La généreuse donatrice a jugé notamment mauvaises les conditions de conservation des oeuvres (archives).
ATS

Une généreuse donatrice a renoncé à léguer ses biens immobiliers estimés à 5 millions d'euros aux musées de Strasbourg, après avoir jugé mauvaises les conditions de conservation des oeuvres et en réaction à l'annonce de la fermeture des musées de la ville deux jours par semaine.

29.9.2022 - 13:52

«Ma décision est irrévocable», a affirmé jeudi par téléphone à l'AFP Marie-Claire Ballabio, depuis Biarritz où elle passe sa retraite.

Après avoir fait une première donation de collections de peintures et de dessins anciens aux musées de Strasbourg en 2019, estimée à cinq millions d'euros, l'amatrice d'art, âgée de 79 ans, a fait biffer de son testament lundi la capitale alsacienne, comme l'a révélé la Tribune de l'Art.

La septuagénaire, qui a fait carrière dans les assurances, comptait céder sa demeure au bord de l'Atlantique et des terrains à Rambouillet aux musées de Strasbourg, avant de se raviser, s'estimant «trompée» par les conditions de conservation de son premier legs au sein du palais Rohan, qui abrite le Musée des beaux-arts de Strasbourg.

«Ils n'ont pas l'installation technique pour conserver la température constante de 19 degrés», estime Mme Ballabio, alertée par des proches début août en visite au musée au plus fort de la canicule.

«Les oeuvres ne craignent pas en soi la forte chaleur, elles craignent les variations brusques, thermiques, ou d'humidité relative», a expliqué à l'AFP Paul Lang, directeur des musées de la Ville de Strasbourg.

M. Lang rappelle que les oeuvres léguées par Mme Ballabio, allant de la Renaissance au XIXe siècle, «étaient auparavant conservées dans une villa en bord de mer, avec un fort taux d'humidité» qui n'était pas idéal.

«On les a restaurées, et depuis qu'elles sont chez nous elles sont absolument stables», a-t-il ajouté, regrettant la décision de Mme Ballabio.

«La ville était légataire universelle et on aurait créé un fonds de dotation au décès, qui aurait pu servir à acheter des oeuvres», a-t-il encore expliqué à propos de l'héritage envolé.

Mme Ballabio affirme avoir pris sa décision avant l'annonce début septembre de la fermeture des huit musées de la ville deux jours par semaine et entre 13H00 et 14H00, pour faire des économies de personnel.

«Je n'accepte pas cela. J'ai fait une donation pour que les oeuvres soient vues et non pas pour qu'elles soient prises en otage et séquestrées», a-t-elle néanmoins réagi.

La donatrice a refusé de donner le nom du musée à qui ira finalement son héritage.

Dans un entretien au quotidien régional les Dernières nouvelles d'Alsace (DNA), réalisé avant l'annonce de l'abandon du legs de Mme Ballabio, la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian est revenue sur la fermeture des musées deux jours par semaine, qui a suscité de nombreuses réactions dans le monde de la culture.

L'élue EELV a semblé marquer une inflexion, parlant d'"une mesure d'adaptation la plus temporaire possible», avec pour objectif de «réétendre l'amplitude» horaire.

«La mairie a dû agir dans l'urgence étant donnée la situation budgétaire mais on va trouver d'autres solutions», a expliqué M. Lang, affirmant qu'un «groupe de travail» avait été créé «pour rouvrir début 2023 six jours sur sept, avec des amplitudes horaires différentes».

ATS