Église catholique Suicide d'un ancien prêtre: interrogation sur les «responsabilités»

ATS

8.1.2023 - 17:29

L'archevêque de Strasbourg, Luc Ravel, a fait part dimanche de son «étonnement» et de «questions» autour du cas d'un ancien prêtre, condamné en 2013, qui, selon la presse locale, se serait suicidé il y a une semaine. Le prêtre aurait été soupçonné de viol sur une mineure quand il était encore membre de l'Eglise.

L'archevêque de Strasbourg Luc Ravel "ne peut taire (son) étonnement et un certain nombre de questions", notamment sur les "responsabilités pénales et morales" de l'Eglise dans le traitement de ce dossier (archives).
L'archevêque de Strasbourg Luc Ravel "ne peut taire (son) étonnement et un certain nombre de questions", notamment sur les "responsabilités pénales et morales" de l'Eglise dans le traitement de ce dossier (archives).
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Keystone-SDA

«Je ne peux taire mon étonnement et un certain nombre de questions», notamment sur les «responsabilités pénales et morales de l'Institution dans la connaissance et le traitement de (ce) dossier», écrit l'archevêque dans un communiqué en réaction à un article paru dimanche dans les Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA).

Le 1er janvier au soir, deux personnes ont été mortellement percutées par un TER dans le Bas-Rhin. Le parquet de Strasbourg avait indiqué lundi à l'AFP qu'il s'agissait probablement d'un homme et de sa mère ayant volontairement mis fin à leurs jours. Leurs identités n'ont pas été communiquées.

Mutation «soudaine»

Selon les DNA, l'homme de 50 ans était un ancien prêtre, renvoyé de l'état clérical après sa condamnation en 2013 à Colmar pour détention et diffusion d'images pédopornographiques. D'après le journal régional, celui-ci était visé depuis peu par une plainte pour viol sur mineur concernant des faits remontant à 2008 lorsqu'il était aumônier dans un collège privé de Strasbourg.

Or en 2009, cet homme avait eu une «soudaine mutation» et était nommé «curé-doyen» dans une paroisse alsacienne, relève Mgr Ravel, devenu archevêque de Strasbourg en 2017 et qui n'a jamais rencontré l'homme concerné.

De son côté, estimant que les informations publiées «entrav(ent) l'enquête qu'(elle) mène depuis plusieurs mois dont aucune plainte n'est à l'origine», la procureure de la République de Strasbourg, Yolande Renzi, a indiqué à l'AFP qu'elle ne souhaitait pas communiquer davantage sur ce dossier.

Responsabilités à établir

Elle a néanmoins précisé que d'un point de vue juridique, l'action publique s'éteignait «à l'encontre d'une personne décédée, mais non à l'égard d'autres éventuels co-auteurs ou complices».

«Il est clair que (...) il n'en reste pas moins à établir certaines responsabilités pénales au plan de la justice française comme au plan de la justice de l'Eglise», a repris Mgr Ravel.

En novembre, l'archevêché de Strasbourg a déjà été ébranlé quand son ancien archevêque (2007-2017) Jean-Pierre Grallet a reconnu avoir eu «des gestes déplacés» envers «une jeune femme majeure» dans les années 1980. Des faits «de nature sexuelle» signalés en janvier 2022 à la justice par Mgr Ravel, pour lesquels une enquête pénale a été ouverte.