L'Iran a accusé lundi Israël d'être derrière l'attaque ayant visé la veille son usine d'enrichissement d'uranium à Natanz, laissant entendre que celle-ci avait endommagé des centrifugeuses. Téhéran a promis une «vengeance» en temps et en heure.
L'Iran a aussi promis d'intensifier ses activités atomiques alors que des efforts diplomatiques ont lieu pour remettre sur les rails l'accord international sur le nucléaire iranien. Plus de 24 heures après les faits, les circonstances de l'attaque, son mode opératoire et l'étendue des dégâts causés restaient flous.
L'Union européenne et la Russie, qui participent aux efforts diplomatiques, ont dit espérer que ceux-ci ne soient pas réduits à néant par l'"incident» de Natanz, à l'instar des Etats-Unis, qui ont affirmé ne pas être impliqués dans l'opération.
Dégâts «rapidement» réparables
Le porte-parole de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA) Behrouz Kamalvandi a semblé minimiser l'événement en déclarant lundi que «le centre de distribution d'électricité» de l'usine de Natanz, dans le centre du pays, avait été touché par une «petite explosion», vers «cinq heures du matin» dimanche.
Il a fait état de dégâts «rapidement» réparables et présentés comme mineurs contrastant avec des propos du chef de l'OIEA, Ali-Akbar Saléhi, rapportés plus tôt par l'agence Fars, et selon lesquels «le système électrique de secours» de l'usine avait dû être mis en marche lundi.
Israël «a joué un rôle»
Le porte-parole de la diplomatie iranienne Saïd Khatibzadeh avait déclaré qu'il était encore «trop tôt» pour évaluer les dégâts de ce qu'il avait qualifié d'acte de «terrorisme» israélien ayant endommagé un certain nombre de centrifugeuses dites de première génération utilisées pour enrichir de l'uranium.
De son côté, le New York Times a cité des responsables au sein des renseignements israéliens et américains selon lesquels «Israël a joué un rôle» dans ce qu'il s'est passé à Natanz où, selon ces sources, «une forte explosion» aurait «totalement détruit (...) le système électrique interne alimentant les centrifugeuses qui enrichissent de l'uranium sous terre».
«Centrifugeuses plus puissantes»
L'usine d'enrichissement située au sein du complexe nucléaire de Natanz est celle là-même où Téhéran a mis en service ou a commencé à tester samedi de nouvelles cascades de centrifugeuses avancées.
Ces machines offrent à l'Iran la possibilité d'enrichir plus vite et en plus grande quantité de l'uranium, dans des volumes et à un degré de raffinement interdits par l'accord censé encadrer le programme nucléaire iranien conclu en 2015 à Vienne.
M. Khatibzadeh a accusé indirectement Israël de saborder les discussions en cours à Vienne pour tenter de faire revenir Washington à l'accord international de 2015 et de lever les sanctions américaines contre Téhéran.
«La réponse de l'Iran sera la vengeance contre le régime sioniste au moment et à l'endroit opportun», a-t-il affirmé. Selon Fars, M. Saléhi a promis que «dans quelques jours, les centrifugeuses endommagées (seraient) remplacées par des centrifugeuses plus puissantes».
«Ne pas tomber dans le piège»
«Nous ne permettrons pas» qu'Israël fasse dérailler les discussions de Vienne, aurait déclaré pour sa part, selon des députés, le ministre des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif lors d'une réunion à huis clos au Parlement.
Ces pourparlers ont lieu entre les Etats encore parties à l'accord de Vienne (Allemagne, Chine, France, Royaume-Uni, Iran et Russie), sous l'égide de l'Union européenne. Washington y est associé mais sans contact direct avec les Iraniens.
Les Etats-Unis, sous la présidence de Donald Trump, ont dénoncé unilatéralement en 2018 l'accord international de 2015, rétablissant les sanctions américaines qui avaient été levées en vertu de ce pacte.
En riposte, l'Iran s'est affranchi depuis 2019 de la plupart des engagements clés limitant ses activités nucléaires qu'il avait pris à Vienne. Joe Biden, qui a succédé à M. Trump en janvier, a signalé son intention de réintégrer l'accord.