Tempête aux Etats-Unis Une «bombe dépressionnaire» historique

ATS

23.12.2022 - 15:03

Les fortes chutes de neige et les températures polaires qui frappent les Etats-Unis à l'approche de Noël sont dues à un phénomène météorologique appelé «bombe dépressionnaire». Il s'agit d'une dépression qui se creuse très rapidement mais dont l'intensité est rendue historique par un air arctique glacial.

Ce type de tempête n'intervient «qu'une fois par génération», selon le National Weather Service américain à Buffalo. On a affaire à une «vague de froid historique», explique Cyrille Duchesne, météorologue à la Chaine Météo.

Plusieurs records de froid ont ainsi été battus: -53°C dans l'Ouest du Canada, – 38°C dans le Minnesota, mais aussi, plus au sud, là où les températures sont habituellement plus douces à cette époque de l'année, -13°C à Dallas ou – 8°C à Houston.

Ses causes sont pourtant assez classiques, à savoir un système dépressionnaire, causé par un puissant conflit entre deux masses d'air: une très froide en provenance de l'Arctique et l'autre tropicale venu du Golfe du Mexique.

«Genèse explosive»

Une dépression est un système de basse pression atmosphérique, souvent synonyme de mauvais temps: sa dynamique entraîne des courants ascendants qui provoquent des nuages et des précipitations. Ce qui rend le cas actuel extraordinaire est que la pression atmosphérique a cette fois chuté très vite, en moins de 24 heures.

C'est ce qu'on appelle une «genèse explosive». Cela apparaît lorsque la pression baisse de plus de 20 hectopascals (hPa) en 24 heures aux moyennes latitudes. C'est le même phénomène qui avait été à l'origine, en France, de la tempête de 1999 restée dans les mémoires, ou de Xynthia en 2010.

États-Unis: tempête de neige sans précédent dans l'Etat de New York
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États-Unis: tempête de neige sans précédent dans l'Etat de New York

Plus d'un mètre de neige est tombé sur l'Etat de New York ce week-end obligeant la gouverneure a appelé à la prudence.

Dans le cas des Etats-Unis, la pression atmosphérique est brutalement descendue de 40 hPa en 24 heures, selon Yann Amice, météorologue chez Weather'n'co. «Cela a entraîné la formation de conditions de tempête extrême à proximité du coeur de la dépression, avec des conditions particulièrement rudes», marquées notamment par des vents très forts, du blizzard et des chutes de neige, indique M. Duchesne.

Intensité record

Pour lui, la rareté de cette tempête ne vient pas tant de ses causes – une «bombe dépressionnaire, ça arrive régulièrement» – mais bien de son intensité et du niveau de températures extrêmement bas. «C'est ça qui fait que c'est exceptionnel».

À quoi cela est-il dû? Tout simplement au fait que la tempête entraîne une plongée du vortex polaire, c'est-à-dire une masse d'air particulièrement froid venue de l'Arctique, vers les latitudes tempérées, porté par l'ondulation du jet stream (courant d'altitude) et favorisé par des conditions anticycloniques sur le Pacifique.

Résultat: des chutes de températures parfois vertigineuses ont été constatées, comme à Denver où le thermomètre a perdu jeudi 33 degrés en à peine 7 heures, enregistrant avec -31 degrés sa température la plus froide depuis 1990. Combiné au blizzard et à la neige, les ressentis en plaine peuvent parfois atteindre les -55 degrés.

Risques pour la santé

«Un froid de cette ampleur pourrait provoquer en quelques minutes des engelures sur la peau exposée, ainsi que de l'hypothermie et la mort si l'exposition est prolongée», a alerté le National Weather Service américain. Et cela rend tout déplacement «dangereux voire parfois impossible».

Pour ce weekend, la dépression, actuellement située au niveau des Grandes Plaines et des Grands Lacs, devrait se déplacer vers le Québec, qui risque «d'être très touché» avec notamment des vents violents et des chutes de neige importantes, et dans une moindre mesure vers le nord-est des Etats-Unis, indique M. Duchesne.