NeuchâtelTentative de meurtre: 4 ans et demi de prison requis
js, ats
22.10.2021 - 13:34
Le procureur Nicolas Aubert a requis vendredi quatre ans et demi de prison contre le trentenaire qui avait tenté de tuer son ex-compagne à Neuchâtel en juin 2019. La défense demande une peine de deux ans avec sursis.
Keystone-SDA, js, ats
22.10.2021, 13:34
22.10.2021, 13:43
ATS
«L'accusé a fait trois gestes mortels. Il a étranglé la victime, qui a subi une asphyxie, et lui a porté deux coups de couteau à la poitrine, l'endroit le plus potentiellement mortel», a déclaré le procureur.
La victime ne doit son salut qu'à «l'intervention miraculeuse de voisines et au fait que les coups de couteau ont été arrêtés par les côtes et n'ont pas atteint le coeur», a ajouté Nicolas Aubert. La victime elle-même «s'est sentie mourir».
Selon le procureur, le mobile reste peu clair, soit la jalousie, le dépit ou la détresse. La veille des faits, la victime, qui ne vivait plus depuis neuf mois avec le prévenu, lui avait annoncé une séparation définitive après des mois d'une relation en dents de scie.
Nicolas Aubert s'est interrogé sur la préméditation du geste du prévenu, qui avait emmené des gants et un couteau au domicile de la victime pour soi-disant aller récupérer des meubles de jardin en vue d'une grillade. Le trentenaire n'avait pas pris son téléphone non plus.
La gravité de la faute de l'accusé, «qui a une propension à mentir», est lourde, car en plus ce dernier a eu une volonté de se soustraire à la justice, a expliqué le procureur. La responsabilité du prévenu, qui n'a pas accès à ses émotions, est faiblement ou moyennement diminuée selon l'expertise psychiatrique. Le procureur en a tenu compte dans la fixation de la peine.
Pour la partie plaignante, le prévenu, qui n'arrive pas à gérer ses colères et se place en victime, aurait préféré que sa conjointe meure plutôt qu'elle ne prenne son indépendance. Après sa détention provisoire, il a eu une attitude de provocation envers la victime qu'il a fait en sorte de rencontrer à la plage pour lui dire qu'il sera «toujours sur ses pas», a ajouté l'avocat de la partie plaignante.
Dans un état second
À la suite de cet épisode, la victime, qui souffre d'un stress permanent et de nombreux problèmes psychiques depuis l'agression, a décidé de quitter la Suisse et de rejoindre sa mère en Suède. La partie plaignante demande 15'000 francs pour tort moral, plus le paiement des frais de la cause et de ceux liés à l'agression.
La défense a reconnu le tort moral, mais pour 5000 francs seulement, et estime que le prévenu n'a jamais eu l'intention de tuer. «Pour des raisons inexplicables, ça a mal tourné», a déclaré son avocat Claude Nicati. L'accusé était au bout du rouleau, dans un état second, et voulait «un geste de tendresse». «La victime s'est débattue et la machine s'est emballée», a ajouté l'avocat.
La défense a estimé que l'infraction retenue devrait être les lésions corporelles simples aggravées. «La quotité de la peine doit aussi être fixée de façon à ce que mon client puisse se reconstruire et réparer au plan financier ce qu'il doit à l'Etat», a expliqué Claude Nicati, qui a requis une peine de 2 ans, avec sursis.
Durant l'audience, l'accusé, domicilié à la Neuveville (BE), a déclaré ne pas arriver à expliquer et à comprendre son geste et n'avoir que des souvenirs flous des faits, même s'il n'y a pas eu de «black-out». Le prévenu estime avoir perdu le contrôle. Il s'est excusé pour ses actes et a déclaré avoir arrêté son suivi psychiatrique car il «se sentait suffisamment bien avec lui-même et qu'il s'assumait».