ArgovieIl prend vingt ans pour avoir emmuré son ami
me, ats
20.10.2022 - 17:54
Un Suisse de 23 ans a été condamné jeudi à 19 ans et 2 mois de prison pour avoir tué son ami en l'enfermant dans une grotte en avril 2019 près de Brugg (AG). La victime est morte de froid. Le tribunal de district de Brugg a commué la peine en thérapie stationnaire en milieu fermé.
me, ats
20.10.2022, 17:54
20.10.2022, 18:10
ATS
La thérapie stationnaire en milieu fermé pour délinquants gravement perturbés se déroule dans un cadre contrôlé et sécurisé. La libération dépend du succès du traitement. Une date n'est pas fixée. Après chaque période de cinq ans, on vérifie si une libération est justifiée. La mesure peut être prolongée par périodes de cinq ans.
Le tribunal a reconnu l'accusé coupable d'assassinat et de tentative d'assassinat. Le prévenu est aussi condamné pour vol et d'autres délits similaires. Le jugement n'est pas encore définitif. Il peut faire l'objet d'un recours devant la Cour suprême du canton d'Argovie.
«Cruel, bestial et inhumain»
Le tribunal est convaincu que le prévenu a agi avec l'intention de tuer et qu'il avait pris la décision de passer à l'acte la veille au soir. Il s'agit donc d'un assassinat. Son acte était «cruel, bestial et inhumain», a dit le président du tribunal lors de la lecture du jugement.
L'accusé était motivé par l'envie et la jalousie et il a agi dans le but de faire souffrir son ami. Pour les juges, sa faute est très grave. Ses troubles psychiques et son jeune âge n'y changent rien. Le tribunal n'a décelé «aucune trace de remords». L'accusé est qualifié de dangereux.
Enfermé dans une grotte
Les faits remontent au 7 avril 2019. Le prévenu, un Suisse de 23 ans, et un ami âgé de 24 ans faisaient une randonnée au Bruggerberg, près de Brugg (AG). Sous prétexte de mettre à l'épreuve le courage de son ami, il l'a incité à ramper dans une grotte. Une fois le jeune homme à l'intérieur, l'accusé a bloqué l'entrée avec une grosse pierre et l'a entièrement recouverte de terre.
Interrogé par le juge pendant le procès, le prévenu a reconnu les faits, mais il n'a pas pu dire pourquoi il n'a pas réagi aux appels du jeune homme enfermé dans la grotte qui le suppliait de le libérer. Il a continué à entasser de la terre jusqu'à ce qu'il n'entende plus les cris.
Cadavre retrouvé un an plus tard
Le cadavre du malheureux a été retrouvé dans la grotte un an plus tard, le 5 avril 2020. Selon le médecin légiste, il est mort d'hypothermie. Le prévenu a été arrêté en mars 2021.
Une semaine avant d'avoir enfermé son ami dans la grotte, le prévenu l'avait poussé dans une pente raide lors d'une randonnée en montagne au Tessin. Par chance, il s'en était tiré avec des blessures légères. Mais comme la future victime considérait l'accusé comme son meilleur ami, lui et sa famille ont estimé qu'il était impossible qu'il l'ait poussé et l'affaire en est restée là.
Trouble dissociatif de la personnalité
Un psychiatre a diagnostiqué chez l'accusé un trouble dissociatif de la personnalité. Il souffre aussi du trouble du déficit de l'attention. Avec un QI de 71, son intelligence est inférieure à la moyenne. Sa capacité de contrôle et d'action n'était cependant pas limitée au moment des faits. Sa responsabilité n'était donc pas diminuée, selon les déclarations de l'expert pendant le procès.
Le procureur a requis une peine de 16 ans et 4 mois de prison pour assassinat et tentative d'assassinat. Il a aussi demandé une mesure stationnaire en milieu fermé pour délinquants gravement perturbés d'une durée de cinq ans avec possibilité de prolongation.
La défense a reconnu que l'acte commis au Bruggerberg était incontestablement un assassinat. L'avocat a plaidé une peine de 12 ans de prison. Il a aussi été favorable à une mesure stationnaire, mais pour jeunes adultes et d'une durée maximale de quatre ans.