Mort de Thomas à Crépol Colère calme à Romans, petite manifestation de «solidarité»

ATS

2.12.2023 - 18:34

Quinze jours après la mort violente de Thomas dans la Drôme, les tensions restent vives à Romans-sur-Isère où étudiait l'adolescent. Colère et peur s'expriment malgré les appels au calme et les interdictions de manifester visant notamment l'ultra-droite.

Des personnes participent à un hommage organisé par le groupe d'extrême droite «Les natifs» à Paris, pour rendre hommage au jeune Thomas une semaine plus tôt. Le rassemblement avait été initialement interdit par les autorités, mais près d'une heure avant l'heure prévue, il a été autorisé à se poursuivre.
Des personnes participent à un hommage organisé par le groupe d'extrême droite «Les natifs» à Paris, pour rendre hommage au jeune Thomas une semaine plus tôt. Le rassemblement avait été initialement interdit par les autorités, mais près d'une heure avant l'heure prévue, il a été autorisé à se poursuivre.
KEYSTONE

A la mi-journée, sitôt le marché terminé, quelques dizaines de personnes se sont malgré tout rassemblées sur une place du quartier populaire de la Monnaie, au centre de l'attention. Certains suspects dans la mort du lycéen de 16 ans – tué en marge d'un bal de village à Crépol dans la nuit du 17 au 18 novembre – en seraient issus.

«Unis contre ceux qui divisent» ou «Non à la récupération fasciste», proclament des pancartes déployées par ces personnes qui se disent mobilisées par «solidarité avec la famille de Thomas» mais aussi avec les habitants du quartier populaire qui s'estiment ostracisés depuis le drame.

Une discrète présence policière surveille l'attroupement qui s'inscrit aussi en réponse à la mobilisation de l'ultra-droite qui crie vengeance depuis le décès du jeune rugbyman. Ils étaient environ 200 à Paris vendredi soir, et restent mobilisés dans les environs de Crépol, selon une source policière.

«Le racisme pourrit tout»

«Le racisme pourrit tout, la maire a délaissé le quartier. Ma nièce a peur et ne met plus les enfants à l'école. Des qu'ils sortent, ils tremblent», témoigne Leïla, 62 ans. «La justice doit être la même pour tout le monde. Les habitants de la Monnaie n'ont rien fait, il ne faut pas généraliser», estime Emilie, une travailleuse sociale de 41 ans.

A moins de 20 km de là, à Valence, la préfecture est sous haute protection policière, a constaté l'AFP mais la situation est calme. Deux manifestations prévues en lien avec le drame de Crépol ont été interdites par la préfecture de la Drôme «en raison des risques de troubles à l'ordre public».

L'enquête pour «meurtre en bande organisée» ouverte par le parquet de Valence après la mort de Thomas a débouché sur la mise en examen de neuf jeunes, dont trois mineurs. Des photos avec identité présentées comme celles des agresseurs ont été largement diffusées par des comptes d'ultra-droite qui appellent à la vengeance, notamment contre la Monnaie.

Conférences interdites

Signe des tensions dans la région, deux conférences prévues à Lyon dans le cadre du festival militant d'extrême gauche Antifafest ont été interdites vendredi par la préfecture du Rhône.

Pour l'avocate de l'association, Agnès Bouquin, la préfète a préféré «empêcher de parler tout ce qui peut déranger» les mouvements d'ultra-droite, au motif qu'elle «serait dépassée par les ligues fascistes». Des demandes pour lever les interdictions ont été déposées et le tribunal administratif doit statuer sur la conférence de dimanche.