Une peine de trente ans de réclusion criminelle, assortie d'une période de sûreté des deux tiers, a été requise mardi devant la cour d'assises de Savoie contre Nordahl Lelandais pour le meurtre d'Arthur Noyer. C'est la peine maximale encourue.
La procureure générale de Chambéry Thérèse Brunisso a soutenu devant la cour la «volonté de tuer» de Nordahl Lelandais, dans un réquisitoire salué à la sortie de l'audience par la mère d'Arthur, Cécile Noyer. Il «est à la hauteur de ce qu'on espérait», a-t-elle déclaré.
Le jury, qui pourrait délibérer dès mardi soir après les plaidoiries de la défense, devra choisir de retenir l'homicide volontaire – et donc l'intention de tuer – ou les violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner (coups mortel), passibles de 15 ans de réclusion.
Pour le ministère public, qui reprend les conclusions des experts, la «dangerosité» de l'accusé de 38 ans, également mis en cause dans l'affaire de la disparition de la petite Maëlys, ainsi que le pronostic «défavorable» de Nordahl Lelandais pour son avenir, doivent convaincre les jurés de le condamner à la peine maximale.
Le mobile en question
Au fil de son argumentaire, Mme Brunisso a tenté de démontrer les faiblesses de la version donnée par l'accusé depuis le début du procès.
Nordahl Lelandais assure avoir pris Arthur Noyer en stop vers 3h00 dans la nuit du 11 au 12 avril 2017 et, raconte-t-il, le caporal lui a demandé de le déposer à Saint-Baldoph, une banlieue de Chambéry, où la rixe mortelle aurait eu lieu.
«Arthur Noyer n'a aucun ami, aucune relation professionnelle dans cette commune de Saint-Baldoph. Il n'a donc aucune raison de demander à Nordahl Lelandais de le déposer à cet endroit», a tonné Thérèse Brunisso, rappelant que deux témoins avaient affirmé à l'audience que le chasseur alpin de 23 ans voulait rentrer à sa caserne, dans une commune voisine.
«J'ai cherché et recherché quel pouvait être le mobile du meurtre (...) le seul mobile qui peut être envisagé est celui d'avoir une relation sexuelle avec Arthur Noyer», a conclu l'avocate générale.
«Terré» dans ses mensonges»
La matinée avait débuté avec la plaidoirie de Bernard Boulloud, l'avocat de la famille Noyer. «Quatre ans et 29 jours après la mort d'Arthur Noyer, après encore sept jours d'audience, Nordahl Lelandais reste toujours campé droit dans ses bottes, dans sa vérité, dont seul lui-même dans la salle d'audience reste encore convaincu», a regretté le conseil des parties civiles.
«Il se terre dans ses mensonges (...) il ne dira jamais, au grand jamais, la vérité sur les circonstances de la mort d'Arthur Noyer, juste pour sauver sa peau, juste par lâcheté», a affirmé Me Boulloud, devant un large portrait de la victime posé aux côtés de ses parents face au box. L'avocat en est convaincu: «Oui Arthur, Nordahl t'a tué, volontairement. Volontairement.»
Une bagarre qui a mal tourné
La version de l'accusé demeure celle d'une bagarre qui a mal tourné sur un parking de la banlieue de Chambéry. L'ancien maître-chien a reconnu des coups mortels, mais en répétant qu'il n'avait «jamais voulu tuer» Arthur Noyer. «Jamais, jamais, jamais.»
Après la plaidoirie de la défense menée par Me Alain Jakubowicz, les jurés pourraient parvenir à un verdict dans la soirée de mardi. Nordahl Lelandais devrait également comparaitre en 2022 devant la cour d'assises de l'Isère dans le cadre de la disparition de Maëlys de Araujo en août 2017.