L'Unicef alerte Trois fois plus de migrants morts ou disparus en Méditerranée

ATS

29.9.2023 - 11:35

Le nombre de migrants ayant trouvé la mort ou qui ont disparu en tentant la traversée de la Méditerranée cet été est trois fois plus élevé que sur la même période l'an dernier, a alerté vendredi l'Unicef.

La Méditerranée n'est pas toujours d'huile, mais même ainsi, les risques de chavirage sont réels vu la surcharge des embarcations, souvent vétustes.
La Méditerranée n'est pas toujours d'huile, mais même ainsi, les risques de chavirage sont réels vu la surcharge des embarcations, souvent vétustes.
KEYSTONE/AP/JEREMIAS GONZALEZ

Entre juin et août, au moins 990 personnes ont fait naufrage en Méditerranée centrale, route maritime la plus dangereuse au monde reliant l'Afrique du Nord à l'Europe, comparé à 334 migrants qui avaient perdu la vie sur la même période en 2022, selon un communiqué de l'agence onusienne pour l'enfance.

Si la part totale des enfants n'est pas chiffrée (l'Unicef en a recensé une dizaine par semaine en juillet), ce sont 11'600 «mineurs non accompagnés» qui ont tenté de se rendre en Italie entre janvier et mi-septembre à bord d'embarcations de fortune, soit 60% de plus que sur la même période en 2022 (7200), a souligné l'agence à l'AFP.

«La Méditerranée est devenue un cimetière pour les enfants et leur avenir. Le bilan tragique des enfants morts en quête d'asile et de sécurité en Europe est le résultat de choix politiques et d'un système migratoire défaillant», a estimé Regina De Dominicis, qui coordonne le sujet à l'Unicef.

Au total, a résumé jeudi le Haut-commissariat aux réfugiés de l'Onu lors d'une réunion du Conseil de sécurité consacrée à la crise en Méditerranée, cela porte à plus de 2500 migrants morts ou portés disparus entre le 1er janvier et le 24 septembre, en augmentation de 50% sur un an.

Déterminer l'âge

Les images spectaculaires des arrivées, mi-septembre, sur la petite île italienne de Lampedusa ont remis sur le métier le dossier brûlant de la coopération européenne en matière de gestion des flux migratoires.

Avec 8500 personnes qui ont débarqué en trois jours sur l'île, soit plus que sa population totale, les arrivées ont suscité une crise locale à Lampedusa et une tempête politique en Italie, qui multiplie les mesures d'urgence et de fermeté depuis.

Dernier exemple en date: le gouvernement de Giorgia Meloni, à la tête d'une coalition de droite et d'extrême droite, a approuvé mercredi soir en conseil des ministres un projet de décret qui ouvre la possibilité de placer les mineurs non accompagnés de plus de 16 ans dans des structures pour adultes et de leur faire passer des examens médicaux pour déterminer leur âge.

Si le projet doit encore être approuvé par le Parlement, où le gouvernement ultra-conservateur dispose d'une majorité absolue, le texte autorise les «mesures anthropométriques» et des examens tels que des radiographies pour déterminer l'âge des jeunes migrants. Objectif: «Il ne sera plus possible de mentir sur votre véritable âge» pour échapper à une possible expulsion, a averti Giorgia Meloni sur sa page Facebook.

Une disposition «inquiétante», s'est alarmé auprès de l'AFP le porte-parole de l'Unicef en Italie, Andrea Iacomini.

Guerre, violence, pauvreté

Sur la scène européenne, la situation en Méditerranée a relancé les discussions à Bruxelles autour du pacte migratoire, enlisé dans les dissensions depuis sa présentation en 2020 par la Commission européenne.

Le projet de réforme européenne prévoit notamment un renforcement des frontières extérieures ou encore un mécanisme de solidarité entre les Vingt-Sept dans la prise en charge des demandeurs d'asile.

Les dirigeants des neuf pays méditerranéens de l'UE doivent encore se retrouver ce vendredi à Malte pour accorder leurs positions sur ce dossier.

«L'adoption d'une réponse à l'échelle européenne pour soutenir les enfants et les familles» est «absolument nécessaire pour éviter que davantage d'enfants ne souffrent», a repris Regina De Dominicis, de l'Unicef.

Selon l'agence de l'Onu, ce sont «la guerre, les conflits, la violence et la pauvreté» qui poussent les enfants «à fuir seuls leur pays d'origine».

Après les risques «d'exploitation et d'abus à chaque étape» de l'exil, de naufrage en mer, ceux qui atteignent les rives européennes sont d'abord «détenus» dans des centres avant d'être transférés vers des structures d'accueil «généralement closes», déplore l'Unicef. L'agence dénombre 21'700 enfants non accompagnés dans ces centres en Italie, contre 17'700 il y a un an.

A cet égard, le dernier tour de vis italien inquiète particulièrement: «On ne peut pas les mettre avec des adultes», avertit en Italie Andrea Iacomini.