Les procureurs démocrates au Sénat ont accusé vendredi Donald Trump d'être un «danger» pour la démocratie. Cela dans un réquisitoire adressé autant aux électeurs américains qu'aux élus chargés de juger si le président mérite d'être destitué.
La parole est désormais à la défense, qui s'exprimera samedi à partir de 10h00 (16h00 en Suisse) pendant trois heures, avant la reprise du procès lundi. Les avocats du milliardaire disposeront en tout de 24 heures, étalées sur trois journées, comme l'accusation.
M. Trump «a utilisé le pouvoir de la présidence d'une manière qui a compromis la sécurité nationale et sapé l'intégrité du processus démocratique des Etats-Unis», a affirmé le procureur en chef, Adam Schiff, en conclusion de l'argumentaire de l'accusation.
Le président a ainsi «démontré qu'il restera une menace pour la sécurité nationale et la Constitution s'il est autorisé à rester en place», a asséné l'élu démocrate, avant de se livrer à une apologie pleine d'émotion de la démocratie américaine. «De par le monde on nous admire, mais les gens ne reconnaissent pas ce qu'ils voient», a-t-il mis en garde.
Faits peu contestés
L'accusation a tenté depuis mercredi de démontrer que M. Trump, le troisième président de l'histoire des Etats-Unis à subir un procès en destitution au Sénat, a commis un «abus de pouvoir» et une «entrave au travail du Congrès».
Leur déroulé méthodique des faits, entrecoupé d'extraits vidéo, de références historiques et d'envolées lyriques a dressé un portrait peu flatteur de l'impétueux milliardaire républicain.
Les faits au coeur du procès sont peu contestés: Donald Trump a demandé à l'Ukraine d'enquêter sur le démocrate Joe Biden, adversaire potentiel à la présidentielle de novembre, en même temps qu'il gelait une aide militaire cruciale pour ce pays en conflit avec la Russie.
Pour l'opposition, le président a utilisé les moyens de l'Etat pour faire pression sur Kiev afin de «salir» son rival. «En d'autres termes, pour tricher à l'élection», selon Adam Schiff. Une fois «démasqué», après l'intervention d'un mystérieux lanceur d'alerte, «il a travaillé dur pour étouffer l'affaire» et bloquer l'enquête du Congrès, a ajouté Hakeem Jeffries.
Appel au «bon sens»
La Chambre des représentants, aux mains des démocrates, l'a donc mis en accusation le 18 décembre pour «abus de pouvoir» et «entrave au travail du Congrès». Pas un seul républicain n'a apporté sa voix à ce vote de mise en accusation.
Cette solidarité des élus républicains devrait permettre à Donald Trump d'être rapidement acquitté, son parti restant majoritaire au Sénat, avec 53 sièges sur 100. Elle devrait aussi écarter toute comparution de proches conseillers du président, comme le souhaiteraient les démocrates. L'opposition espère toutefois écorner son image, alors qu'il est en pleine campagne de réélection.
Avant de participer vendredi au rassemblement annuel des militants anti-avortements, afin de cimenter sa base électorale, Donald Trump s'est plaint d'avoir «eu à endurer des heures et des heures de mensonges, de fraudes et de tromperies».
Dans son droit
Ses avocats vont désormais tenter de briser le dossier d'accusation. L'avocat personnel de Donald Trump, Jay Sekulow, a promis qu'il allait «démentir et réfuter» les arguments avancés en présentant «un dossier convaincant».
«L'idée que vous commettez une entrave au Congrès en exerçant vos prérogatives constitutionnelles est tout à fait absurde», a-t-il ajouté, invoquant le principe de la séparation des pouvoirs.
Pour ses partisans, le président pouvait légitimement demander à l'Ukraine d'enquêter sur les affaires du fils de Joe Biden, Hunter, dans ce pays gangrené par la corruption alors que son père, lorsqu'il était le vice-président de Barack Obama, supervisait la politique américaine envers Kiev.
«Comment pouvons-nous ignorer les Biden en Ukraine? C'est un conflit d'intérêts évident qui compromet notre sécurité nationale», a déclaré l'influent sénateur républicain Lindsey Graham, évoquant un des arguments amenés à être développés par la défense. Pour ce proche du président, la décision d'écarter M. Trump du pouvoir revient aux électeurs.
Depuis le début du procès mardi, les procureurs démocrates ne semblent pas avoir réussi à convaincre les sénateurs républicains. Certains ont été vus vendredi haussant les épaules, ricanant ou piquant du nez après quatre longues journées d'audiences. L'un d'eux a même écrit un grand «SOS» sur une feuille visible depuis la tribune réservée à la presse.
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