Etats-UnisTuerie de Monterey Park: piste de la jalousie suivie
ATS
24.1.2023 - 00:39
Les enquêteurs, qui tentent de percer le mystère entourant le meurtre de onze personnes par un septuagénaire d'origine asiatique dans un dancing de Californie samedi, examinent les pistes de la jalousie ou d'une dispute. L'homme était un habitué du club de danse.
Keystone-SDA
24.01.2023, 00:39
24.01.2023, 02:56
ATS
Huu Can Tran, 72 ans, est entré samedi soir dans le Star Ballroom Dance Studio de Monterey Park, armé d'un pistolet semi-automatique avec lequel il a tué onze personnes, toutes plus que cinquantenaires. Après le carnage, qui a aussi fait neuf blessés, le tireur a tenté de poursuivre sa soirée meurtrière dans un autre dancing non loin de là, mais y a été désarmé avant de prendre la fuite et de se suicider dans son van, cerné par la police.
Le shérif du comté de Los Angeles a indiqué lundi que Huu Can Tran avait tiré 42 fois. Mais de nombreuses zones d'ombre demeuraient à propos de ce suspect, arrêté en 1994 pour port illégal d'arme à feu. «Nous n'avons toujours pas de mobile», a reconnu le shérif.
Pas invité à une fête
Les enquêteurs examinaient en priorité lundi le lien entre le tueur et les deux salles de danse, en particulier les relations qu'il y entretenait, avait indiqué plus tôt le Los Angeles Times, citant des sources policières.
Un habitant de Monterey Park, Chester Hong, a confié à l'AFP qu'une dispute domestique à propos d'une invitation à une fête pour le Nouvel An lunaire pourrait avoir été à l'origine de la tragédie. «L'épouse a été invitée à la fête, mais le mari ne pouvait pas être invité», a-t-il dit dimanche. «Et le mari pourrait être en colère et jaloux.»
Beaucoup d'habitants restaient incrédules lundi qu'un tel acte ait pu avoir lieu au sein de cette ville de 60'000 âmes près de Los Angeles, à majorité asiatique, réputée pour sa tranquillité.
Huu Can Tran avait émigré aux Etats-Unis depuis la Chine, a raconté à CNN son ex-épouse, rencontrée deux décennies plus tôt dans ce même Star Ballroom Dance Studio. Le couple s'était vite marié, mais l'union n'avait pas duré. Il n'était pas violent, selon elle, mais il lui arrivait de perdre patience s'il se sentait humilié, si elle ratait un pas de danse par exemple.
«Type sans histoire»
Selon un ancien ami, aussi interrogé par la chaîne américaine, le tueur fréquentait assidument le dancing, où il était pourtant «hostile envers beaucoup de gens», qu'il accusait de dire «des choses méchantes à son propos».
Son mobile home à Hemet, près de 140 km à l'est de Los Angeles, a été perquisitionné dimanche, selon la presse. Pour un voisin interrogé par une télévision locale, «c'était juste un type sans histoire».
Le président des Etats-Unis d'Amérique Joe Biden a exprimé son émoi et ordonné la mise en berne des drapeaux fédéraux. Le gouverneur de Californie Gavin Newsom, sur place lundi, a pointé du doigt la prolifération des armes à feu, fustigeant que rien ne soit fait pour y remédier.
«C'est une honte», a cinglé le démocrate. «On devrait faire mieux que cela. On devrait montrer la voie au monde, pas simplement répondre à ces innombrables crises et exprimer, encore et encore et encore, ces fichues prières et condoléances.»
Environ 49'000 personnes sont mortes par balle en 2021 aux Etats-Unis, contre 45'000 en 2020, déjà une année record. Cela représente plus de 130 décès par jour, dont plus de la moitié sont des suicides.
Chargeur à grande capacité
Le médecin légiste de Los Angeles a identifié quatre des victimes: My Nhan, âgée de 65 ans, Valentino Alvero, âgé de 68 ans, Xiujuan Yu, âgée de 57 ans et Lilan Li, âgée de 63 ans.
«Nous entrons dans la nouvelle année lunaire avec le coeur brisé. Nous n'imaginions pas qu'elle puisse mourir de façon si soudaine», a déclaré la famille de My Nhan sur les réseaux sociaux.
Mort dimanche à Torrance, à environ 45 km de Monterey Park, Huu Can Tran aurait pu faire davantage de victimes sans l'héroïsme d'un employé de l'établissement, non loin de là, où il comptait poursuivre son massacre. «Mon coeur s'est arrêté, je savais que j'allais mourir» lorsque le tueur a pointé une arme sur lui, a raconté Brandon Tsay, 26 ans, au New York Times.
«A ce moment, c'est l'instinct de survie» qui a pris le dessus et il s'est jeté sur l'individu, réussissant au terme du «combat de sa vie» à lui arracher son arme, dotée selon les autorités d'un chargeur à grande capacité.