Contestation judiciaire Un dessin original d'Asterix ne trouve pas preneur aux enchères

ATS

10.12.2023 - 21:40

Une couverture originale de l'album de bande dessinée «Asterix et Cléopâtre» de 1963 a été mise aux enchères dimanche à Bruxelles mais n'a pas trouvé preneur après une contestation judiciaire de la part de la fille du dessinateur Albert Uderzo.

Millon insiste sur le fait qu'elle vend l'oeuvre au nom du fils d'un homme qui l'a reçue il y a plus de 50 ans d'Uderzo (photo), le co-créateur de la série Astérix.
Millon insiste sur le fait qu'elle vend l'oeuvre au nom du fils d'un homme qui l'a reçue il y a plus de 50 ans d'Uderzo (photo), le co-créateur de la série Astérix.
KEYSTONE

La célèbre gouache, représentant la reine égyptienne allongée et les deux héros gaulois Asterix et Obelix, devait être vendue par la maison de ventes bruxelloise Millon.

Mesurant 32 centimètres sur 17, cette oeuvre était susceptible d'être vendue entre 400'000 et 500'000 euros, mais aucune offre n'a été faite à la mise à prix et elle n'a finalement pas été vendue.

La couverture originale de l'album de bande dessinée «Asterix et Cléopâtre» de 1963 a été mise aux enchères dimanche à Bruxelles mais n'a pas trouvé preneur après une contestation judiciaire de la part de la fille du dessinateur Albert Uderzo.
La couverture originale de l'album de bande dessinée «Asterix et Cléopâtre» de 1963 a été mise aux enchères dimanche à Bruxelles mais n'a pas trouvé preneur après une contestation judiciaire de la part de la fille du dessinateur Albert Uderzo.
Capture d'écran/Millon

Le directeur général de la maison Millon Arnaud de Partz a déclaré à l'AFP que les acheteurs avaient peut-être été découragés par la plainte de la fille du dessinateur français Albert Uderzo, mort en 2020.

Sylvie Uderzo a fait valoir que si son père avait donné le tableau, il l'aurait signé et dédicacé, et donc que ce tableau a dû être volé.

Millon insiste sur le fait qu'elle vend l'oeuvre au nom du fils d'un homme qui l'a reçue il y a plus de 50 ans d'Uderzo, le co-créateur de la série Astérix.

Sylvie Uderzo a déposé plainte auprès du parquet le 27 novembre. Mais le parquet de Bruxelles a finalement constaté «l'absence d'infraction» et décidé vendredi de classer la plainte, selon un mail d'un magistrat du parquet aux avocats dont l'AFP a eu connaissance.

L'avocate de Sylvie Uderzo Orly Rezlan avait prévenu que tout acheteur du dessin original pourrait être poursuivi pour recel, une idée rejetée par les commissaires-priseurs.

«De son vivant, Albert Uderzo a déclaré publiquement qu'il s'opposerait à la vente de tout dessin ne comportant pas sa dédicace», a soutenu l'avocate la semaine dernière.

Mais la maison Millon assure que de nombreuses autres pièces non dédicacées d'Uderzo ont déjà été mises auparavant aux enchères publiques.

Et la maison a produit une photo sur laquelle on voit un homme présenté comme l'acquéreur du dessin partager un repas à la table du couple Uderzo, dans le jardin d'un hôtel normand à la fin des années 1960.

Marché en croissance

«Nous avons montré cette photo à Sylvie Uderzo pour lui montrer que le père du vendeur connaissait bien son père», a expliqué Arnaud de Partz.

L'histoire d'"Astérix et Cléopâtre» est apparue sous forme de feuilleton dans le magazine Pilote en 1963 et a été reliée comme le sixième livre d'aventure de la série en 1965.

La pochette parodie l'affiche de l'épopée hollywoodienne «Cléopâtre» de 1963, alors la plus chère jamais réalisée, avec la Cléopâtre d'Uderzo dans la même pose que sa star de cinéma Elizabeth Taylor.

Astérix, le valeureux héros gaulois, remplace Jules César incarné par Rex Harrison et son corpulent acolyte Obélix remplace Marc Antoine joué par Richard Burton.

Ces dernières années, les oeuvres d'art issues des éditions originales de bandes dessinées françaises et belges comme Astérix ou Tintin ont attiré de riches collectionneurs et investisseurs.

En février, la couverture originale de «Tintin en Amérique» du Belge Hergé, datant de 1942, a été vendue à Paris pour 2,16 millions d'euros.

Mais les successions des défunts auteurs et illustrateurs de bandes dessinées gardent farouchement les droits sur ce que sont devenues des marques mondiales, et plusieurs ventes ont suscité des controverses.