Justice – GE Un homme jugé pour avoir abattu une femme en pleine rue

tb, ats

8.2.2021 - 19:08

Image d'illustration 
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KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi

Le procès d'un homme de 43 ans soupçonné d'avoir abattu une femme dans le quartier des Grottes en novembre 2017 a débuté lundi devant le Tribunal criminel de Genève. Une dette de 20 francs serait à l'origine de l'altercation qui a mené au drame.

Le prévenu, qui ne souvient plus de tous les détails de cette nuit du mardi 21 au mercredi 22 novembre 2017, a longuement été entendu par le Tribunal. Il a admis avoir tué la femme, mais sans préméditation.

Il a contesté une partie des faits établis par le Ministère public qui retient la circonstance aggravante de l'assassinat. Selon l'acte d'accusation, l'homme s'est rendu dans un bar du quartier vers 23h00. Il a croisé la victime à la sortie de cet établissement. La femme, qui fêtait ce soir-là ses 36 ans, fumait une cigarette dans la rue.

Les deux se connaissaient de vue, car ils s'étaient déjà croisés dans des soirées. Rapidement, une embrouille a éclaté au sujet d'une somme de 20 francs que le prévenu prétendait que la femme lui devait depuis longtemps. Selon sa version des faits, il lui aurait dit: «Tu garderas les 20 francs pour ton anniversaire», ce qui aurait énervé la femme.

Colère et frustration

Devant le Tribunal, le prévenu a alors évoqué une empoignade et des insultes. Il dit avoir eu peur et s'être senti menacé. Il a quitté les lieux. «Je n'étais pas dans un état très normal», a-t-il indiqué. Il a parlé de colère et de frustration. Selon des témoins, la femme serait quant à elle rapidement passée à autre chose.

Il est revenu peu après et a sorti un Glock chargé de sa poche. Interrogé sur le déroulement de cette deuxième altercation fatale, il a évoqué «une mêlée» et a parlé d'une pression sur son bras. Quatre coups seraient ensuite partis à la suite. Deux balles ont touché la victime.

Il est alors minuit quinze, la femme git grièvement blessée sur le sol alors que l'homme prend la fuite en courant. Elle décèdera quelques heures plus tard sur la table d'opération. L'homme a été arrêté à son domicile peu après avoir commis son acte.

Projets inachevés

Le prévenu, qui est né à Genève, a raconté son parcours de vie marqué par des occasions manquées et des projets inachevés. Il qualifie son enfance «d'heureuse», passée en partie en Australie auprès de son père artiste-peintre et de sa mère, femme au foyer.

Après une formation non-aboutie en architecture d'intérieur, il a passé des brevets de pilote. Le prévenu n'a jamais eu d'emploi fixe. Il recevait de l'argent de sa mère et de la succession de son père décédé en 1999. Sa mère subvenait financièrement en grande partie aux besoins de sa fille née en 2008.

Alcoolisme

Il a évoqué son addiction à l'alcool depuis ses vingt ans, son état psychique qui se dégrade et sa santé physique au plus mal. Il a expliqué devant le Tribunal être schizoïde, ce qui expliquerait selon lui certains traits de sa personnalité, dont la fuite des responsabilités, le perfectionnisme et la distance émotionnelle.

Le prévenu avait un «attrait esthétique pour les répliques d'armes à feu». Il possédait une dizaine d'armes de type «softair» mais également deux vraies armes, dont le Glock utilisé la nuit du meurtre. Le procès se poursuit mardi avec les auditions des parties plaignantes. Le prévenu, qui est en exécution anticipée de peine, risque plus de dix ans de prison.

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