Aux juges de trancher Genève: un meurtre ou un jeu sexuel qui a dérapé

tb, ats

2.3.2023 - 15:02

A Genève, le Ministère public a requis jeudi une peine de prison de 14 ans lors du procès en appel d'un homme de 72 ans accusé d'avoir étouffé sa femme. Il ne croit pas aux récentes révélations du septuagénaire qui évoque un jeu sexuel qui a mal tourné.

Le procès en appel d'un homme de 72 ans accusé d'avoir étouffé sa femme se tient au Palais de justice à Genève.
Le procès en appel d'un homme de 72 ans accusé d'avoir étouffé sa femme se tient au Palais de justice à Genève.
ATS

2.3.2023 - 15:02

«Dans cette nouvelle version, trop d'éléments ne collent pas», a déclaré devant la Chambre pénale d'appel et de révision la première procureure Anne-Laure Huber. Le septuagénaire avait été condamné à 13 ans de prison pour meurtre en première instance.

Cet homme d'affaires soleurois avait alors soutenu que sa femme alors âgée de 66 ans était décédée naturellement. C'était en février 2016. Mais quelques mois avant le procès en appel, il a finalement expliqué que son épouse était morte accidentellement lors d'un jeu sexuel d'asphyxie érotique.

Absurde

Pour la représentante du Ministère public, les blessures sur le corps de la victime ou encore l'absence de réaction de l'homme pour tenter de sauver sa femme ne sont pas cohérentes avec cette nouvelle version. Elle serait morte sans signe avant-coureur et serait passée du plaisir à la mort sans crier gare?, s'interroge la première procureure.

«C'est absurde», estime-t-elle. L'absence de mobile apparent ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu meurtre, ajoute la première procureure en tirant un parallèle avec l'affaire Ségalat. Les enquêteurs, qui ont fouillé les moindres détails de la vie du couple, n'ont en effet découvert aucun mobile qui pourrait expliquer un passage à l'acte.

«Un acte d'amour»

Guerric Canonica, l'un des avocats du mari, a d'emblée mis en doute les expertises de médecine légale qui ont joué un rôle important dans ce procès. «Les experts sont allés trop loin avec des certitudes sans nuances», a relevé l'avocat. Il a aussi souligné des erreurs dès les prémisses de l'enquête.

Selon l'avocat, la femme est morte lors d'un acte d'amour. Les époux habitués à ce type de pratique sexuelle avaient pris les mesures de prudence nécessaires. Mais dans l'excitation, l'homme ne s'est pas rendu compte que ce jour-là c'était différent et qu'il a laissé sa main trop longtemps sur le visage de sa femme, selon l'avocat. Le procès continue avec la suite des plaidoiries.

tb, ats