Pédophilie au Chili Un prêtre chilien réduit à l'état laïc

ATS

28.9.2018 - 17:40

Fernando Karadima, désormais âgé de 88 ans, a été condamné par la justice chilienne pour des actes de pédophilie en 1980 et 1990 (archives).
Fernando Karadima, désormais âgé de 88 ans, a été condamné par la justice chilienne pour des actes de pédophilie en 1980 et 1990 (archives).
Source: KEYSTONE/EPA EFE/SEBASTIAN SILVA

Le pape François a réduit vendredi à l'état laïc Fernando Karadima, un ancien prêtre charismatique chilien condamné pour pédophilie. L'affaire avait empoisonné le voyage du chef de l'Eglise catholique au Chili en janvier.

"Le Saint-Père a pris cette décision exceptionnelle en conscience et pour le bien de l'Eglise", a expliqué le Vatican dans un communiqué. Fernando Karadima, désormais âgé de 88 ans, a été condamné par la justice chilienne pour des actes de pédophilie en 1980 et 1990. Parallèlement, il avait aussi été condamné en 2011 par la justice religieuse à se retirer pour "une vie de prière et de pénitence" à l'issue d'une procédure canonique au Vatican.

C'est cette procédure que François a complétée en alourdissant la peine à son niveau maximal, par un décret signé jeudi et notifié vendredi à l'intéressé. Fernando Karadima est "dispensé de toutes ses obligations ecclésiales" et n'a plus le droit de dire la messe ou d'administrer les sacrements.

Déjà sept démissions acceptées

En avril 2011, l'Eglise du Chili avait demandé pardon pour toutes les agressions sexuelles d'enfants commises par des membres du clergé et pour son manque de réactivité. L'affaire était cependant revenue au premier plan en 2015 avec la décision de François de nommer Mgr Juan Barros évêque d'Osorno alors qu'il était soupçonné d'avoir couvert les agissements de Fernando Karadima.

Au cours de sa visite au Chili en début d'année, le pape argentin avait d'abord pris la défense de Mgr Barros. Il avait réclamé "des preuves" de son implication, avant de présenter ses excuses et d'engager l'Eglise du Chili dans une vaste opération de remise en question.

Fin avril, François avait longuement reçu au Vatican trois victimes de Fernando Karadima, avant de convoquer mi-mai tous les évêques du Chili pour trois jours de réflexion, à l'issue desquels ils avaient tous remis leur démission. Depuis, le pape a accepté sept de ces démissions, dont celles de Mgr Barros et de plusieurs évêques directement soupçonnés d'agressions sexuelles.

Victimes soulagées

"Le pédophile Karadima expulsé du sacerdoce", s'est réjoui sur Twitter Juan Carlos Cruz, l'une des victimes de l'ex-prêtre reçues par le pape. "Je n'aurais jamais pensé voir ce jour. Un homme qui a ruiné la vie de tant de gens. Je remercie le pape d'avoir finalement pris cette décision. J'espère que de nombreux survivants ressentiront un léger soulagement aujourd'hui".

Les enquêtes judiciaires pour agressions sexuelles présumées commises par des membres de l'Eglise sur des mineurs et des adultes depuis les années 1960 se multiplient au Chili depuis la visite du pape. Elles sont actuellement au nombre de 119.

Mais le Chili n'est pas, et de loin, le seul pays touché. Mardi, l'Eglise allemande a présenté ses excuses après les révélations sur des sévices sexuels dont plus de 3600 mineurs ont été les victimes pendant des décennies.

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