Maroc Un Suisse écope de 20 ans de prison au Maroc

ATS

18.7.2019 - 18:38

Le procès s'est tenu devant le tribunal antiterroriste de Salé, près de la capitale Rabat.
Le procès s'est tenu devant le tribunal antiterroriste de Salé, près de la capitale Rabat.
Source: KEYSTONE/AP/MOSA'AB ELSHAMY

Un Hispano-Suisse converti à l'islam a été condamné à 20 ans de prison pour «constitution de bande terroriste» dans le cadre de l'assassinat de deux touristes scandinaves décapitées au Maroc. Trois hommes ont par ailleurs été condamnés à mort.

Ce Genevois, qui a toujours clamé son innocence, était notamment accusé d'avoir appris aux principaux suspects à utiliser une messagerie cryptée et de les avoir «entraînés au tir». Sur les ondes de la RTS, son avocate Saskia Ditisheim indique qu'elle va «évidemment» faire appel de la sentence.

Cette dernière n'accepte pas le verdict, qualifié de «monstrueux et inacceptable», pour des charges «qui n'ont même pas été prouvées», dans un dossier «vide», sans aucune preuve matérielle. Elle estime que son client n'a pas eu le droit à un procès équitable, mené uniquement à charge. L'avocate déplore aussi que le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a été le grand absent du procès.

Peine de mort

Le tribunal antiterroriste marocain a condamné trois hommes à la peine de mort. Le premier, un marchand ambulant de 25 ans, avait avoué avoir organisé l'expédition meurtrière avec deux compagnons, un menuisier de 27 ans, et un troisième homme, âgé de 33 ans, qui avait filmé la scène.

Une étudiante danoise de 24 ans, et son amie, une Norvégienne de 28 ans, ont été tuées alors qu'elles campaient sur un site isolé dans le Haut-Atlas, une région montagneuse du sud du Maroc prisée des randonneurs.

Les trois hommes condamnés à mort sont restés impassibles à l'énoncé de la sentence. Même si des condamnations à la peine capitale sont toujours prononcées au Maroc, un moratoire sur les exécutions est appliqué de facto depuis 1993 et l'abolition de la peine de mort fait débat.

Groupe de 24 hommes

Dans ce procès très suivi ouvert début mai, un groupe de 24 hommes soupçonnés d'être liés à ces meurtres et/ou d'appartenir à une cellule djihadiste était jugés. Les 21 autres accusés ont écopé de peines allant de cinq ans de prison à la perpétuité.

Le tribunal a également condamné les trois hommes reconnus coupables d'assassinat, ainsi qu'un de leurs complices, à verser deux millions de dirhams (environ 210'000 francs) de dédommagements aux parents de la Norvégienne.

Mais il a refusé la demande de la famille de la Danoise, qui réclamait 10 millions de dirhams de la part de l'Etat marocain pour sa «responsabilité morale». «Le plus juste serait de donner à ces bêtes la peine de mort qu'ils méritent, je vous le demande», avait imploré sa mère dans une lettre lue par son avocat lors de la précédente audience.

«Nous allons faire appel devant le tribunal administratif pour demander des indemnités», a indiqué Me Khaled El Fataoui, l'avocat de la famille. «Le plus important pour nous ce n'est pas l'argent, c'est (...) la condamnation des coupables. La maman va être soulagée d'apprendre les condamnations», a-t-il ajouté.

Des pétitions réclamant la peine de mort pour les assassins des deux touristes avaient circulé sur Internet, le crime ayant suscité une grande émotion.

Milieux modestes

Issus de milieux modestes, avec un niveau d'instruction très bas, la plupart des accusés vivaient de travaux précaires dans des quartiers déshérités de Marrakech (centre).

«Il n'y a de Dieu que Dieu (...) Qu'il me pardonne», avait lancé le cerveau du groupe, dans ses derniers mots avant le délibéré. Il s'est présenté à l'audience vêtu de l'habit traditionnel des salafistes, portant barbe et un «kufi», bonnet blanc vissé sur la tête.

Le marchand ambulant radicalisé avait diffusé sur les réseaux sociaux des images de la décapitation et une déclaration d'allégeance à l'EI, organisation djihadiste qui n'a jamais revendiqué le double assassinat.

Ses compagnons dans l'expédition meurtrière – qui avaient avoué leur rôle – ont aussi demandé le «pardon de Dieu». La vingtaine d'autres prévenus avaient en revanche clamé leur innocence, condamnant le double assassinat et demandant un jugement équitable.

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