Panne sèche Un tiers des stations manquent d'essence en France

ATS

11.10.2022 - 17:02

Le gouvernement français, sous le feu des critiques, a annoncé mardi la réquisition des personnels pour le déblocage des dépôts de carburants du groupe Esso-Exxonmobil. Un tiers des stations-service sont affectées par des pénuries.

Keystone-SDA

Du nord au sud de la France, les mêmes scènes se reproduisent: des stations fermées, d'interminables files d'attente, des prix en hausse et le moral des automobilistes en berne.

La première ministre a réquisitionné du personnel afin de rendre accessible les dépôts d'essence.
La première ministre a réquisitionné du personnel afin de rendre accessible les dépôts d'essence.
ATS

Chez Esso-Exxonmobil un accord salarial a été conclu lundi par deux organisations syndicales, majoritaires à l'échelle du groupe mais pas de ses raffineries.

«J'ai demandé aux préfets d'engager, comme le permet la loi, la procédure de réquisition des personnels indispensables au fonctionnement des dépôts de cette entreprise», a déclaré la première ministre française Elisabeth Borne à la chambre basse.

«Le dialogue social, c'est avancer dès lors qu'une majorité s'est dégagée. Ce ne sont pas des accords a minima. Les annonces de la direction sont significatives», a-t-elle fait valoir.

«Débloquer la situation»

Esso compte trois dépôts en France, à Toulouse (sud-ouest), Fos-sur-Mer (sud) et Notre-Dame-de-Gravenchon (nord-ouest). Les deux derniers se trouvent à proximité des deux raffineries françaises de l'entreprise, qui sont en grève.

Commentant la situation dans l'autre groupe pétrolier touché par des mouvements de grève, TotalEnergies, la cheffe du gouvernement a exhorté direction et syndicats à engager des négociations salariales, menaçant sinon de faire de même pour «débloquer la situation».

«Chez Total, les syndicats réformistes ont appelé à l'ouverture de négociations. La direction a répondu favorablement. J'espère que les autres syndicats représentatifs vont saisir cette main tendue, car le dialogue social est toujours plus fécond que le conflit», a affirmé Mme Borne.

«A défaut, le gouvernement agira, là encore, pour débloquer la situation», a-t-elle ajouté.

Chez TotalEnergies, les salariés ont revoté lundi matin «à une large majorité pour la poursuite de la grève», a annoncé Eric Sellini, de la CGT.

Sont concernés notamment sa raffinerie de Normandie (nord-ouest de la France), son dépôt de carburants de Flandres (nord) et sa «bio-raffinerie» de la Mède (sud).

Supers profits

Les syndicats mettent en avant les super profits réalisés par les groupes pétroliers, qui profitent de la flambée des cours liée à la guerre en Ukraine. TotalEnergies a ainsi engrangé 10,6 milliards de dollars de bénéfices au premier semestre.

Depuis plusieurs semaines, le pays est touché par des grèves dans les raffineries et dépôts de carburants, à l'appel d'organisations syndicales demandant des hausses salariales.

Ce mouvement social a commencé à créer des difficultés majeures pour les automobilistes depuis la semaine passée.

«Quand il y a des propositions de négociations, il faut s'en saisir. Sinon ce n'est plus de la grève pour obtenir des résultats, c'est tout simplement un blocage du pays, et ce n'est pas acceptable», a déclaré le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, sur le média France Info.

«Le gouvernement appelle à ce que la totalité des blocages soient levés sans délai. Sans quoi, nous prendrons nos responsabilités, c'est-à-dire que nous pourrions être amenés à les lever», a aussi affirmé le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, au lendemain d'une réunion d'urgence.

«Défaut d'anticipation»

Cependant, de nombreux automobilistes et certaines professions en tête déplorent cette situation, comme les infirmiers libéraux, qui s'inquiètent de ne plus pouvoir visiter leurs patients et de mettre en danger leur santé.

«J'ai passé trois heures (hier midi) dans la file d'attente d'une station. J'ai dû faire ma tournée en speed et laisser mes patients en stand-by pour aller faire le plein rapidement», a expliqué à l'AFP Sandrine Monteiro, infirmière libérale de 35 ans.

Les oppositions ont accusé le gouvernement, la droite et l'extrême droite critiquant un «défaut d'anticipation» et une «fébrilité», quand la gauche a dénoncé des «menaces pour les salariés mais (des) caresses pour les patrons».

M. Véran a estimé que retrouver «un fonctionnement normal» dans les régions les plus touchées allait «prendre quelques jours», et assuré que «ce sera le cas dans les 15 jours».

Il a par ailleurs jugé anormal que «quelques profiteurs de grève» aient fait bondir «les prix de l'essence à la pompe» dans certaines stations.