Montagnes neuchâteloises Ce village ne veut plus d'enfants: ça coûte trop cher!

js, ats

17.7.2024 - 10:21

La Chaux-du-Milieu, localité bucolique des Montagnes neuchâteloises, déborde d'enfants et a une vie associative très dynamique. Une situation qui fait rêver et pourtant: la commune étouffe sous le poids de l'écolage scolaire et freine l'arrivée des familles.

La Chaux-du-Milieu recense 113 enfants sur un total de 500 habitants. La localité a la population la plus jeune du canton.
La Chaux-du-Milieu recense 113 enfants sur un total de 500 habitants. La localité a la population la plus jeune du canton.
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Keystone-SDA, js, ats

«Tout est génial à La Chaux-du-Milieu. J'ai plein de copains dans le village, on fait plein d'activités et un camp de ski chaque année», s'enthousiasme Hanaé, 10 ans, qui est venue s'y établir avec ses parents, sa soeur Ilena (8 ans) et son frère Evan (5 ans) en décembre 2021.

Les parents Damien et Laurie approuvent: «La vie est simple pour les enfants, le village est très dynamique avec de nombreuses sociétés sportives et culturelles et relativement bien desservi par le car postal». Le village possède aussi une coopérative alimentaire.

Le papa venait de la Vallée de La Brévine et avait envie de se rapprocher de ses amis et de sa famille. A l'issue d'un tournoi de pétanque au village, Laurie a déclaré qu'elle se verrait bien vivre ici. Peu après, la décision a été prise de quitter Renan (BE) et d'acheter une maison dans la nouvelle zone à bâtir. «Le prix du terrain et de la construction était aussi abordable», a précisé Damien.

La commune la plus jeune du canton

«C'est super sympa pour les enfants de vivre ici mais c'est paradoxal car ça plombe les finances», a ajouté le papa. En 2023, 98,46% des revenus fiscaux des personnes physiques ont dû être alloués aux cycles scolaires. La commune a clôturé ses comptes avec un déficit de plus de 130'000 francs.

La Chaux-du-Milieu recense 113 enfants sur un total de 500 habitants. La localité a la population la plus jeune du canton.

«L'écolage scolaire nous coûte entre 8000 et 13'000 francs par élève. Si l'on en avait dix à douze de moins, on ferait quasiment du bénéfice», a déclaré à Keystone-ATS Philippe Raval, président du Conseil communal.

A la rentrée, la commune aura 20 élèves au cycle 1, 34 élèves au cycle 2 à La Brévine et 25 au cycle 3 au Locle. «Le poids de l'écolage est tel que l'on peine à investir pour rénover nos bâtiments. On a aussi très peu de rentrées fiscales de personnes morales car on n'a pas de petite industrie ou d'artisanat».

«On doit se serrer les coudes jusqu'à l'horizon 2028/2029 où l'écolage devrait baisser», a expliqué Philippe Raval. La commune a élaboré une stratégie pour y arriver: freiner l'arrivée de familles. Dans les appartements en sa possession qu'elle loue, elle privilégie les couples sans enfant ou avec des enfants non encore scolarisés.

Autre facteur: la construction de villas est terminée jusqu'en 2030 en tous cas, à part une dernière déjà agendée. L'arrivée de familles devrait donc diminuer. Une fois la population installée, «il y a très peu de mouvements», a rappelé le président du Conseil communal.

Victime de son succès

La commune comptait seulement 424 habitants en 1992. Mais l'ouverture de deux zones à bâtir a attiré les familles en quête de villas individuelles. «On a dû déroger au plan de quartier car le rendement était insuffisant pour attirer des promoteurs intéressés à construire des immeubles à haute densité», a expliqué Philippe Raval.

Ce dernier reconnaît que la jeunesse du village amène aussi un dynamisme incroyable dans les sociétés locales. La Chaux-du-Milieu est notamment connue loin à la ronde pour Le Corbak Festival dont la 28e édition s'est tenue en mai.

Le président de la commune est conscient qu'il ne faudrait pas non plus que le nombre d'élèves baisse trop pour éviter que l'école ne doive fermer. «On est limite en nombre d'enfants pour le cycle 1» mais des élèves de La Brévine vont venir compléter l'effectif.

Philippe Raval estime qu'une des solutions est à rechercher avec une fusion avec d'autres communes, comme La Brévine ou le Cerneux-Péquignot. Pour le moment, le principe d'une fusion a été écarté par cette dernière localité. «Pourtant, un rapprochement permettrait d'être plus efficace, de s'entraider et d'amortir les changements. La Brévine risque de se trouver dans notre situation dans quelques années».