Passions déchaînées à LondresUne aristocrate et son compagnon accusés d'avoir tué leur bébé
AFP
7.2.2024
Leur cavale début 2023 avait fait la une des médias britanniques: une jeune aristocrate dont la famille est historiquement proche de la famille royale et son compagnon, qui vivaient en retrait de la société, sont jugés à Londres, accusés d'avoir tué par négligence leur bébé.
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07.02.2024, 07:39
07.02.2024, 12:32
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Constance Marten, 36 ans, et Mark Gordon 49 ans, ont été arrêtés le 27 février 2023 à Brighton sur la côte sud de l'Angleterre après des semaines d'une fuite éperdue, dormant dans des hôtels, puis dans une tente, et dépensant des centaines de livres sterling pour se déplacer en taxis à travers le pays.
Leur bébé, une petite fille nommée Victoria, a été retrouvée morte le 1er mars dans un sac de supermarché recouvert de détritus et laissé à l'intérieur d'un hangar désaffecté. Elle était née quelques semaines plus tôt, en dehors de toute structure médicale, et sa naissance n'avait pas été déclarée.
Début janvier 2023, quand la voiture du couple prend feu près de Manchester, dans le nord de l'Angleterre, et qu'ils sont aperçus s'enfuyant avec un bébé, la police lance un avis de recherche et la traque fait les gros titres. Un placenta, des téléphones et le passeport de Constance Marten seront retrouvés dans le véhicule.
Deux mois de cavale
Le procès du couple, débuté le 25 janvier à la cour criminelle d'Old Bailey à Londres, a permis d'en savoir plus sur leur deux mois de cavale. Il a aussi révélé qu'ils avaient déjà eu quatre autres enfants, tous placés, avant la naissance de Victoria.
Mais si l'affaire passionne les Britanniques cela tient surtout au profil des deux accusés. Constance Marten est l'héritière d'une riche famille aristocrate, historiquement proche de la famille royale. Son père, Napier Marten a été page de la reine Elizabeth II, avant d'abandonner sa fortune et de partir vivre en Australie.
Sa mère Virginie de Selliers, est psychothérapeute. Depuis le début du procès, elle est assidue au tribunal. Constance aurait rencontré en 2016 Mark Gordon, expulsé des Etats-Unis où, selon les médias britanniques, il avait passé 20 ans en prison pour viol.
Progressivement, le couple se serait isolé, vivant en marge de la société, grâce aux économies de la jeune fille. Ensemble dans le box des accusés, Constance Marten et Mark Gordon ne cessent de se parler et de s'échanger des petits mots.
Constance Marten, qui n'a pas assisté aux premières journées d'audience, n'était pas présente le jour où des images de vidéosurveillance ont été diffusées, montrant la petite Victoria bouger dans ses bras. A sa vue, Mark Gordon n'a pu s'empêcher de cacher son visage de ses mains.
Conduite «égoïste» et «cruelle»
Au tribunal, plusieurs témoins ont raconté leur surprise de voir cette femme visiblement issue d'un milieu aisé dans une telle situation. Comme cet employé d'un hôtel à Harwich (sud) où le couple a passé une nuit qui a noté son accent «chic» et son air «épuisé».
Un homme a aussi témoigné avoir rencontré le couple et leur bébé qui pleurait près du port d'Harwich et avoir eu l'impression qu'il y avait quelque chose de «pas normal».
Lorsqu'il leur a proposé de venir chez lui prendre un thé ou de les emmener à l'hôpital, Constance Marten «avait l'air d'avoir envie de venir», mais son compagnon Mark Gordon, a refusé, a-t-il affirmé au tribunal.
Les deux accusés sont jugés notamment pour meurtre par négligence, dissimulation de la naissance d'un enfant et cruauté sur enfant. Ils ont plaidé non coupable.
Constance Marten a affirmé aux policiers s'être endormie avec sa fille dans ses bras et l'avoir retrouvée morte à son réveil le 11 janvier. Elle a aussi déclaré qu'ils avaient fui parce qu'ils pensaient que la police leur prendrait le bébé. Si la cause de sa mort est difficile à déterminer précisément, l'état du bébé correspond à un décès par hypothermie, selon les éléments de l'enquête.
Pour l'accusation, le bébé, entraîné dans une cavale en plein hiver, «serait encore en vie sans la conduite imprudente, totalement égoïste, insensible, cruelle, arrogante et finalement totalement négligente des deux accusés». L'avocat de Mark Gordon a lui affirmé que le bébé «était bien traité» et qu'"il n'y a aucune preuve de violence". Le procès doit durer jusqu'au 8 mars.