Dans les vestiairesUne caméra filmait les employées du fast-food
La Rédaction de Blue News
3.5.2021
Une enquête du 24 Heures relate la mésaventure vécue par des collaboratrices d'un restaurant Holy Cow, une chaîne de restauration rapide spécialisée dans les produits suisses. Les employées auraient été filmées à leur insu dans les vestiaires de l'entreprise.
03.05.2021, 16:25
04.05.2021, 07:49
La Rédaction de Blue News
L'affaire, révélée ce lundi par nos collègues de 24 Heures, a débuté à la fin janvier 2020. Elle se serait déroulée dans un restaurant de la chaîne de fast-food Holy Cow, mais le lieu exact n'est pas mentionné.
Ce jour-là, alors qu'elle se change au vestiaire, une employée découvre une caméra dissimulée dans un conduit de ventilation. La collaboratrice, qui est d'origine étrangère, avertit aussitôt le manager de l'établissement. Ce dernier, après avoir emporté la caméra, lui aurait demandé de ne pas parler de cette affaire à quiconque.
Mais très vite, l'employée se confie à une autre, «l’une des rares Suissesses francophones parmi le personnel de l’établissement», alors âgée de 19 ans. Peu après sa découverte, la caméra disparaît mystérieusement. Le manager l'aurait laissée dans un tiroir de son bureau, accessible à n'importe qui. «Pire: le soir après la découverte, aux alentours de 23 heures, une société indépendante aurait été mandatée pour nettoyer la ventilation», ajoute le média.
Plainte déposée
Selon plusieurs témoignages, le manager et un superviseur auraient tenté de «faire pression» sur les employées, les enjoignant de ne rien dire au sujet de la fameuse caméra, ajoutant que la direction était informée du cas. Les langues s'étant déliées, le personnel féminin est convoqué, trois jours après la trouvaille dans les vestiaires, à une séance extraordinaire.
Avouant craindre pour son poste, le responsable du restaurant aurait alors reconnu ne pas avoir informé la direction. Mais devant l'insistance des collaboratrices, il se serait finalement engagé à le faire.
Ne se sentant pas entendues, cinq employées ont décidé de porter plainte auprès de la police. Toutes ont reçu un mail laconique des ressources humaines de leur entreprise, promettant de les tenir au courant de la suite des événements après le dépôt de la plainte. Mise à part la pose d'un rideau dans le vestiaire, le personnel n'a constaté aucune suite à cette affaire. Les responsables ne semblent pas avoir été inquiétés.
Parmi les témoins qui s'expriment dans l'article, une collaboratrice lâche encore: «Tous ceux qui ont refusé de se taire et d’oublier cette affaire ont eu des ennuis.» S'agissant notamment ici de réductions d'horaires, le groupe se défend en invoquant la pandémie.
Pas d'instruction ouverte
Le motif de la plainte déposée par les cinq collaboratrices est «violation du domaine secret au moyen d’un appareil de prise de vue». Un tel acte est passible d’une peine privative de liberté maximale de 3 ans, ou d’une peine pécuniaire.
Mais le Ministère public n'a pas ouvert d'instruction, rapporte le 24 Heures, «estimant que la caméra installée dans les vestiaires ne fonctionnait pas» -aucune carte-mémoire ne s'y trouvait, selon les témoins- et considérant ainsi «qu’aucune infraction n’avait été commise». Les plaignantes n'auraient pas reçu de décision écrite, ce qui les aurait empêché de faire recours.
Si la chaîne de fast-food n'a pas répondu directement aux questions de nos confrères, le groupe «Holy Cow Gourmet Burger» condamne un «acte isolé inadmissible» et se montre solidaire vis-à-vis de l'indignation des employées concernées.