Ruée sur les chauffagesTout est bon pour ne pas tomber sur un bec de gaz cet hiver
ck
29.7.2022 - 10:50
Les Suisses se ruent sur les installations de chauffage alternatives au gaz et au mazout. Les professionnels du bois incitent aussi à ne pas attendre les premiers frimas pour s'équiper, alors que les prix grimpent.
Keystone-SDA, ck
29.07.2022, 10:50
29.07.2022, 10:52
ATS
La demande pour du chauffage au bois, qui a augmenté pendant la pandémie, s'est encore accélérée depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. «Il y a eu 80% d'installations en plus sur les six premiers mois par rapport à la même période de 2021», a indiqué Andreas Keel, directeur d'Energie-bois Suisse, à AWP.
Face à cette augmentation, la filière recommande ne pas attendre. L'association professionnelle propellets.ch conseille ainsi aux propriétaires de chaudières de remplir dès que possible leurs silos pour l'hiver prochain. Car la filière souffre, comme d'autres, de difficultés logistiques et de manque de personnel. «Il manque des camions, des chauffeurs. Pour les pellets, il faut sécher le bois. On ne peut pas doubler les capacités d'un jour à l'autre.»
Le responsable estime que les ressources sont là. «Par exemple au Tessin, il y encore un grand potentiel en matière de forêts», mais «la desserte pose problème, l'absence de personnel aussi. Ces trente dernières années, le prix du bois était tellement bas, beaucoup d'entreprises forestières ont licencié et fermé des unités.»
Dans sa dernière analyse de la situation, l'Approvisionnement économique du pays (AEP) estime que la fourniture en bois-énergie est actuellement assurée en Suisse, «la fin de la période de chauffage aidant, et la demande peut être couverte».
Mais face à la demande de pellets, de bûches et de copeaux, Andreas Keel s'inquiète quand même pour l'hiver prochain. En particulier pour l'approvisionnement des grandes installations de chauffage à distance, alors que les nouveaux projets se multiplient. «La demande risque d'être beaucoup trop grande par rapport à l'offre».
Envolée des prix
Autre source d'inquiétude, les prix qui se sont envolés. En octobre dernier, M. Keel a déboursé 280 francs pour une tonne de pellets. «En janvier elle valait 360 francs et autour de 500 francs actuellement. Cela va continuer à augmenter», a-t-il prévenu.
De janvier à juin, l'indice des prix à la consommation (IPC) pour les pellets a gonflé de 13,1%, celui du bois de chauffage a augmenté de 7,4%, quand le renchérissement pour les bûches a frôlé les 4% selon l'OFS. A titre de comparaison, le mazout s'est envolé de moitié et le gaz de 5%.
D'autres types de chauffage alternatifs au gaz et au fioul sont demandés. La filiale suisse de l'entreprise allemande Viessmann, présente des deux côtés de la Sarine, a vu la demande en pompes à chaleur croître depuis l'an dernier. «La situation de l'approvisionnement est actuellement critique et va encore s'aggraver cet automne en raison de la demande élevée», a expliqué un porte-parole. Le groupe se dit en mesure de proposer des alternatives, comme des systèmes hybrides de pompes à chaleur et d'installations photovoltaïques.
En ligne aussi, les recherches se multiplient. Le géant suisse Digitec Galaxus, filiale de Migros, explique qu'en mars, la vente d'installations solaires a connu un pic. La demande de générateurs d'électricité a crû de moitié au premier semestre et même de près de 80% en juin. Ce comportement a été clairement induit par la guerre en Ukraine, souligne le porte-parole: en mars, les ventes se sont envolées de 118%.
L'entreprise ne fait pas de prévisions, estimant que le comportement des consommateurs «dépend fortement de l'évolution de la guerre en Ukraine».