«Une histoire incroyable»Une des dernières survivantes de l'orchestre d'Auschwitz s'est tue
ATS
10.7.2021 - 12:53
L'une des dernières survivantes de l'orchestre des femmes d'Auschwitz, l'Allemande Esther Bejarano, est morte dans la nuit de vendredi à samedi à l'âge de 96 ans, a annoncé le directeur du Centre éducatif Anne Frank, sur Twitter.
10.07.2021, 12:53
10.07.2021, 23:48
ATS
«Elle a dédié sa vie à la musique et à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme», a écrit Meron Mendel, rappelant qu'Esther Bejarano, déportée en 1943 dans le camp d'extermination nazi, avait eu la vie sauve parce qu'elle était musicienne et joua de l'accordéon à Auschwitz.
«Une voix importante dans la lutte contre le racisme et l'antisémitisme est décédée», a twitté le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, en soulignant que «sa vitalité et son histoire incroyable» forçaient l'admiration.
Née à Sarrelouis, la jeune femme avait d'abord été déportée à Auschwitz en avril 1943 avant d'être transférée en novembre de la même année au camp de Ravensbrück. Ses parents et sa soeur ont été assassinés par les nazis.
Après la Guerre, Esther Bejarano avait rejoint la Palestine et vécut pendant près de 15 ans en Israël, avant de revenir en Allemagne où, depuis des années, elle racontait son histoire et mettait en garde ces dernières années, contre la montée de l'extrême droite.
«Pour ceux qui ont vécu ça (la déportation, ndlr), on ne peut pas décrire à quel point c'est grave», insistait-elle citant notamment le mouvement xénophobe et anti-musulmans Pegida et le parti d'extrême droite AfD.
Figure écoutée
Figure écoutée, elle a écrit plusieurs romans autobiographiques, s'est consacrée au chant et à ses activités au sein du Comité international d'Auschwitz.Avec sa fille et son fils, Esther Bejarano fonda le groupe Coincidence au début des années 1980 avec des chansons du ghetto et des chansons juives et antifascistes. Elle s'est aussi produite avec un groupe de hip-hop, Microphone Mafia, avec qui elle a effectué une tournée dans toute l'Allemagne.
Née le 15 décembre 1924, Esther Bejarano fut recrutée en 1943 au sein de l'orchestre des femmes d'Auschwitz alors qu'elle ne savait pas jouer de l'accordéon mais seulement du piano. Avec les autres musiciennes, elle devait jouer pour les prisonniers et pour les déportés à la descente des convois. Elle raconta en 2014 à la Deutsche Welle: «Vous saviez qu'ils allaient être gazés, et tout ce que vous pouviez faire était de rester là et de jouer».
Les déportés sur la rampe de sélection «nous faisaient signe de la main. Ils pensaient sûrement que là où il y a de la musique, ça ne peut pas être si mauvais. C'était la tactique des nazis. Ils voulaient que tous ces gens aillent à la mort sans se battre», avait-elle aussi témoigné.
Avec la violoncelliste Anita Lasker-Wallfisch, 95 ans, elle était l'une des toutes dernières musiciennes connues de l'orchestre des femmes d'Auschwitz encore en vie. Cette dernière, qui vit en Grande-Bretagne, a elle aussi témoigné à de nombreuses reprises auprès des jeunes générations des souffrances endurées dans le camp nazi situé dans la Pologne d'aujourd'hui.