Etats-Unis Une policière jugée coupable d'homicide sur un conducteur noir

clsi

24.12.2021 - 10:10

Une policière américaine qui a tué un jeune conducteur afro-américain lors d'un contrôle routier en avril dans la banlieue de Minneapolis a été reconnue coupable jeudi d'homicide involontaire. Ce drame avait rouvert les plaies du meurtre de George Floyd commis dans la même région.

Keystone-SDA, clsi

Courteney Ross, (R) la petite amie de George Floyd, embrasse un enfant tout en réagissant à la condamnation de l'ancien policier Kimberly Potter pour la mort par balle de Daunte Wright, à Minneapolis, Minnesota, États-Unis, le 23 décembre 2021.
Courteney Ross, (R) la petite amie de George Floyd, embrasse un enfant tout en réagissant à la condamnation de l'ancien policier Kimberly Potter pour la mort par balle de Daunte Wright, à Minneapolis, Minnesota, États-Unis, le 23 décembre 2021.
KEYSTONE

Agée de 49 ans, la policière a toujours affirmé avoir sorti son arme de service en croyant utiliser son pistolet électrique Taser alors que la victime de 20 ans, résistait à son arrestation à Brooklyn Center, dans le nord des Etats-Unis.

Le jury l'a reconnue coupable d'homicide involontaire après trois jours de délibérations dans un tribunal de Minneapolis. L'ancienne policière, qui plaidait non coupable, n'a pas réagi jeudi lors de l'annonce du verdict. Elle encourt une peine maximale de 25 ans de prison au total et devrait être fixée sur son sort en février.

«Ses remords et ses regrets pour cet incident sont écrasants», a déclaré son avocat Paul Engh après le verdict, en demandant à la juge de la libérer sous caution. «Elle n'est, en aucune façon, un danger pour le public», a-t-il affirmé.

Le 11 avril 2021, la policière patrouillait avec un collègue qui avait décidé de contrôler le conducteur d'une Buick blanche ayant commis une infraction routière mineure. Après avoir réalisé qu'il était visé par un mandat d'arrêt, ils avaient décidé de l'interpeller.

Manipulation imprudente

La policière a décrit une situation «potentiellement dangereuse». Le jeune homme, qui n'était pas armé, ne s'était pas laissé passer les menottes et avait redémarré sa voiture pour fuir. La policière avait alors dégainé ce qu'elle a dit penser être son pistolet électrique.

«On luttait pour l'empêcher de fuir, et puis c'est devenu le chaos. Je me rappelle avoir crié 'Taser, Taser, Taser' et il ne se passe rien. Et il (son collègue, ndlr) m'a dit que je lui avais tiré dessus», avait-elle raconté à la barre vendredi, avant de fondre en larmes.

Son avocat, Paul Engh, plaidait l'erreur humaine et l'effet du stress car elle tentait selon lui de protéger son collègue. Mais pour la procureure, Erin Eldridge, la victime est morte à cause de la manipulation imprudente d'une arme et de la négligence d'une agente qui avait pourtant 26 ans d'expérience.

La famille «soulagée»

Dans un communiqué transmis aux médias américains, la famille de la victime s'est dite jeudi «soulagée» que «des comptes aient été rendus pour cette mort absurde».

Le jour de la mort de Daunte Wright «restera un traumatisme pour sa famille et un nouvel exemple pour l'Amérique de la raison pour laquelle nous avons désespérément besoin de changer les pratiques policières», ont écrit ses proches. Lors de la lecture du verdict, sa mère, Katie Wright, a ressenti «toutes les émotions que vous pouvez imaginer».

«Rendre des compte, ce n'est pas la justice», a toutefois nuancé à la sortie de l'audience le procureur général de l'Etat du Minnesota, Keith Ellison, un démocrate. «La justice, ce serait de rendre la vie à Daunte et de rendre la famille Wright à nouveau complète. La justice est hors d'atteinte», a-t-il regretté.

La mort du jeune homme avait ému les Etats-Unis car intervenue pendant le procès du policier blanc Derek Chauvin qui, en mai 2020 à Minneapolis, a asphyxié le quadragénaire noir George Floyd. Des rassemblements émaillés de violences avaient eu lieu plusieurs soirs de suite à Brooklyn Center avant que l'arrestation de la policière ne ramène le calme.