Exposition Vienne 1900 aux Beaux-Arts à Lausanne

ATS

13.2.2020 - 15:36

Pour sa première exposition temporaire, le nouveau Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne (MCBA) plonge dans la Vienne 1900. Il s'interroge sur la contribution d'artistes comme Klimt, Schiele ou Kokoschka à la naissance de l'art moderne. A voir jusqu'au 24 mai.

L'exposition «A fleur de peau» donne un éclairage inédit sur un tournant de l'histoire de l'art. Elle réunit une centaine de peintures et de dessins dans un accrochage dense. A l'étage, la grande salle du musée abrite environ 80 meubles et objets du quotidien des Wiener Werkstätte, association d'artistes et artisans.

Ce thème de la Vienne 1900 n'a encore «jamais été traité en Suisse romande», a expliqué jeudi devant la presse le directeur du MCBA Bernard Fibicher. Le musée était intéressé à «pénétrer ce territoire», d'autant plus que des «liens évidents» lient Oscar Kokoschka à l'arc lémanique où il a passé 27 ans de sa vie.

La peau sens dessus dessous

L'accrochage s'articule autour de la peau, au sens propre comme figuré. Il montre comment les Viennois apportent leur contribution à la modernité en dotant la peau d'une expressivité plastique inédite.

«A l'aube du 20e siècle, dans cette capitale d'un immense empire qui se fragilise, les sciences et les arts connaissent leur apogée et s'interrogent sur l'être humain», observe Camille Lévêque-Claudet, un des deux commissaires. L'exposition s'ouvre sur un rappel de ce contexte avec une robe et un buste de l'impératrice Elisabeth.

Sensibilité nouvelle

Une sensibilité nouvelle apparaît. «Les artistes veulent revenir à la vérité de l'homme moderne, à la vérité d'une architecture sans ornements. Ils travaillent à dégager une surface blanche, la peau humaine», ajoute Catherine Lepdor, co-commissaire d'exposition.

Placés côte à côte, trois dessins d'Egon Schiele montrent des corps traités comme des chairs à vif, dont les émotions remontent à la surface. Dans son portrait du Père Hirsch (1909), Oskar Kokoschka fait ressortir le tempérament réputé colérique de son modèle sur la peau de ses mains et de son visage.

Dédoublement

La Vienne 1900 s'interroge sur le spiritisme, la présence d'aura, les dédoublements et les apparitions. Dans l'autoportrait torse nu de Richard Gerstl, une onde lumineuse émane du corps et l'entoure comme une seconde peau, la reliant au cosmos. Visionnaire II, d'Egon Schiele, montre un personnage qui se dédouble: un être se montre les yeux clos, la peau à vif. Il est enlacé par une silhouette éthérée.

«Les Viennois travaillent beaucoup sur des figures collées les unes aux autres. Des propositions en bloc qui rendent l'espace extérieur dense, tendu, fermé», relève Catherine Lepdor. Exemple avec Poissons rouges de Gustav Klimt, repris sur l'affiche de l'exposition.

Aussi meubles et objets

A l'étage du musée, le visiteur pénètre dans un autre monde qui rassemble des meubles et des objets des arts appliqués. Les avant-gardes viennoises voulaient reconsidérer l'ensemble du cadre de vie de leurs contemporains. «Leur idéal était de mettre l'art partout à portée de tout le monde. Ils voulaient faire de leur environnement une peau supplémentaire», expose M. Lévêque-Claudet.

Tout comme les émotions se révèlent à fleur de peau dans leurs peintures et leurs dessins, les meubles laissent voir, au lieu de les masquer, les éléments de support. Ils en constituent parfois même l'ornement.

Avec cette exposition d'envergure internationale, le musée espère attirer un large public, notamment en provenance de la Suisse alémanique. Le MCBA a inauguré en octobre dernier son nouveau bâtiment du site Plateforme 10, près de la gare de Lausanne. Ce quartier des arts accueillera en 2021 le mudac (design) et l'Elysée (photographie).

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