15 personnes mises en examen Violences sexuelles dans une secte de yoga: gourou écroué en France

ATS

2.12.2023 - 01:15

Le gourou d'un mouvement international de yoga a été mis en examen vendredi soir à Paris, en France, et écroué, dans une vaste affaire de violences sexuelles. D'autres membres de la secte ont également été inculpés.

Gregorian Bivolaru, poursuivi dans son pays à plusieurs reprises, a fui et obtenu l'asile politique en Suède début 2006 ainsi qu'un nouveau nom. Condamné par défaut en Roumanie en 2013, il avait disparu à plusieurs reprises avant d'être retrouvé mardi en France (archives).
Gregorian Bivolaru, poursuivi dans son pays à plusieurs reprises, a fui et obtenu l'asile politique en Suède début 2006 ainsi qu'un nouveau nom. Condamné par défaut en Roumanie en 2013, il avait disparu à plusieurs reprises avant d'être retrouvé mardi en France (archives).
ATS

Outre le gourou de 71 ans, Gregorian Bivolaru, de nationalités roumaine et suédoise, quatorze personnes ont été ou doivent être présentées à un juge d'instruction en vue de leur mise en examen dans ce dossier tentaculaire, qui a nécessité l'intervention de 175 policiers pour réaliser une quarantaine d'interpellations mardi.

Gregorian Bivolaru, très connu en Roumanie et qui a fondé en 1970 la première école de yoga dans le pays alors communiste, est la figure fondatrice du mouvement pour l'intégration spirituelle vers l'absolu (MISA). Ce groupe ancien, rebaptisé Atman lors de son expansion hors de Roumanie, se présente comme axé sur la pratique du yoga tantrique.

Il a été interpellé mardi à son domicile, alors qu'il s'y trouvait avec deux jeunes femmes roumaines et un autre homme. Lors de sa garde à vue, il a nié son rôle de chef, mais a bien affirmé être «doté de dons extraordinaires» et la «victime d'un complot politique», a relaté une source policière à l'AFP.

«Conditionnement»

Il s'est présenté comme «un maître spirituel». Après une étape dite de la «consécration», des femmes «l'aimaient» à son domicile, selon la source policière qui rapportait ses propos.

Il s'agit d'un «conditionnement des victimes à accepter des relations sexuelles via des techniques de manipulation mentale visant à supprimer toute notion de consentement», a analysé une source judiciaire. Le mouvement aurait aussi incité des femmes à «s'adonner à des pratiques pornographiques tarifées en France et à l'étranger», selon une source proche de l'enquête.

Parmi les personnes mises en cause figurent aussi des femmes. L'une d'elles, «qui se comportait comme une cheffe» selon la source policière, a été interpellée au sein d'un «pavillon de femmes» à Villiers-sur-Marne, au sud de Paris. Lors de sa garde à vue, elle désignait six autres «coordinatrices» d'«ashrams» en région parisienne.

Six des vingt femmes installées dans ce pavillon ont raconté aux enquêteurs être arrivées entre septembre et novembre en France pour «un stage de yoga» ou «un cours sur le féminisme». Deux ont précisé avoir été photographiées nues à leur arrivée. Elles n'ont pas porté plainte pour l'instant. A ce stade, les enquêteurs ont identifié 56 femmes potentiellement victimes.

Une femme se présentant comme victime a raconté à l'AFP, sous couvert d'anonymat, avoir subi «à plusieurs reprises» un trafic sexuel «du Royaume-Uni à Paris». «Beaucoup de gens considèrent cette organisation comme une école de yoga [...] sans savoir qu'il s'agit d'une secte dangereuse», a-t-elle souligné, estimant le nombre de victimes à «des milliers de femmes».

Son fondateur, poursuivi dans son pays à plusieurs reprises et condamné à six ans d'emprisonnement, a fui et obtenu l'asile politique en Suède au début 2006 ainsi qu'un nouveau nom: Magnus Aurolsson.