Couronne en laiton, manteau de sacre, costumes d'apparat... La «principauté d'Hélianthis», royaume imaginaire créé par des passionnés pour faire rayonner la ville de Blaye, dans le sud-ouest de la France, convie samedi d'autres micronations au couronnement «pas trop sérieux» de son prince.
Couronnement du Prince Vincent 1er (Vincent Merchadou) de la "principauté d'Hélianthis",royaume imaginaire créé par des passionnés pour faire rayonner la ville de Blaye, dans le sud-ouest de la France, le 5 août 2023
Couronnement du Prince Vincent 1er (Vincent Merchadou) de la "principauté d'Hélianthis", royaume imaginaire créé par des passionnés pour faire rayonner la ville de Blaye, dans le sud-ouest de la France, le 5 août 2023
«Vous avez une couronne?» En France, faux prince et vraie vitrine - Gallery
Couronnement du Prince Vincent 1er (Vincent Merchadou) de la "principauté d'Hélianthis",royaume imaginaire créé par des passionnés pour faire rayonner la ville de Blaye, dans le sud-ouest de la France, le 5 août 2023
Couronnement du Prince Vincent 1er (Vincent Merchadou) de la "principauté d'Hélianthis", royaume imaginaire créé par des passionnés pour faire rayonner la ville de Blaye, dans le sud-ouest de la France, le 5 août 2023
De la Principauté d'Aigues-Mortes à la République du Saugeais, en passant par le Grand-Duché de Kuragon (France) ou la Principauté de Shedingeh (Italie), une vingtaine de délégations sont attendues à la citadelle Vauban de Blaye pour le couronnement de Vincent Ier.
L'occasion pour la centaine de sujets de cette principauté «culturelle et humoristique» de célébrer sa dixième année d'existence... Mais surtout de mettre en valeur le patrimoine de la commune, à 40 km au nord de Bordeaux, à l'image d'autres pseudo-États qui essaiment à travers le monde et tentent de promouvoir des causes ou des territoires.
«On trouvait tellement drôle l'idée de faire un petit pays à titre folklorique et humoristique pour faire parler de Blaye, qu'on s'est dit: on va essayer», explique à l'AFP Vincent Ier, de son vrai nom Vincent Merchadou, 28 ans, bombardé prince par son groupe d'amis du lycée.
Cela aurait pu être la «Principauté de Blaye», en hommage à la figure historique locale, le troubadour Jaufré Rudel, surnommé «le Prince de Blaye». Mais pour ne pas associer les habitants malgré eux, ils ont retenu le nom imaginaire d'«Hélianthis».
Topinambour
«Et on s'est rendu compte, plusieurs années après, que c'était le nom d'un topinambour!», s'amuse Vincent Merchadou, juriste dans une collectivité locale.
En dix ans, la principauté a pris de l'ampleur, une association a été créée pour financer ses activités et Hélianthis a même organisé, en 2022, le congrès de l'Organisation de la micro-francophonie (OMF), qui réunit plus de 20 micronations.
L'étape d'après, c'était le couronnement, explique Vincent Merchadou: «À chaque fois qu'on se présente à un partenaire, la boutade à la fin c'est: +et vous avez une couronne?+ À force de l'entendre, on s'est dit qu'on allait faire quelque chose. Le roi Charles nous a un peu devancés mais il a plus de budget!»
L'événement, une cérémonie-concert accessible à tous samedi, sera «décalé» et «pas trop sérieux», promet le prince, qui assure que sa micronation n'est ni politique, ni religieuse.
Hélianthis a reçu le soutien de la mairie qui a mis à sa disposition une salle de la citadelle Vauban, inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco.
«Il est important pour nous, petite sous-préfecture, d'aider et d'accompagner toutes les initiatives d'associations et de leurs bénévoles», assure Yoann Brossard, adjoint chargé de la culture et du tourisme.
«Effet de curiosité»
Ce projet «atypique» permet de situer sur la carte le Blayais et son vignoble, veut croire Emmanuelle Miller, grand maître de la Connétablie des vins de Blaye, confrérie qui défend l'appellation Blaye-Côtes de Bordeaux.
«Les micronations s'invitent entre elles, ça fait parler de nous. Ça peut déclencher un voyage dans le Sud-Ouest de la France», estime cette vigneronne qui présidera la cérémonie avec ses pairs.
Parmi les invités figure Michel Vichat, «responsable général» de la République anacratique du Padrhom, acronyme pour «Pays des droits de l'homme», basée à Pessac, dans l'agglomération bordelaise.
«Avec Vincent, on s'est rencontré par le biais des micronations et comme on s'apprécie, j'y serai pour rendre hommage à son travail», explique ce professeur de SVT en collège.
Par le passé, d'autres micronations à vocation touristique ont éclos à travers le monde, comme Seborga en Italie ou Laàs dans les Pyrénées-Atlantiques (sud-ouest de la France).
«Dans des coins où il n'y a pas grand-chose, des zones rurales, tout à coup apparaît une entité un peu originale, avec des symboles, une douane, une boutique, des événements, des festivités, des cérémonies... Ça peut créer un effet de curiosité, un engouement», analyse pour l'AFP l'historien Bruno Fuligni.
Mais tout n'est pas rose dans le monde des micronations, où des désaccords politiques peuvent exister, relève l'auteur du livre «Royaumes d'aventure: ils ont fondé leur propre État» (éditions Les Arènes, 2016).
Michel Vichat se souvient ainsi d'un «gros clash» avec des homologues russes, «bien avant la guerre d'Ukraine»: «Il y a eu rupture de relations diplomatiques entre micronations francophones et micronations russes, pour cause de non-acceptation des droits LGBT.»