JusticeVS: Condamné à 12 ans de prison pour meurtre
ATS
9.10.2020 - 19:25
Un jeune homme de 21 ans a été condamné vendredi à 12 ans ans de prison pour meurtre par le tribunal de Martigny. Il avait tué un homme de 22 ans avec un couteau en mars 2018 à la gare de Martigny (VS). La défense fera appel.
La cour a condamné le jeune homme à 12 ans de peine privative, auxquels s'ajoutent 10 mois pour lésions corporelles simples pour une affaire antérieure. Le tribunal s'est montré plus sévère que le procureur qui avait requis 10 ans de prison plus tôt dans la journée.
Une fois sa peine purgée, le jeune homme sera expulsé de Suisse pour une durée de 10 ans. Ressortissant portugais, il était au bénéfice d'un permis B au moment des faits.
«Votre faute est lourde»
La cour a estimé que ce tragique 16 mars 2018, le condamné s'est immiscé dans une dispute qui ne le concernait pas. Alors que rien ne l'empêchait de partir, il a «provoqué» la victime et lui a porté un coup couteau, «ne lui laissant aucune chance de s'en sortir».
«Vous avez agi très rapidement, avec sang-froid. Vous avez envisagé et accepté de causer la mort. Votre faute est très lourde. Il vous tenait tête et vous l'avez tué pour ça», a dit le président de la cour Florent Boissard en s'adressant au condamné.
La défense fera appel au Tribunal cantonal. «La cour n'a pas tenu compte des nombreux témoignages à décharge. Mon sentiment est qu'il s'agit d'un verdict dicté par l'émotion», a indiqué Me Basile Couchepin à Keystone-ATS.
«Mutisme assourdissant»
Vendredi matin, le procureur a retracé les événements qui ont mené au drame. Vers 19h00, la victime se trouvait avec un groupe de personnes et une dispute a éclaté au sujet d'un morceau de haschisch. L'accusé, «qui connaissait la victime depuis longtemps», est intervenu.
Après une dispute, il a donné un coup de couteau à la base du cou de son interlocuteur avant de prendre la fuite. La victime, arrivée d'Afrique en Suisse en 2006, est décédée d'un choc hémorragique. L'accusé a pris la fuite, «créant la panique dans la ville de Martigny».
«La responsabilité de l'accusé et pleine et entière. Il était capable d'apprécier ses actes au moment des faits. Il a agi avec un sang froid criminel hors du commun pour un mobile futile et déplorable», a asséné le procureur Marie-Line Voirol Revaz.
Son acte est «intentionnel». Il ne voulait pas se «laisser marcher dessus» par la victime qui «lui tenait tête. On tue pour un regard de travers, une déception, une frustration. C'est inacceptable!«, a-t-elle lancé.
«Le mutisme du prévenu sur le coeur de l'affaire est assourdissant. On ne sait toujours pas pourquoi il s'en est pris (ndlr. à la victime)«, a-t-elle poursuivi. Il l'a provoquée en lui lançant «tu fais que parler, tu n'oses pas te battre».
Un scénario très différent
La défense a une tout autre lecture du dossier, et notamment des déclarations de certains témoins. Me Basile Couchepin a rappelé que son client n'avait pas été arrêté mais qu'il s'était rendu à la police le lendemain du drame.
Le défenseur s'est attelé à démontrer dans quelle position se trouvait son client au moment des faits: acculé dans un espace restreint, contre une barrière donnant dans le vide face à la victime «en position de combat» et ses amis derrière lui.
Des témoins «qui ne connaissaient ni l'accusé ni la victime», ont décrit un scénario très différent de celui présenté par le ministère public: un accusé «calme, souhaitant qu'on le laisse tranquille, tentant d'éviter la bagarre» et une victime «agressive, agitée, à deux doigts de péter un câble» et prête à en découdre, au moment des faits. «Mon client a eu peur pour sa vie et un sentiment d'urgence l'a fait passer à l'acte».
Selon la défense, les antécédents des deux jeunes hommes n'étaient pas bons. La victime avait consommé de l'alcool et des stupéfiants avant l'altercation. «Je comprends que ce que je dis heurte et blesse, mais mon client a le droit fondamental de se défendre sans que cela passe pour un manque d'introspection, de remords et de regrets».