YémenYémen: HRW accuse les rebelles d'un incendie ayant tué des dizaines de migrants
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16.3.2021 - 15:49
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16.03.2021, 15:49
16.03.2021, 16:05
ATS
L'ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé mardi les rebelles houthis du Yémen d'avoir lancé des «projectiles non identifiés» sur un centre de migrants à Sanaa. Ils auraient ainsi provoqué un incendie ayant fait des dizaines de morts.
Une vidéo obtenue auprès d'un témoin et vérifiée par l'AFP montre des dizaines de corps calcinés gisant les uns sur les autres dans un local sombre et délabré, au milieu de cris et de pleurs de survivants. L'incendie a eu lieu le 7 mars dans un centre de rétention de la capitale yéménite, aux mains des rebelles Houthis comme la majeure partie du nord du Yémen.
La vidéo diffusée par l'ONG montre aussi le bâtiment en feu, une épaisse fumée noire s'en dégageant et des migrants sous le choc après avoir pu s'en échapper. Quelques gardes et un tracteur arrivent sur les lieux alors que le son d'une sirène peut être entendu.
Selon HRW, les gardes du centre avaient enfermé dans un hangar des migrants, essentiellement éthiopiens, qui protestaient contre leurs conditions de détention. Ils ont ensuite lancé deux projectiles dont l'un «a explosé bruyamment et a déclenché un incendie».
«J'étais terrifié (...) Les gens toussaient, le matelas et les couvertures ont pris feu. Les gens ont été 'rôtis' vivants. J'ai dû marcher sur des cadavres pour m'échapper», a raconté un migrant de 20 ans cité dans le communiqué de HRW.
Migrants rapatriés
A Addis Abeba, le ministère des Affaires étrangères a assuré qu'une enquête était en cours pour déterminer le nombre de ressortissants éthiopiens parmi les victimes. «Nous avons reçu des informations selon lesquelles 43 personnes, dont de nombreux Ethiopiens, ont péri dans l'incendie», a déclaré le porte-parole du ministère, Dina Mufti, lors d'une conférence de presse.
Selon l'ONG, des centaines de survivants ont été soignés pour leurs brûlures dans des hôpitaux de la capitale qui étaient étroitement gardés par les Houthis, compliquant l'accès des humanitaires aux blessés. Les témoins interrogés par HRW ont dit avoir vu les forces de sécurité des Houthis arrêter des migrants ayant pu s'échapper du centre et qui «n'étaient pas gravement blessés».
L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) avait demandé la semaine dernière un «accès humanitaire urgent» aux migrants. Elle avait fait état de divers bilans d'associations estimant entre 40 et 60 le nombre de morts.
«Il y a 170 personnes qui ont été blessées. Certains membres de ce groupe ont pu se rendre à Aden (sud), où ils se trouvent actuellement dans notre clinique», a déclaré depuis Genève une porte-parole de l'OIM, Angela Wells.
Quelque 140 migrants éthiopiens ont pu être rapatriés via un vol humanitaire à partir d'Aden, la capitale temporaire contrôlée par le gouvernement yéménite.
Black Lives Matter
Les Houthis sont régulièrement accusés par les humanitaires d'entraver l'acheminement de l'aide dont 80% de la population dépend dans ce pays très pauvre de la péninsule arabique.
Les rebelles ont estimé pour leur part qu'il s'agissait d'un incident «normal» qui aurait «pu se produire ailleurs», rejetant la responsabilité sur les organisations humanitaires qui n'apporteraient pas suffisamment d'aide, selon eux.
«L'incident (....) ne devrait pas être politisé ou instrumentalisé», a déclaré à HRW Mohammed Abdelsalam, un porte-parole des Houthis, selon le communiqué, alors que de nombreux internautes dénoncent un «massacre» sur Twitter avec le hashtag «Black Lives Matter».
Mohammed Abdelsalam a demandé l'ouverture de l'aéroport de Sanaa, sous blocus saoudien, pour que les migrants bloqués dans les territoires contrôlés par les rebelles «puissent rentrer chez eux».
Depuis plus de six ans, le Yémen est ravagé par une guerre opposant les Houthis, soutenus par l'Iran, aux forces gouvernementales, appuyées par une coalition militaire menée par l'Arabie saoudite.
Le conflit a fait des dizaines de milliers de morts et des millions de déplacés selon des ONG. L'ONU a averti que le pays se rapprochait plus que jamais d'une famine à grande échelle faute de financement suffisant pour l'aide humanitaire.
Malgré ce que tous les observateurs qualifient de désastre, des migrants de la Corne de l'Afrique continuent de transiter par le Yémen dans l'espoir de rejoindre les riches pays du Golfe voisins.
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