Diffamation et injures Yann Moix accuse ses parents de sévices et violences

AFP

7.3.2024

L'écrivain Yann Moix et ses parents se sont affrontés jeudi devant le tribunal correctionnel de Paris, lui étant prévenu pour diffamation et injures après qu'il les a accusés de violences et de sévices.

Yann Moix reproche à ses parents une multitude de sévices, notamment des coups et des punitions humiliantes, les qualifiant de «Thénardier» et de «barbares» (archives).
Yann Moix reproche à ses parents une multitude de sévices, notamment des coups et des punitions humiliantes, les qualifiant de «Thénardier» et de «barbares» (archives).
IMAGO/ABACAPRESS

AFP

Les parents, José et Marie-Josée Moix, ont lancé la procédure après des propos tenus dans une émission de Canal+, En aparté, en octobre 2022.

«Ce sont des salauds, ce sont des gens qui auraient dénoncé des juifs pendant la guerre», avait alors déclaré le romancier.

Il leur reprochait une multitude de sévices, notamment des coups et des punitions humiliantes, qualifiant ses parents de «Thénardier» et de «barbares», et précisant qu'il souhaitait «la mort de toute sa famille», à l'exception de sa grand-mère. Il les qualifiait de «racistes» et «homophobes».

«J'ai été molesté, frappé, martyrisé»

À la barre, Yann Moix, 55 ans, a pleinement assumé ses propos. «Je prends la parole pour défendre l'enfant que j'étais», a-t-il affirmé.

«J'ai été molesté, frappé, martyrisé, mais pour quoi faire?», s'est-il interrogé, décrivant sa mère comme celle qui «mettait de l'huile sur le feu avec des rapports catastrophistes» sur la conduite de son fils aîné, et son père comme celui qui le frappait, avec notamment une rallonge électrique.

«C’étaient des sévices capricieux, aléatoires. (...) Il n'y a pas eu une semaine sans qu'il y ait eu de coup», a lancé Yann Moix au tribunal. Il en a estimé la durée à neuf ans, entre ses 6 et ses 15 ans.

Interrogé par l'avocat de ses parents sur des déclarations en 2006 dans lesquelles il affirmait: «Je ne suis pas un enfant martyr», il a répondu qu'elles dataient d'avant une psychanalyse qui lui a permis de prendre conscience de la gravité de la maltraitance.

«Comme dit Christine Angot, on ne choisit pas ses récits, on ne choisit pas le récit de ses livres. Je ne vois pas pourquoi j'aurais fait carrière d'enfant battu», a-t-il expliqué.

«Qu'il nous montre les stries dans son dos»

Ses parents, assis au premier rang dans le public, n'ont pas bronché pendant un long interrogatoire du prévenu.

Une fois qu'est venu leur tour de s'exprimer, Yann Moix a quitté la salle d'audience.

José et Marie-Josée Moix ont seulement reconnu «des gifles peut-être», quant à lui, «des claques certainement», quant à elle. Mais tous deux ont nié les violences systématiques.

«Ce sont des mensonges, c'est une honte de dire des choses comme cela. (...) Je voudrais bien qu'il se mette torse nu, qu'il nous montre les stries dans son dos», a clamé le père, très ému.

Les deux parents ont souligné qu'ils gardaient «la porte ouverte» pour leur fils, lequel a cessé de vouloir les voir du jour au lendemain en 2010 ou 2011, dans leurs souvenirs.

Un roman sur son enfance

Yann Moix a publié en 2019 un roman sur son enfance où il racontait ces sévices, «Orléans». Il a plaidé jeudi la «vérité» de ce livre, tout en reconnaissant qu'il n'était pas toujours «exact» sur les faits, en changeant certains lieux, certaines dates, ou en concentrant les effets dramatiques.

La famille de l'auteur avait répliqué en niant les allégations de Yann Moix. Son frère cadet Alexandre, en conflit de longue date avec lui, avait même affirmé avoir subi les maltraitances décrites de la part de Yann Moix.

La procureure n'a pas requis de peine, mais expliqué en quoi le délit d'injure lui paraissait plus condamnable dans ce dossier que celui de diffamation. Ses observations sur des points de droit ont ensuite été interprétées par l'avocat de la défense, Jean-Marc Fedida, comme un appel à la relaxe.

Le jugement a été mis en délibéré au 29 avril.