Dix personnes ont été tuées mercredi dans deux frappes aériennes sur la capitale de la région dissidente du Tigré, selon des médecins. Cela quelques jours après que les autorités rebelles ont ouvert la porte à des négociations de paix avec le gouvernement éthiopien.
Les rebelles tigréens ont aussitôt accusé Addis Abeba de les avoir perpétrées. Dans la journée, le gouvernement éthiopien a assuré qu'il restait «engagé» dans les pourparlers de paix de l'Union africaine (UA), auxquels les rebelles se disent prêts à participer.
Vers 07H30 heure locale (06h30 en Suisse) mercredi, deux bombardements de drones ont touché une «zone d'habitation» de Mekele et le bilan est de «dix morts», a déclaré à l'AFP Kibrom Gebreselassie, un responsable de l'hôpital Ayder, le plus important du Tigré, dans le nord de l'Ethiopie. M. Gebreselassie a également fait état de 14 blessés.
Un chirurgien du même hôpital, Fasika Amdeslasie, a évoqué sur Twitter un bilan de dix morts et 13 blessés. «Parmi les victimes, un père est mort et son fils est en chirurgie», a-t-il expliqué.
L'AFP n'a pu vérifier ces bilans auprès d'autres sources, les accès au Tigré, en guerre depuis novembre 2020, étant très restreints et les communications dans la région très difficiles.
Deuxième salve
Il s'agit, selon les autorités rebelles tigréennes, de la deuxième salve de frappes aériennes éthiopiennes sur Mekele en deux jours, après celle qui a touché mardi l'université de Mekele, faisant des blessés et endommageant des bâtiments. La chaîne de télévision Dimtsi Woyane, affiliée aux rebelles, a affirmé avoir été touchée et subi de «lourds dégâts humains et matériels».
Dimanche, les autorités rebelles s'étaient dites prêtes à des pourparlers de paix sous l'égide de l'Union africaine (UA), une option qu'elles avaient jusqu'alors toujours rejetée, dénonçant la «proximité» de l'envoyé spécial de l'UA, l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo, avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.
Elles ont également fait savoir qu'elles étaient disposées à une «cessation des hostilités immédiate et mutuellement acceptée».
La communauté internationale a dans la foulée exhorté les belligérants à saisir cette «opportunité» de paix.
«Engagé»
Après les bombardements de mercredi, Kindeya Gebrehiwot, un porte-parole des autorités rebelles issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), a sur Twitter accusé «le régime d'Addis (Abeba)» qui selon lui «continue de s'opposer à toute solution pacifique à travers des démonstrations de force et des raids aériens».
Le gouvernement éthiopien, qui n'a pas répondu aux accusations à propos des bombardements de ces derniers jours, a toujours affirmé ne viser que des cibles militaires au Tigré et accuse le TPLF de mettre en scène des morts de civils.
En fin de journée, le gouvernement éthiopien a assuré qu'il restait «engagé» dans le processus de paix piloté par l'UA et dit espérer que «l'Union européenne soutiendra les efforts visant à mettre pacifiquement un terme au conflit», à l'issue d'un entretien entre son vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Demeke Mekonnen et une diplomate européenne.
La reprise des combats dans le nord de l'Éthiopie, le 24 août, a fait voler en éclats cinq mois de trêve entre l'Éthiopie et ses alliés d'un côté, le TPLF de l'autre, chaque camp accusant l'autre de l'avoir provoquée.
Des combats se déroulent au sud, à l'ouest et au nord du Tigré. Les rebelles accusent notamment les armées éthiopienne et érythréenne d'avoir lancé une offensive à partir de l'Erythrée, un pays qui borde le nord du Tigré et a déjà prêté main-forte aux forces fédérales pendant la première phase du conflit.
Aide humanitaire interrompue
Ce retour de la violence a totalement interrompu l'acheminement routier et aérien de l'aide humanitaire au Tigré et dans les régions voisines de l'Amhara et de l'Afar dont les populations souffrent de la faim, selon l'ONU.
Le bilan de la guerre qui ravage le nord de l'Ethiopie depuis près de deux ans est inconnu.
Le conflit, marqué par des exactions sur les civils commises par les deux camps, a provoqué le déplacement de plus de deux millions de personnes et plongé des centaines de milliers d'Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.