L'Ukraine a été la cible jeudi de nouveaux bombardements russes d'ampleur, qui ont fait au moins 11 morts et 11 blessés. Ils ont aussi provoqué des pannes de courant, au lendemain de la décision des Occidentaux de livrer des chars lourds à l'armée ukrainienne.
Une femme se tient au sommet d'un cratère à côté d'une maison détruite après une attaque à la roquette russe à Hlevakha, dans la région de Kiev.
La maison de cette femme de 69 ans est détruite après une attaque à la roquette russe à Hlevakha, dans la région de Kiev.
11 morts dans une nouvelle salve de missiles russes en Ukraine - Gallery
Une femme se tient au sommet d'un cratère à côté d'une maison détruite après une attaque à la roquette russe à Hlevakha, dans la région de Kiev.
La maison de cette femme de 69 ans est détruite après une attaque à la roquette russe à Hlevakha, dans la région de Kiev.
«Onze personnes ont été blessées et, malheureusement, 11 autres sont décédées», a déclaré à la télévision le porte-parole des secours ukrainiens, Oleksandre Khorounejy, selon qui les dégâts les plus importants sont dans la région de Kiev.
Un précédent bilan local faisait état d'un mort et de deux blessés dans la capitale, selon son maire, Vitali Klitschko.
Selon le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valery Zaloujny, la Russie a tiré jeudi 55 missiles sur l'Ukraine et «47 ont été détruits, dont 20» aux abords de Kiev.
L'Ukraine a aussi dit avoir abattu dans la nuit 24 drones explosifs Shahed, de fabrication iranienne.
Des coupures d'électricité «d'urgence» ont été introduites à Kiev et dans d'autres régions après que des sites énergétiques ont été «touchés», la Russie essayant de causer «une défaillance systémique» du réseau national, selon le ministre de l'Energie, Guerman Galouchtchenko.
Ministre française à Odessa
«La situation reste sous contrôle», a toutefois assuré le premier ministre Denys Chmygal.
A Odessa (sud-ouest), malgré «des difficultés», le courant était rétabli à 14h00 (suisses) dans «les hôpitaux» et «les autres infrastructures essentielles de la ville», a annoncé la compagnie d'électricité privée DTEK.
Les frappes près de cette grande ville portuaire ont eu lieu peu avant que la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, n'y arrive dans la matinée pour discuter avec son homologue ukrainien, Dmytro Kouleba.
Après une série de revers militaires sur le terrain à la fin de l'été et à l'automne, le Kremlin a commencé en octobre à régulièrement frapper les transformateurs et les centrales électriques de l'Ukraine, plongeant à chaque fois des millions de civils dans le noir et le froid.
Le Kremlin accuse
Cette nouvelle vague de bombardements intervient au lendemain du feu vert de Washington et de Berlin au transfert de dizaines de chars lourds à Kiev, une décision inédite en onze mois de guerre. L'Allemagne compte livrer fin mars ou début avril les premiers Leopard 2 promis.
Le Canada a annoncé son intention de fournir quatre chars du même type à l'Ukraine, a annoncé la ministre de la Défense Anita Anand.
«Ces quatre chars sont prêts au combat et seront déployés dans les semaines à venir», a ajouté Mme Anand, précisant que le nombre de chars livrés pourrait «augmenter» à l'avenir.
Le Royaume-Uni compte, lui, faire arriver fin mars ses chars Challenger 2 promis à l'Ukraine.
Volodymyr Zelensky, selon lequel il s'agit d'une «étape importante pour la victoire finale», a remercié ses alliés.
Mais il a relevé que «la clé» du succès était désormais «la vitesse et le volume» des livraisons, Kiev demandant des centaines de blindés pour pouvoir entamer la reconquête des territoires sous occupation dans l'est et le sud.
Le président ukrainien a aussi réclamé des avions de combat et des missiles de longue portée, autant d'armes que les Occidentaux refusent jusqu'ici de fournir, de peur de provoquer une escalade militaire.
D'ores et déjà, le Kremlin considère que la livraison de chars est la preuve de l'"engagement direct dans le conflit» des Occidentaux. Et «nous voyons que (cet engagement) grandit», a relevé jeudi face à la presse le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.
«Nous ne sommes pas en guerre avec la Russie et aucun de nos partenaires ne l'est», a répliqué la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Anne-Claire Legendre.
«La livraison d'équipements militaires dans le cadre de l'exercice de sa légitime défense (...) ne constitue pas une co-belligérance», a-t-elle soutenu face à la presse.
Cette mise au point intervient également après une déclaration maladroite de la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock qui, alors que son pays a été très critiqué pour ses atermoiements, avait dit mercredi: «Nous combattons dans une guerre contre la Russie et non entre nous».
«Chair à canon»
Pour l'heure dans l'est, «les combats s'intensifient», a souligné mercredi soir la vice-ministre ukrainienne de la Défense Ganna Maliar.
Les forces russes y sont «en supériorité numérique», a-t-elle dit, citant la zone de Bakhmout, dont les troupes de Moscou tentent de s'emparer depuis plusieurs mois, mais aussi celle autour de Vougledar, une localité au sud-ouest de Donetsk.
Par ailleurs, l'Ukraine a admis mercredi avoir dû abandonner Soledar – au nord-est de Bakhmout -, dont les Russes revendiquaient la prise depuis une semaine.
Selon un sergent, qui répond au nom de guerre d'"Alkor», «la bataille a été rude» car les Ukrainiens étaient moins nombreux.
«Nous tirons, encore et encore mais, après cinq minutes, une nouvelle vague de 20 ennemis nous arrive dessus», raconte-t-il. «Leur nombre est énorme. Ils utilisent leurs soldats comme de la chair à canons».
Réfugiés
Dans une entrevue avec l'AFP à Kiev, le haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés Filippo Grandi a par ailleurs averti que les Européens devaient se préparer à une probable nouvelle vague de déplacés ukrainiens fuyant les combats.
«Toute exacerbation de la guerre risque de provoquer de nouveaux déplacements, d'une manière ou d'une autre, et nous devons nous y préparer», a-t-il déclaré.