Un an: le monde pense à l'Ukraine À Berlin, une épave de char russe, le canon pointé vers l'ambassade

ATS

24.2.2023 - 17:12

Une épave de char russe exposée devant l'ambassade à Berlin, le canon pointé vers l'entrée. C'est une image forte vendredi des événements organisés en Europe pour marquer le premier anniversaire de l'invasion de l'Ukraine.

La scène est saisissante, en plein coeur de la capitale allemande, à quelques pas de l'emblématique porte de Brandebourg: des activistes ont remorqué dans la nuit un char russe pour le placer devant l'ambassade.

Cette image insolite attirait vendredi matin de nombreux curieux, dont des classes en visite scolaire dans la capitale allemande.

«On passait par là et on a vu un attroupement, ça fait bizarre de voir un tank comme ça» en plein Berlin, confie à l'AFP Allen Eapen, un Indien de 22 ans qui étudie dans cette ville.

«Réalité»

Le char, de type T-72 B1, datant de 1985, a été détruit, probablement par une mine, le 31 mars 2022 près de Boutcha, dans la banlieue de Kiev. Une partie des chenilles sont broyées, de même que la tourelle, partiellement pulvérisée.

La couleur kaki a été brunie par endroits par les flammes. De nombreux impacts de balles sont visibles sur la carcasse, preuve selon les initiateurs du projet que le blindé a «activement participé à des combats».

Le canon de ce char de 44 tonnes et de près de 2,3 mètres de hauteur est quant à lui intact et pointe vers le site de l'ambassade russe, sur l'avenue Unter den Linden.

«C'est impressionnant, c'est un bon moyen (de protestation) de manifester devant l'ambassade», relève Lorenzo Graif, un Chilien qui étudie lui aussi à Berlin.

«On voit cette réalité, alors que d'habitude c'est loin», sur le champ de bataille, explique à l'AFP Sabine Ertl, une Allemande en vacances avec sa famille.

Après un long bras de fer avec la mairie de la capitale, les organisateurs de cette manifestation ont obtenu l'autorisation d'exposer l'épave, qui provient du musée d'histoire militaire de Kiev et restera visible jusqu'à dimanche. «Nous voulons remettre leur ferraille devant la porte des terroristes», explique un des initiateurs, Wieland Giebel.

L'ambassadeur d'Ukraine à Berlin, Oleksiï Makeïev, s'est rendu à la mi-journée sur le site où se trouve l'épave. Une manifestation de soutien à l'Ukraine était en outre prévue pour dans l'après-midi.

A proximité du char est exposée depuis plusieurs semaines une sorte de caisson de trois mètres sur trois, l'exacte réplique de la cellule de l'opposant russe Alexeï Navalny que les passants pouvaient visiter avant son démantèlement ce vendredi.

«On va gagner»

Un an jour pour jour après le déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, les manifestations de soutien et de solidarité avec les Ukrainiens se sont multipliées en Europe.

A Paris, la Tour Eiffel a été illuminée jeudi soir aux couleurs jaune et bleue, comme les bâtiments de la Commission et du Parlement européens à Bruxelles ou le théâtre national de Varsovie et la Place d'armes, au coeur de Luxembourg.

Devant le siège de la Banque centrale européenne (BCE) à Francfort ont été hissées les couleurs de l'Ukraine.

Le Parlement portugais et la plupart des partis ont marqué le premier anniversaire en observant une minute de silence.

A Londres, des litres de peinture ont été déversés devant l'ambassade russe pour repeindre la chaussée aux couleurs ukrainiennes et des centaines de personnes se sont rassemblées sur Trafalgar Square.

Interrogée, Ksenia Miletska se dit étonnée du niveau de soutien au Royaume-Uni: «C'est incroyable, quand on porte un drapeau ukrainien, les gens vous disent 'Slava Ukraini' (gloire à l'Ukraine, ndlr). Ils savent ce que cela veut dire».

Stanislav Suprunenko raconte quant à lui être toujours en contact avec les membres de sa famille demeurés en Ukraine: «Ils ont besoin de soutien émotionnel et psychologique mais ils nous apprennent aussi à rester forts, ils nous disent: 'On va gagner'».

Un rassemblement en faveur de l'Ukraine s'est aussi déroulé à Tel-Aviv, avec des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Il y a différentes façons de soutenir l'Ukraine, il n'y en a aucune de soutenir Poutine». A Belgrade, un drapeau ukrainien géant a été déployé par des manifestants.

A Berlin jeudi soir, le signe de la paix a été reproduit à l'aide de dizaines de bougies au pied de la porte de Brandebourg.

Dans la capitale allemande, tous se souviennent où ils étaient il y a un an quand ils ont appris l'attaque russe. «J'étais dévasté et c'était fort car ici, nous ne sommes pas si loin» de la guerre, confie M. Eapen.