En mission à GazaA Gaza, l'ONU appelle à régler les «causes profondes» du conflit
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23.5.2021 - 18:57
Après les «traumas» de la quatrième guerre entre le Hamas et Israël, l'ONU a appelé dimanche à une reconstruction à long terme de la bande de Gaza. Elle a aussi appelé à régler les «causes profondes» du conflit israélo-palestinien, afin de redonner «espoir» et éviter de nouvelles «destructions».
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23.05.2021, 18:57
ATS
A l'heure où les services publics de Gaza ramassent les gravats, que les commerçants dont les boutiques ont été bombardées évaluent leurs pertes et que la vie tente de reprendre un semblant de normalité, une mission de l'ONU sonde l'enclave palestinienne pour chiffrer les dommages de 11 jours de guerre avec Israël.
Mais, au-delà du millier d'appartements détruits, des routes crevassées et des infrastructures endommagées, c'est toute la question des traumatismes psychiques dus au conflit, et du futur de la bande de Gaza et de la Palestine en général, qui surgit.
«Vous construisez, vous détruisez»
«Nous ne devons pas simplement nous placer dans une approche de reconstruction (...) car cela revient à Sisyphe: vous construisez, vous détruisez, vous reconstruisez, vous détruisez. Nous devons avoir une approche plus large centrée sur le développement humain», a estimé auprès de l'AFP Philippe Lazzarini, chef de l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).
«Ce qui veut donc dire que cela doit être accompagné d'un vrai processus politique», a-t-il ajouté. Et de souligner la nécessité d'éviter une «normalité artificielle» à Gaza, où les deux millions d'habitants, et en particulier les jeunes, seraient dépendants de l'aide, sans futur, «jusqu'à la prochaine éruption de violences».
D'où l'importance de traiter les «causes profondes» du conflit israélo-palestinien. Ce qui signifie par exemple la levée par Israël du blocus imposé depuis 2007 au territoire palestinien, mais aussi de donner «un sens au futur».
Population «plus traumatisée que jamais»
«Il y a peut-être eu moins de maisons détruites que pendant la guerre de 2014», a renchéri Lynn Hastings, coordinatrice de l'aide humanitaire pour les Territoires palestiniens, dont les services chiffrent pour l'heure à un millier le nombre de commerces ou résidences «complètements détruits». Mais «une chose que j'ai entendue est que la population de Gaza est plus traumatisée que jamais» et cela «doit vraiment être pris en considération», a-t-elle dit.
Le cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, entré en vigueur vendredi à la faveur d'une médiation égyptienne, n'a fixé aucune condition à l'arrêt des combats ni établi de plan pour la reconstruction. Une délégation égyptienne se trouve dimanche à Gaza pour des entretiens avec le Hamas au pouvoir.
Espoir et opportunités
A court terme, l'enjeu de la reconstruction de Gaza n'est pas qu'humanitaire, mais aussi diplomatique, l'armée israélienne accusant par exemple le Hamas d'avoir détourné de l'aide internationale à des fins militaires et d'utiliser le métal des canalisations pour en faire des roquettes.
Lors d'une conférence de presse conjointe à Amman, les chefs de la diplomatie palestinien et jordanien, Riyad al-Maliki et Aymane Safadi, ont eux exhorté la communauté internationale à empêcher les autorités israéliennes de procéder à l'expulsion de familles palestiniennes à Cheikh Jarrah, quartier de Jérusalem-Est occupé, dossier ayant fait office d'étincelles ces dernières semaines.
Le président américain Joe Biden, dont le chef de la diplomatie Antony Blinken est attendu «dans les prochains jours» à Jérusalem, a déjà déclaré son intention de mettre en place une aide financière «majeure» pour «reconstruire Gaza». Mais sans donner au Hamas – considéré comme «terroriste» par les Etats-Unis – «l'opportunité de rebâtir son système d'armement».
«Il est vital que les Palestiniens aient de l'espoir et des opportunités, et qu'ils puissent vivre en paix et en sécurité, de la même façon que c'est important pour les Israéliens», a affirmé dimanche M. Blinken sur la chaîne américaine ABC, redisant l'attachement de Washington à la création d'un Etat palestinien.
L'Unrwa, agence onusienne à laquelle l'administration Trump avait coupé les vivres, s'est réjouie du retour des contributions américaines avec l'arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche et a fait un appel de dons d'urgence de 38 millions de dollars pour Gaza.
Quant au ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, il a mis en garde dimanche contre un «risque d'apartheid» en Israël si une solution à deux Etats n'émerge pas entre Etat hébreu et Palestiniens. «Le risque d'apartheid est fort si on continue à aller dans une logique à un Etat ou du statu quo. Même le statu quo produit cela», a estimé le chef de la diplomatie française au Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI.
L'aide internationale afflue
Des dizaines de camions d'aide internationale ont commencé à affluer dès vendredi par les terminaux de Kerem Shalom, à la frontière avec Israël, et ceux de Rafah, à la frontière égyptienne.
Cette nouvelle guerre a tué 248 personnes dans l'enclave palestinienne, dont 66 enfants et des combattants, selon les autorités locales. En Israël, les tirs de roquettes de Gaza ont fait 12 morts dont un enfant, une adolescente et un soldat, d'après la police.