Union européenneAccord pour octroyer le statut de candidat à la Bosnie
ATS
13.12.2022 - 18:37
Les ministres des Affaires européennes de l'UE ont approuvé mardi l'octroi du statut de candidat à la Bosnie-Herzégovine. Une décision qui devrait être endossée par les dirigeants au cours d'un sommet jeudi et marque le début d'un long processus d'adhésion.
13.12.2022, 18:37
13.12.2022, 19:09
ATS
Elle intervient une semaine après un sommet à Tirana pendant lequel l'Union européenne a reconfirmé son attachement au processus d'élargissement en faveur des Balkans occidentaux, qui connaît une nouvelle dynamique dans le contexte de la guerre en Ukraine.
La Commission européenne avait recommandé en octobre aux Etats membres d'accorder ce statut à ce pays de 3,5 millions d'habitants miné par la pauvreté et l'instabilité politique, qui est de plus confronté à des menaces sécessionnistes.
Les ministres européens ont approuvé l'octroi de ce statut de candidat à la Bosnie, précisant que celle-ci devrait prendre des mesures pour renforcer l'État de droit, la lutte contre la corruption et la criminalité organisée, la gestion des migrations et les droits fondamentaux.
«Moment historique»
Le ministre tchèque chargé des Affaires européennes, Mikulás Bek, dont le pays assure la présidence semestrielle du Conseil de l'UE, s'est réjoui d'un «moment historique» pour la Bosnie.
«Dans le contexte géopolitique actuel, le Conseil souligne l'urgence pour ce pays d'avancer sur la voie de l'UE, notamment en respectant l'ensemble des 14 priorités clés pour l'ouverture des négociations d'adhésion recensées dans l'avis de la Commission», indique cette institution représentant les Etats membres dans ses conclusions.
A la suite des élections qui se sont déroulées début octobre en Bosnie et alors que des discussions sont toujours en cours pour former un gouvernement central, l'UE «attend la mise en place rapide d'autorités législatives et exécutives opérationnelles au niveau de l'État, des entités et des cantons afin de se concentrer sur des réformes (permettant d'avancer) sur la voie de l'UE».
La Bosnie est divisée entre une entité serbe, la Republika Srpska, et une fédération croato-musulmane, reliées par un faible pouvoir central souvent paralysé.
Ce système politique complexe est hérité des accords de paix de Dayton qui ont mis fin à la guerre intercommunautaire dans laquelle 100'000 personnes ont été tuées entre 1992 et 1995.
«Message positif»
«Ce statut de candidat aurait dû être attribué (à la Bosnie) il y a plusieurs années. Nous comprenons, bien sûr, que cette accélération de la marche vers l'UE a lieu en raison de certaines circonstances géopolitiques», avait commenté dès lundi Zeljka Cvijanovic, membre serbe de la présidence tripartite de Bosnie, citée sur le site internet de la chaîne de télévision N1.
«Il est temps que les gens en Bosnie-Herzégovine reçoivent un message positif de la part de l'Union européenne», jugeait aussi Denis Becirovic, le membre bosniaque de cette présidence, le 8 décembre sur la chaîne de télévision publique FTV.
Dans son évaluation en octobre, la Commission européenne avait souligné l'insuffisance ou l'absence de réformes dans ce pays, en matière d'Etat de droit notamment.
Alors que l'Union européenne demande aux pays candidats de s'aligner sur sa politique étrangère, l'exécutif européen notait aussi que «les autorités et les partis de l'entité de Republika Srpska» avaient «plaidé en faveur d'une position de neutralité à l'égard de l'agression de l'Ukraine par la Russie (...), entravant la mise en oeuvre intégrale» des sanctions prises contre Moscou.
Confirmé fin octobre à la présidence de l'entité serbe, le nationaliste prorusse Milorad Dodik est frappé par des sanctions américaines et britanniques après avoir multiplié ces derniers mois les menaces séparatistes. Il a souvent déclaré qu'il s'opposerait à la marche de la Bosnie vers l'UE si elle devait passer par une plus grande centralisation de l'Etat.
Long processus
La reconnaissance du statut de candidat n'est que le début d'un long processus.
L'étape suivante, requérant également l'unanimité des Vingt-Sept, est l'ouverture de négociations officielles d'adhésion, qui prennent du temps, car les pays candidats doivent intégrer dans leur droit national un grand nombre d'actes législatifs européens.
Sept pays sont déjà officiellement candidats à une adhésion à l'UE: Turquie (depuis 1999, processus aujourd'hui gelé), Macédoine du Nord (2005), Monténégro (2010), Serbie (2012), Albanie (2014), Ukraine et Moldavie (2022).
Des négociations d'adhésion ont été ouvertes avec la Serbie, le Monténégro, l'Albanie et la Macédoine du Nord.
Le Kosovo a annoncé qu'il déposerait une demande d'adhésion avant la fin de l'année.