Le point Des couloirs d'évacuation des civils devraient être ouverts

ATS

9.3.2022 - 12:03

Russes et Ukrainiens se sont entendus mercredi pour respecter des cessez-le-feu censés permettre d'évacuer les civils de plusieurs régions bombardées. Moscou est au bord du défaut de paiement à cause des sanctions occidentales et du boycott de nombreuses entreprises.

9.3.2022 - 12:03

Selon Kiev, la trêve concerne six zones frappées par les combats, notamment Energodar (sud), Izioum (est) et Soumy (nord-est) (image d'illustration).
Selon Kiev, la trêve concerne six zones frappées par les combats, notamment Energodar (sud), Izioum (est) et Soumy (nord-est) (image d'illustration).
ATS

La vice-Première ministre ukrainienne Iryna Verechtchouk a confirmé mercredi matin qu'un accord avait été trouvé avec les Russes sur la mise en place entre 09h00 et 21h00 locales (08h00 et 20h00 suisses) de six couloirs humanitaires autour de zones durement frappées par les combats ces derniers jours, obligeant les civils à rester parfois des jours cachés dans des caves.

Des couloirs ont notamment été définis pour évacuer les civils depuis Energodar vers Zaporojie (sud), de Izioum à Lozova (est) et de Soumy à Poltava (nord-est). Plusieurs couloirs sont également prévus pour évacuer, vers Kiev, les civils depuis plusieurs villes situées à l'ouest de la capitale, dont Boutcha, Irpin et Gostomel.

La porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a de son côté fait état de «certains progrès» dans les négociations destinées à «mettre fin dès que possible à l'effusion de sang insensée et à la résistance des forces armées ukrainiennes». Elle a précisé que la Russie ne cherchait pas à «renverser le gouvernement» ukrainien.

Mardi à Soumy, ville située à 350 km au nord-est de Kiev, deux convois comptant une soixantaine de bus au total étaient parvenus à mettre en sécurité des civils. Il s'agit pour la plupart de femmes, d'enfants et de personnes âgées, selon l'adjoint au chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Kyrylo Timochenko, cité par des médias ukrainiens.

Toujours plus de réfugiés

Le nombre de réfugiés qui ont fui l'Ukraine depuis l'invasion par l'armée russe le 24 février augmente de jour en jour, et est désormais estimé entre «2,1 et 2,2 millions de personnes», a déclaré mercredi le Haut Commissaire aux réfugiés, Filippo Grandi.

«La Pologne en reçoit 150'000 par jour à elle seule. Cela va très vite, nous ne voyons pas ce mouvement s'arrêter», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Stockholm.

Mardi soir, plusieurs villes ont encore été la cible d'attaques russes. A Severodonetsk (est), dix personnes sont mortes dans des bombardements, selon le responsable de la région administrative de Lougansk. Et dans la région de Jytomyr, à l'ouest de Kiev, neuf personnes sont décédées dans des frappes aériennes. A Kiev, les sirènes ont retenti quatre fois dans la nuit.

Inquiétude sur Tchernobyl

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a fait part de son incertitude sur la situation dans la centrale de Tchernobyl, à la frontière biélorusse. Les systèmes permettant de contrôler à distance les matériaux nucléaires de la centrale ont cessé de lui transmettre des données, a indiqué l'agence.

Sanctions douloureuses

Les Etats-Unis ont par ailleurs dit redouter que les forces russes puissent «prendre le contrôle» des structures de «recherche biologique» en Ukraine et s'emparer de matériaux sensibles.

En Russie, les sanctions occidentales font de plus en plus sentir leurs effets. Les entreprises occidentales, sous pression de l'opinion publique, sont de plus en plus nombreuses à couper au moins en partie les ponts avec la Russie.

Les chaînes américaines McDonald's et Starbucks vont ainsi provisoirement fermer leurs nombreux établissements en Russie, emboîtant le pas à L'Oréal. Coca-Cola a annoncé la suspension de ses opérations dans le pays.

Le président américain Joe Biden a quant à lui annoncé mardi un embargo sur les importations américaines de pétrole et de gaz russe, assurant que sa décision allait «porter un nouveau coup puissant à Poutine» et au financement de sa guerre contre l'Ukraine. Londres va aussi cesser d'ici à la fin de l'année ses achats de brut et de produits pétroliers russes.

Beaucoup plus dépendants du brut russe – à hauteur de 30% -, les Européens ont pour l'instant refusé d'aller aussi loin, alors que les prix des hydrocarbures flambent. L'actuelle crise énergétique est «comparable en intensité, en brutalité, au choc pétrolier de 1973», a affirmé mercredi le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire.

La présidence française de l'UE a annoncé mercredi matin de nouvelles sanctions européennes contre Moscou et Minsk, notamment en débranchant trois banques bélarusses de la plateforme financière internationale Swift. La Banque centrale russe a annoncé une nouvelle mesure de défense de son économie, avec une suspension des ventes des devises étrangères jusqu'au 9 septembre.

Défaut «imminent»

De son côté, l'agence de notation Fitch a de nouveau abaissé mardi la note qu'elle accorde à la dette de la Russie, une décision signifiant que le risque d'un défaut souverain est à ses yeux «imminent». Un défaut de paiement de Moscou serait une première depuis la crise financière de 1998.

Jeudi, la diplomatie tentera de reprendre ses droits, avec une rencontre annoncée en Turquie des ministres des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, ukrainien Dmytro Kuleba, avec leur homologue turc Mevlüt Cavusoglu comme médiateur.

Cette premier rencontre entre les deux ministres depuis l'invasion intervient alors que M. Zelensky a déclaré à la chaîne américaine ABC ne plus insister sur une adhésion de l'Ukraine à l'Otan, une des questions invoquées par Moscou pour justifier l'invasion. Il s'est aussi dit prêt à un «compromis» sur le statut des territoires séparatistes de l'est de l'Ukraine.

ATS