Proche-Orient Affrontements à Al-Aqsa, le Hamas dénonce un «crime»

ATS

5.4.2023 - 03:07

De violents affrontements ont opposé dans la nuit de mardi à mercredi la police israélienne à ce qu'elle a présenté comme des «émeutiers» dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem. C'est l'un des lieux de culte les plus emblématiques au monde pour les musulmans.

Plusieurs personnes ont été arrêtées dans la mosquée Al-Aqsa.
Plusieurs personnes ont été arrêtées dans la mosquée Al-Aqsa.
ATS

Dénonçant «un crime sans précédent», le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a appelé les Palestiniens de Cisjordanie «à se rendre en masse vers la mosquée Al-Aqsa pour la défendre».

Celle-ci est située sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, à Jérusalem-est, secteur palestinien de la ville sainte occupé et annexé par Israël. L'esplanade est bâtie sur ce que les juifs appellent le mont du Temple, lieu le plus sacré du judaïsme.

«Jeunes hors-la-loi»

La police israélienne a publié une séquence vidéo de plus de 50 secondes montrant des explosions de ce qui semble être des feux d'artifice à l'intérieur du lieu de culte et sur laquelle on devine des silhouettes en train de lancer des pierres. Une autre séquence vidéo de la police montre des policiers antiémeutes avancer dans la mosquée en se protégeant des tirs de fusées avec des boucliers.

Les images laissent apparaître ensuite une porte barricadée, des batteries de feux d'artifice sur un tapis au sol et des policiers évacuer au moins cinq personnes les mains menottées dans le dos.

«Ce soir, alors que la police oeuvrait pour permettre à un grand nombre de musulmans de célébrer le mois du ramadan et d'arriver dans la vieille ville de Jérusalem et sur le mont du Temple, plusieurs jeunes hors-la-loi et agitateurs masqués ont apporté à l'intérieur de la mosquée [Al-Aqsa] des feux d'artifice, des bâtons et des pierres», écrit la police israélienne dans un communiqué.

«Ces meneurs s'y sont barricadés plusieurs heures après [les dernières prières du soir] afin d'attenter à l'ordre public et de profaner la mosquée», tout en y scandant «des slogans incitants à la haine et à la violence», ajoute le texte.

Dégâts et profanation

«Après de nombreuses et longues tentatives infructueuses de les faire sortir par le dialogue, les forces de police ont été contraintes [d'intervenir] pour les déloger dans le but de permettre la tenue [des premières prières de l'aube] et d'empêcher des troubles violents», poursuit la police.

Lors de l'intervention, «un groupe important d'agitateurs» a tiré des feux d'artifice et lancé des pierres à l'intérieur de la mosquée en direction des policiers, écrit encore la police, indiquant qu'un agent avait été blessé par une pierre à la jambe.

Les forces de l'ordre ont «arrêté les émeutiers», qui «ont causé des dégâts dans la mosquée et l'ont profanée», ajoute le texte sans préciser le nombre de personnes détenues.

Après l'annonce des affrontements à la mosquée Al-Aqsa, plusieurs roquettes ont été tirées du nord de la bande de Gaza en direction du territoire israélien, selon des journalistes de l'AFP et des témoins. L'armée israélienne a fait état du déclenchement de sirènes d'alerte dans plusieurs zones urbaines israéliennes des environs de la bande de Gaza.

«Dangereuse escalade»

L'armée israélienne a indiqué de son côté que cinq roquettes tirées en direction du territoire israélien avaient été «interceptées par la défense antiaérienne» dans la zone de Sderot, au sud d'Israël, et que quatre autres roquettes étaient tombées dans des zones inhabitées. Aucun de ces tirs n'a été revendiqué.

A Gaza, quelques dizaines de manifestants sont descendus dans les rues en plusieurs endroits dans la nuit, en brûlant des pneus. «Nous jurons de défendre et protéger la mosquée d'Al-Aqsa», ont-ils proclamé.

Le ministère des affaires étrangères égyptien a publié un communiqué «condamnant l'irruption de la police israélienne à l'intérieur [de la mosquée] Al-Aqsa et l'agression contre les fidèles». «L'Egypte tient Israël, puissance occupante, comme responsable de cette dangereuse escalade qui pourrait saper les efforts de trêve», ajoute le texte.

Le conflit israélo-palestinien a été aspiré dans une spirale de violence depuis le début de l'année après l'entrée en fonctions à la fin décembre d'un des gouvernements les plus à droite de l'histoire d'Israël. Les violences ont fait près de 110 morts depuis le début de l'année et ont repris pendant le week-end après un semblant d'accalmie observé depuis le début du ramadan, le 23 mars.