Afghanistan Afghanistan: les espoirs de paix douchés

ATS

19.4.2019 - 14:23

Les États-Unis, l'Afghanistan et les talibans sont actuellement engagés dans des pourparlers de paix pour mettre fin à plusieurs décennies de conflit en Afghanistan.
Les États-Unis, l'Afghanistan et les talibans sont actuellement engagés dans des pourparlers de paix pour mettre fin à plusieurs décennies de conflit en Afghanistan.
Source: KEYSTONE/EPA/SAYED MUSTAFA

Les espoirs d'une percée dans les négociations de paix en Afghanistan sont retombés vendredi après le report à la dernière minute d'une rencontre entre talibans et représentants du gouvernement afghan. Celui-ci était initialement prévue ce week-end au Qatar.

Les deux parties n'ont pas réussi à s'entendre sur le nombre de délégués que Kaboul souhaitait convier à l'évènement. Pendant ce temps, les insurgés contrôlent ou contestent la moitié du pays, le nombre de victimes civiles a atteint un record en 2018 (3804 morts, selon l'ONU) et 45'000 membres des forces de sécurité afghanes ont été tués depuis 2014.

«Ce report regrettable est nécessaire pour parvenir à un consensus concernant qui devrait participer à la conférence», a déclaré Sultan Barakat, du Center for Conflict and Humanitarian Studies, qui organisait la rencontre. «Il est clair que le moment propice n'est pas venu» pour la tenue d'une telle réunion malgré les «efforts infatigables et bien intentionnés» déployés par les deux parties, a-t-il ajouté dans un communiqué.

L'administration du président afghan Ashraf Ghani avait rendu publique mardi une liste de 250 délégués, dont des responsables gouvernementaux, qu'il entendait envoyer participer à cette rencontre, prévue à Doha à partir de samedi et jusqu'au 21 avril.

Les talibans avaient aussitôt moqué cette initiative. La conférence «n'est pas une invitation à un mariage ou autre fête dans un hôtel à Kaboul», avait ironisé leur porte-parole Zabihullah Mujahid.

Kaboul porte «la responsabilité» de l'échec de Doha, ont insisté les rebelles vendredi dans un communiqué. «Les négociations avec l'impuissante administration de Kaboul sont une perte de temps.»

Les autorités afghanes, elles, ont imputé la non-tenue de la rencontre au gouvernement qatari. D'après un communiqué de la présidence, Doha a rejeté la liste de 250 délégués et suggéré qu'une autre plus courte soit établie, ce que Kaboul qualifie d'«inacceptable».

L'émissaire américain pour les pourparlers de paix en Afghanistan, Zalmay Khalilzad, s'est de son côté dit «déçu du report» de cette réunion, les Etats-Unis ayant fortement poussé pour la tenue d'un «dialogue inter-afghan».

La plus longue guerre des USA

Les Etats-Unis, qui cherchent à s'extraire de la plus longue guerre de leur histoire, ont entamé l'été dernier des pourparlers avec les rebelles. La dernière session de discussions bilatérales s'est achevée en mars au Qatar.

Des membres de l'opposition au président Ghani ont également rencontré les talibans en février à Moscou.

Pour l'analyste Michael Kugelman, du Wilson Center basé à Washington, le report de la réunion de Doha illustre la difficulté du chemin vers la paix, quand l'Afghanistan est en guerre depuis bientôt 40 ans. «La confusion et les dysfonctionnements» entourant la conférence montrent à quel point «le processus de réconciliation sera un travail extrêmement pénible», a-t-il estimé.

Avant l'annonce du report, des personnalités présentes sur la liste de Kaboul avaient décliné l'invitation. L'homme fort du Nord, Atta Mohammad Noor, figure-clé de l'opposition, avait notamment qualifié mercredi cette liste d'«acte intentionnel de sabotage des efforts de paix».

Les contacts sont rarissimes entre le gouvernement afghan et les insurgés, ceux-ci considérant Kaboul comme une «marionnette» de Washington.

Parallèlement à ces discussions, les talibans ont annoncé la semaine dernière le début de leur offensive de printemps. Des attaques meurtrières ont été signalées dans plusieurs provinces d'Afghanistan.

Retour à la page d'accueil