Visite officielle Algérie: la diaspora interpelle Macron sur les droits humains

ATS

21.8.2022 - 16:17

Une douzaine d'organisations de la diaspora algérienne exhortent Emmanuel Macron à «ne pas occulter» lors de sa visite en Algérie la question de la «dégradation» des droits humains dans ce pays et «à ne pas cautionner cette dérive despotique du régime algérien», dans une lettre ouverte.

La visite d'Emmanuel Macron intervient au terme d'une séquence chargée de symboles avec le 60e anniversaire des Accords d'Evian (18 mars 1962), qui mirent fin à plus de sept ans de guerre entre insurgés algériens et armée française, et de l'indépendance de l'Algérie (5 juillet 1962) après 132 ans de colonisation française.
La visite d'Emmanuel Macron intervient au terme d'une séquence chargée de symboles avec le 60e anniversaire des Accords d'Evian (18 mars 1962), qui mirent fin à plus de sept ans de guerre entre insurgés algériens et armée française, et de l'indépendance de l'Algérie (5 juillet 1962) après 132 ans de colonisation française.
KEYSTONE

Le président français se rendra de jeudi à samedi en visite officielle en Algérie.

Treize organisations – dont Debout l'Algérie, Action citoyenne pour l'Algérie, Groupe Algérie Droit Devant, le Collectif des Familles de disparus en Algérie ou la Coordination des Algériens du monde – ont envoyé samedi à M. Macron cette lettre ouverte, dont l'AFP a eu connaissance dimanche.

Ces organisations disent «espérer» que cette visite «sera fructueuse pour les deux pays, fortement liés par l'histoire, la géographie, la culture, la langue et tous les échanges et partenariats tissés depuis l'indépendance», déclarent-elles dans la lettre ouverte.

«Monsieur le Président, il est néanmoins un sujet grave qui ne doit pas être occulté lors de cette visite: celui de l'état actuel des droits humains en Algérie», interpellent-elles.

«Près de dix mille arrestations suivies d'au moins un millier de détentions provisoires abusives en violation du code pénal sont à l'actif de ce régime depuis le début» des manifestations prodémocratie du Hirak (lancé en février 2019) qui ont ébranlé le pouvoir, dénoncent ces organisations.

«Politique répressive»

«La réponse des autorités algériennes aux aspirations populaires a été une politique répressive inédite par sa stratégie de la terreur pour réduire au silence les populations en situation de rupture avec les tenants du système politique en place», selon la lettre.

Aujourd'hui, «les quelques acquis obtenus au prix de décennies de lutte et d'engagement citoyen (...) sur la liberté d'expression, d'organisation, de manifestation, de presse et de l'activité politique sont en net recul, voire en voie de disparition» et «toutes les formes d'expression en dehors de la ligne du pouvoir sont systématiquement réprimées», fustigent les organisations signataires.

Elles notent que la «diaspora algérienne n'est pas épargnée en raison de son implication et de son soutien massif et continu au mouvement populaire», soulignant que les «Algériens en France mais également les Franco-Algériens craignent des mesures de rétorsion dans leurs déplacements en Algérie et se trouvent ainsi limités dans leur liberté de circulation».

«Des voyageurs ayant comme seul tort d'avoir manifesté une opinion, ont été victimes d'arrestations et de décisions d'interdiction de sortie du territoire algérien. Des activistes, des militants politiques, des journalistes résidant sur le territoire français sont poursuivis par la justice algérienne et leurs familles résidentes en Algérie sont parfois inquiétées», fustigent ces organisations signataires.

«Monsieur le Président, vous ne pouvez cautionner cette dérive despotique du régime algérien», interpellent-elles.

«Nous, organisations de la diaspora, fortement inquiètes de cette évolution très autoritaire du système politique algérien, avons le devoir de vous exprimer notre profonde préoccupation sur cette situation dangereuse des libertés fondamentales en Algérie sous le régime actuel», ajoutent-elles.

Tensions

La visite d'Emmanuel Macron intervient au terme d'une séquence chargée de symboles avec le 60e anniversaire des Accords d'Evian (18 mars 1962), qui mirent fin à plus de sept ans de guerre entre insurgés algériens et armée française, et de l'indépendance de l'Algérie (5 juillet 1962) après 132 ans de colonisation française.

Paris et Alger espèrent tourner la page d'une série de malentendus et tensions qui ont culminé avec le rappel de l'ambassadeur d'Algérie en octobre 2021 après des propos du président français sur le système «politico-militaire» algérien et la nation algérienne.