BirmanieAmnesty dénonce des «exécutions extrajudiciaires»
ATS
11.3.2021 - 03:34
11.03.2021, 03:34
11.03.2021, 08:01
ATS
Amnesty International a dénoncé jeudi des «exécutions extrajudiciaires» en Birmanie par la junte militaire à l'origine du coup d'État du 1er février. L'ONG pointe également le recours à des armes de guerre contre les manifestants pro-démocratie.
L'organisation de défense des droits fondamentaux a expliqué dans un communiqué avoir analysé 55 vidéos montrant que «la force létale est utilisée de manière planifiée, préméditée et coordonnée» par l'armée birmane.
Elles ont été filmées entre le 28 février et le 8 mars par des membres du public et des médias locaux dans plusieurs villes du pays, en ébullition depuis le putsch et l'arrestation de la chef de facto du gouvernement civil Aung San Suu Kyi, avec des manifestations quotidiennes violemment réprimées.
«Ces techniques de l'armée birmane sont loin d'être nouvelles, mais leurs tueries n'avaient jusqu'ici jamais été retransmises en direct, visibles dans le monde entier», a souligné Joanne Mariner, directrice de la gestion de crise chez Amnesty.
«Il ne s'agit pas ici d'actions d'officiers débordés qui prennent de mauvaises décisions», a-t-elle ajouté. «Ce sont des commandants impénitents déjà impliqués dans des crimes contre l'humanité qui déploient leurs troupes et méthodes meurtrières au grand jour».
Une des vidéos, publiée sur Facebook et datée du 28 février de la ville de Dawei, montre un soldat donner son fusil à un policier se trouvant à ses côtés. Ce dernier vise et tire, semblant provoquer une réaction de joie parmi les forces de l'ordre présentes. Amnesty y voit «non seulement un mépris flagrant pour la vie humaine [...] mais aussi une coordination délibérée parmi les forces de sécurité».
L'organisation dénonce aussi des «exécutions extrajudiciaires» comme celle d'un homme remis à un groupe de forces de l'ordre. Selon l'enregistrement du 3 mars publié sur Twitter, il est abattu alors qu'il ne semble pas opposer de résistance.
L'ONG a également constaté le recours à des armes dont l'utilisation est «totalement inappropriée» dans le cadre de manifestations, comme des mitrailleuses, fusils de précision et armes semi-automatiques.
Amnesty a exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à intervenir Mercredi soir, celui-ci a «condamné fermement» et à l'unanimité «la violence contre des manifestants pacifiques, incluant des femmes, des jeunes et des enfants» en Birmanie. Cette déclaration, la deuxième en un mois, ne reprend cependant pas le terme de «coup d'État» ni ne mentionne la possibilité de sanctions internationales si la répression se prolonge.
Au moins 60 civils ont été tués et près de 2000 personnes arrêtées depuis le 1er février, d'après l'association d'assistance aux prisonniers politiques.