Anniversaire de Boutcha Zelensky jure de vaincre «le mal russe»

ATS

31.3.2023 - 13:05

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a juré vendredi de vaincre le «mal russe» à l'occasion du premier anniversaire du retrait russe de Boutcha. Cette ville martyre est devenue un symbole criant «des atrocités» imputées aux troupes de Moscou.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a juré de "punir tous les coupables" du massacre de Boutcha (archives).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a juré de "punir tous les coupables" du massacre de Boutcha (archives).
ATS

«Nous allons gagner, c'est certain. Le mal russe tombera, justement ici en Ukraine et ne pourra plus se relever», a martélé M. Zelensky devant les Premiers ministres croate Andrej Plenkovic, slovaque Eduard Heger, slovène Robert Golob et la présidente moldave Maia Sandu.

De son côté, le président bélarusse Alexandre Loukachenko, seul allié de la Russie en Europe, a appelé à une trêve et des négociations «sans condition» pour mettre fin à la guerre, tout en jugeant l'Occident responsable du conflit. Réagissant à cette proposition, le Kremlin a exclu d'arrêter son «opération militaire» en Ukraine.

Exécutions sommaires

Le président ukrainien avait juré auparavant de «punir tous les coupables» du massacre de Boutcha. Le 31 mars 2022, l'armée russe se retirait de cette ville et de tout le nord de Kiev, un mois après avoir lancé l'invasion du pays. Deux jours plus tard, le massacre était connu.

Des journalistes de l'AFP ont découvert à Boutcha le 2 avril des carcasses calcinées de véhicules, des maisons détruites et surtout, éparpillés sur plusieurs centaines de mètres, les cadavres de vingt hommes en civil, dont l'un avait les mains liées dans le dos.

Ces scènes ont choqué dans le monde entier. Kiev et les Occidentaux ont dénoncé des exécutions sommaires de civils et des crimes de guerre. Le Kremlin lui dément toute implication et évoque une mise en scène.

Lors de sa visite sur place deux jours après la découverte, M. Zelensky, visiblement bouleversé, avait dénoncé «des crimes de guerre» qui seront «reconnus par le monde comme un génocide».

«Vivre»

Un an après la libération de Boutcha, Kiev estime à «plus de 1400» le nombre civils morts dans le district de Boutcha pendant l'occupation russe dont 637 dans la ville-même. Des journalistes de l'AFP ont constaté jeudi des travaux de reconstruction dans cette banlieue paisible qui comptait 37'000 habitants avant la guerre.

Plusieurs dizaines d'artisans du bâtiment s'affairent au milieu de pelleteuses, de tractopelles et de camions-benne, pour reconstruire les maisons et refaire la chaussée. Si le traumatisme reste présent, des habitants interrogés par l'AFP ont reconnu que la «douleur s'atténue» car il faut «continuer à vivre».

Condamnations à Genève

Les forces russes ont été accusées de multiples exactions par les autorités ukrainiennes après la découverte de centaines de corps à Boutcha et dans d'autres villes, de tombes près d'Izioum (est) ou de «salles de torture» dans des villes reprises, selon Kiev.

La Cour pénale internationale (CPI) a émis en mars un mandat d'arrêt contre Vladimir Poutine pour la «déportation» de milliers d'enfants ukrainiens vers la Russie. Kiev insiste de son côté sur la création d'un tribunal spécial pour juger les plus hauts responsables russes. La Russie, elle, continue de nier toute exaction par ses forces.

A Genève, le haut commissaire de l'ONU aux droits de l'homme Volker Türk a dénoncé des violations des droits humains «scandaleusement routinières» dans ce conflit déclenché par la Russie. «Au moment où l'humanité est confrontée à des défis existentiels écrasants, cette guerre destructrice nous éloigne de la tâche qui consiste à bâtir des solutions pour assurer notre survie», a-t-il ajouté.

«Incendies nucléaires»

Sur le front, les combats font toujours rage avant tout à l'Est, autour de Bakhmout, que les Russes tentent de prendre depuis des mois au prix de pertes et de destructions considérables.

Kiev a admis jeudi n'en contrôler plus qu'un tiers, mais espère que les dommages infligés aux forces de Moscou seront tels que les lignes russes seront affaiblies lorsque l'armée ukrainienne lancera la contre-offensive qu'elle prépare, dans l'attente de nouvelles armes occidentales.

Le président bélarusse, qui a prêté à la Russie son territoire pour envahir l'Ukraine, a lui voulu se poser vendredi en faiseur de paix, appelant les belligérants à des négociations et à une trêve. «Il est possible – et il le faut – de régler toutes les questions territoriales, de reconstruction, de sécurité et autres à la table des négociations sans conditions préalables», a-t-il martelé.

Aujourd'hui, Moscou estime que le conflit ne peut s'arrêter que si Kiev cède à ses revendications, en particulier l'annexion de cinq régions. De son côté, les Ukrainiens martèlent que le préalable à la paix est le retrait des forces russes de son territoire, sans exception.

M. Loukachenko, qui juge l'Occident et l'Ukraine responsables du conflit, a dit redouter une guerre «nucléaire», alors qu'il a donné son accord au déploiement d'armes nucléaires «tactiques» russes au Bélarus. «A cause des Etats-Unis et de leurs satellites une guerre totale a été déclenchée», a-t-il dit, estimant que «des incendies nucléaires guettent à l'horizon».