La Syrie sort de l'isolementAssad aux Emirats: les contacts avec les pays arabes s'intensifient
ATS
19.3.2023 - 16:19
Le président syrien Bachar al-Assad effectuait dimanche une visite officielle aux Emirats arabes unis, sa deuxième dans le Golfe depuis le séisme en février. Ce déplacement intervient alors que plusieurs pays arabes reprennent contact avec Damas.
19.03.2023, 16:19
19.03.2023, 16:40
ATS
M. Assad est «accompagné de son épouse, Asma», a rapporté l'agence de presse officielle émiratie WAM, premier déplacement officiel de Mme Assad à l'étranger depuis le déclenchement du conflit en Syrie 2011. Il a été accueilli à Abou Dhabi par le président émirati Mohammed ben Zayed Al-Nahyane.
«Nous avons eu des pourparlers visant à développer les relations» bilatérales, a déclaré le président émirati dans un communiqué: «Nos discussions ont également exploré les moyens de renforcer la coopération pour accélérer la stabilité et les progrès en Syrie et dans la région».
Retourner dans le «giron arabe»
M. Assad a été isolé sur le plan diplomatique depuis la répression en 2011 d'un soulèvement populaire qui a dégénéré en guerre civile. Depuis le séisme du 6 février en Syrie, des pays arabes ont intensifié leurs contacts et envoyé de l'aide à Damas.
«L'approche et les efforts des Emirats envers la Syrie s'inscrivent dans une vision plus profonde et une approche plus large visant à renforcer la stabilité arabe et régionale», a déclaré Anwar Gargash, premier conseiller du président émirati.
«La position des Emirats est claire quant à la nécessité pour la Syrie de retourner dans» le giron arabe «et cela a été confirmé par Son Altesse Cheikh Mohammed ben Zayed lors de la rencontre d'aujourd'hui», a-t-il ajouté sur Twitter.
Lors de la réunion de dimanche, M. Assad a salué le rôle des Emirats dans le renforcement des relations entre pays arabes, estimant que celles-ci devraient être «fraternelles», selon un communiqué de la présidence syrienne.
Rompre l'isolement
Le président syrien, dont le pays a été exclu de la Ligue arabe fin 2011, s'est rendu le 20 février au sultanat d'Oman, une première en douze ans de guerre en Syrie. Médiateur discret mais important sur la scène diplomatique, Oman est l'un des rares pays arabes, et le seul dans le Golfe à avoir toujours maintenu des relations diplomatiques officielles avec Damas depuis le début de la guerre.
Fin 2018, les Emirats avaient rouvert leur ambassade à Damas. Et en mars 2022, Bachar al-Assad avait effectué à Abou Dhabi sa première visite dans un pays arabe. Il avait été reçu par le chef de l'Etat émirati.
Les efforts d'aide à la Syrie après le séisme ont été menés par Abou Dhabi, qui a participé à rompre son isolement. Les Emirats ont aussi promis plus de 100 millions de dollars d'aide, dépêché une équipe de sauvetage et fourni des milliers de tonnes de matériel de secours.
Le ministre émirati des Affaires étrangères, Abdallah ben Zayed Al-Nahyane, s'est également rendu en Syrie en février, premier haut responsable du Golfe à le faire après le tremblement de terre. C'était son deuxième voyage en Syrie cette année.
«Le moment est venu»
«Les Emirats sont convaincus, avec de nombreux Etats arabes, que le moment est venu de se réconcilier avec Assad... et voir la Syrie revenir dans la Ligue arabe et dans le giron arabe», a déclaré le politologue émirati Abdelkhaleq Abdallah. «Les Emirats sont le fer de lance des efforts destinés à se réconcilier avec les ennemis du passé et les transformer en amis de demain», a-t-il déclaré.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, avait estimé en février qu'une nouvelle approche vis-à-vis de la Syrie impliquant des négociations avec Damas pour faire face aux crises humanitaires était nécessaire.
M. Assad était en déplacement à Moscou cette semaine, où il été reçu par son homologue russe Vladimir Poutine, qui tente depuis plusieurs années de rapprocher Damas des pays arabes.
Sa visite aux Emirats survient quelques jours après celle effectuée jeudi par le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien, Ali Shamkhani, dans un contexte régional marqué par le rapprochement entre l'Iran et l'Arabie saoudite.