Syrie Assaut du régime syrien à Idleb

ATS

22.12.2019 - 16:14

Les forces du régime syrien se sont emparées ces derniers jours de 25 villes et villages dans la région d'Idleb (archives).
Les forces du régime syrien se sont emparées ces derniers jours de 25 villes et villages dans la région d'Idleb (archives).
Source: KEYSTONE/EPA SANA/SANA HANDOUT

Les forces de Damas ont progressé ce week-end à Idleb, province syrienne majoritairement aux mains des djihadistes, après plusieurs jours de combats. Cette avancée et l'intensification des bombardements ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers de civils.

Sept d'entre eux ont péri dans des bombardements aériens russes dimanche, alors qu'ils tentaient de fuir les violences, a indiqué dimanche l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG proche des rebelles.

Depuis jeudi soir, des affrontements meurtriers aux alentours de la ville de Maaret al-Noomane, située dans le sud d'Idleb, ont fait plus de 170 morts dans les deux camps, dont 71 membres des forces prorégime, selon l'OSDH.

Les forces loyalistes ont pris le contrôle de 25 villes et villages dans le secteur, a indiqué l'ONG. Elles se rapprochent progressivement de cette ville-clé de la région d'Idleb, qui échappe encore en grande partie au contrôle de Damas.

Evacuation compliquée

«Cette avancée est une tentative de se rapprocher de Maaret al-Noomane», a affirmé l'OSDH. Des habitants de la ville continuaient de la déserter dimanche, par crainte d'une nouvelle avancée des forces du régime, a indiqué un correspondant de l'AFP sur place. Selon l'OSDH, plus de 30'000 personnes ont fui la zone de combats au cours des derniers jours.

Certains, dont Abou Akram, n'ont pas pu suivre la vague, faute de moyen de transport. Selon ce père de cinq enfants, les groupes de secours locaux ont du mal à évacuer toutes les familles.

«Tout le monde travaille à pleine capacité, mais ils ne peuvent pas gérer un si grand nombre de personnes», a-t-il expliqué après avoir échoué à trouver un véhicule pour le conduire plus au nord avec sa famille.

La région d'Idleb, composée d'une grande partie de la province éponyme et de segments des provinces voisines d'Alep et de Lattaquié, est dominée par les djihadistes du groupe Hayat Tahrir al-Cham (HTS). D'autres groupuscules islamistes et rebelles sont présents dans la région qui abrite par ailleurs quelque trois millions de personnes, dont la moitié a été déplacée depuis d'autres parties du pays reconquises par Damas.

Trêve depuis août

Le régime syrien, qui contrôle désormais plus de 70% du territoire, a maintes fois réitéré sa détermination à reconquérir l'ensemble du territoire, notamment la région d'Idleb. L'armée syrienne, soutenue par l'aviation russe, a mené une offensive d'envergure entre la fin avril et la fin août dans la région, tuant un millier de civils selon l'OSDH et déplaçant 400'000 personnes d'après l'ONU.

Les bombardements et combats au sol se sont poursuivis au cours des quatre derniers mois en dépit d'un cessez-le-feu annoncé à la fin août. Plus de 280 civils et plusieurs centaines de combattants ont péri depuis cette date.

Les raids et combats au sol ont repris de plus belle depuis le 16 décembre, poussant au départ des dizaines de milliers de civils et faisant craindre une nouvelle catastrophe humanitaire, selon l'ONU.

Cette semaine, le bilan s'est particulièrement alourdi, avec plus de 40 civils tués en quelques jours. Dimanche, sept civils ont péri après que l'aviation russe a visé un groupe d'habitants fuyant Maaret al-Noomane et ses environs, a indiqué l'OSDH.

«Nous allons de toute manière mourir»

L'ONU a appelé mercredi à une «désescalade immédiate», mettant en garde contre de nouveaux déplacements massifs si les violences persistent. «Aucun endroit n'est sûr. Si nous restons à l'intérieur de nos maisons, ou si nous fuyons, nous allons de toute manière mourir», déplore Abou Akram, défaitiste.

Faisant craindre le pire pour la situation humanitaire déjà précaire, la Russie et la Chine ont mis vendredi leur veto à un projet de résolution prolongeant d'un an l'aide humanitaire transfrontalière de l'ONU à quatre millions de Syriens, notamment à Idleb.

Le conflit en Syrie, déclenché par la répression de manifestations prodémocratie par le régime de Damas, a fait plus de 370'000 morts et des millions de déplacés.

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