En visite au VietnamKamala Harris veut «faire monter la pression» sur Pékin
ATS
25.8.2021 - 12:13
La vice-présidente américaine Kamala Harris était en visite au Vietnam jeudi pour tenter de renforcer les alliances face à la Chine. Elle veut «faire monter la pression» sur Pékin pour qu'il renonce à ses revendications «abusives» sur la mer de Chine méridionale.
Keystone-SDA
25.08.2021, 12:13
25.08.2021, 12:30
ATS
«Nous devons trouver des moyens de faire pression et d'augmenter la pression, franchement, sur Pékin (...) pour qu'il remette en cause ses revendications maritimes abusives et excessives» dans cette zone stratégique, a déclaré mercredi Mme Harris, lors de son entretien avec le président de la République vietnamienne Nguyen Xuan Phuc.
Pékin revendique la quasi-totalité de cette mer, riche en ressources et par laquelle transite une grande partie du commerce maritime mondial. Plusieurs pays d'Asie du Sud-Est, dont le Vietnam, ont des revendications concurrentes.
«Forte présence» américaine
«La marine américaine maintiendra une forte présence en mer de Chine méridionale», a promis Mme Harris. Elle a ajouté vouloir «aider le Vietnam à y développer ses capacités de sécurité maritime», alors que Pékin est accusé d'y déployer des équipements militaires, dont des lance-missiles.
«La Chine s'oppose fermement au déploiement de forces (...) pour intervenir dans les affaires régionales et perturber la paix et la stabilité régionales», a réagi le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, les médias d'Etat accusant Washington de vouloir «creuser un fossé» entre les pays d'Asie du Sud-Est et Pékin.
C'était la deuxième fois en deux jours que la vice-présidente américaine s'en prenait à la Chine. Mardi à Singapour, elle avait dénoncé les tentatives chinoises d'"intimidation» dans la région, Pékin répliquant en lançant des reproches similaires sur l'attitude des Etats-Unis en Afghanistan.
Le spectre de Saïgon
La visite au Vietnam de Kamala Harris intervient à un moment critique pour Washington. La chute de Kaboul et les évacuations chaotiques depuis la capitale afghane ont réveillé les traumatismes de la guerre du Vietnam et de la fuite en 1975 des diplomates américains de Saïgon.
Mme Harris ne se rendra pas dans la ville, poumon économique du pays rebaptisé Hô Chi Minh-Ville. Mais au moment où la Chine dispute aux Etats-Unis l'influence politique et la domination navale dans la région indo-pacifique, le Vietnam est stratégiquement et économiquement important pour Washington.
Lutte contre le Covid-19
Mme Harris a aussi tenté de focaliser l'attention sur la sécurité sanitaire lors de l'inauguration mercredi après-midi d'une antenne régionale du Centre américain de contrôle des maladies (CDC).
Après avoir réussi à contenir l'épidémie de coronavirus en 2020, le Vietnam, comme plusieurs pays de la région, est confronté à une flambée sans précédent. La campagne vaccinale s'y déploie très lentement avec un peu moins de 2% des 100 millions d'habitants entièrement vaccinés.
Mme Harris a annoncé mercredi un don d'un million de vaccins qui commenceront à arriver dans les prochaines 24 heures au Vietnam. Washington a déjà donné cinq millions de doses au pays.
Rassurer
Les relations glaciales entre Washington et Pékin vont rester au coeur de l'attention. Les différends sont nombreux, allant de la cybersécurité à la lutte pour la suprématie technologique ou aux violations des droits de l'Homme à Hong Kong et au Xinjiang. Et l'administration Biden poursuit pour l'essentiel le bras de fer entamé par Donald Trump.
La vice-présidente américaine s'efforce tout de même d'apaiser les craintes. A Singapour, elle a assuré que ces tensions croissantes ne doivent pas contraindre les pays étroitement liés aux deux puissances économiques à choisir leur camp.
Hanoï tente d'ailleurs de tracer sa propre voie entre Washington et Pékin. Mardi, le Premier ministre Pham Minh Chinh a rencontré l'ambassadeur de Chine, assurant que le Vietnam ne s'alignerait pas «avec un pays contre un autre».