«Totale impunité»Bélarus: 37'000 détenus liés à la crise de 2020 selon l'ONU
sn, ats
9.3.2022 - 10:47
Au moins 37'000 personnes ont été détenues de mai 2020 à mai dernier au Bélarus en lien avec la présidentielle controversée qui a reconduit le président Alexandre Loukachenko, selon l'ONU. Dans un rapport publié mercredi à Genève, elle dénonce une «totale impunité».
sn, ats
09.03.2022, 10:47
09.03.2022, 11:17
ATS
Plus de 13'000 personnes ont été détenues arbitrairement pour la seule période du 9 août 2020, au moment du scrutin, et la semaine qui a suivi, affirme le Haut-Commissariat aux droits de l'homme. Selon les indications analysées et près de 150 discussions au total avec des témoins, il ajoute que les forces de sécurité ont arrêté chaque personne qui était à leur portée.
De plus, des individus non identifiés ont réprimé violemment les manifestations de protestation, rappelle le Haut-Commissariat dans ce rapport mandaté par le Conseil des droits de l'homme. Il répète aussi que la torture et les abus ont été «largement répandus» et «systématiques». Des centaines de cas avaient été dénoncés par les ONG.
«Impunité totale»
Le rapport dénonce notamment des recours excessifs à la force, des détentions à l'isolement, des viols ou encore des procès inéquitables. Par le passé, les conditions des prisonniers avaient également été ciblées.
Plusieurs ONG ont mentionné des crimes contre l'humanité, un terme que le rapport ne reprend pas. L'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), établie à Genève, a déposé il y a quelques mois une plainte contre six hauts responsables bélarusses pour ce chef d'accusation.
Le Haut-Commissariat s'en prend aussi aux autorités pour ne pas avoir honoré leurs obligations d'établir les responsabilités. Pire encore, le gouvernement a mené «une politique active» par des intimidations, notamment contre les avocats. Une «impunité totale», affirme la Haute commissaire Michelle Bachelet. Le rapport demande des investigations indépendantes rapidement et la libération de tous les détenus.
Plus de 1000 détenus politiques
Fin 2021, 969 personnes étaient détenues pour des raisons qui peuvent être considérées comme politiques. La répression des récentes manifestations après le référendum permettant de revenir sur le statut non-nucléaire du Bélarus a fait passer ce nombre à plus d'un millier.
L'année dernière, le Conseil des droits de l'homme avait dénoncé un «déni systématique» des libertés fondamentales au Bélarus. Il a demandé des élections libres dans ce pays.
Depuis la présidentielle, la législation a été durcie pour restreindre les libertés. Des dizaines d'avocats ont perdu leur droit de travailler. Au total, treize médias ont été considérés comme «extrémistes». Et près de 300 ONG ont été fermées.