Sri LankaIls prennent le palais du président et plongent dans sa piscine!
ATS
9.7.2022 - 18:51
Plonger dans la piscine, prendre des selfies ou se prélasser sur le lit du président: les manifestants sri-lankais qui ont envahi samedi à Colombo la résidence officielle du chef de l'Etat n'ont pas seulement provoqué sa fuite, ils ont aussi profité des lieux, tournant en dérision le dirigeant détesté.
09.07.2022, 18:51
10.07.2022, 07:49
ATS
Après avoir réussi à pénétrer dans le palais présidentiel, et forcé Gotabaya Rajapaksa à s'échapper, point culminant de plusieurs mois de mécontentement social, des Sri-Lankais s'en sont donné à coeur joie à l'intérieur de l'enceinte de l'édifice.
— Sri Lanka Tweet 🇱🇰 💉 (@SriLankaTweet) July 9, 2022
Des dizaines d'hommes ont tombé la chemise et plongé dans la piscine, certains en sauts périlleux. D'autres se sont prélassés sur les pelouses soigneusement tondues, d'autres encore filant tout droit dans les appartements privés du président.
«Nous sommes dans la chambre de Gotabaya, voici les sous-vêtements qu'il a laissés derrière lui», a lancé un jeune homme en brandissant un slip noir, dans une vidéo en direct largement partagée sur les réseaux sociaux. «Il a aussi laissé ses chaussures derrière lui».
Sur le grand lit
Honni des manifestants qui le jugent responsable de la profonde crise économique que traverse le Sri Lanka depuis plusieurs mois, le président venait tout juste de quitter les lieux, grâce aux soldats qui ont tiré en l'air pour lui permettre de s'échapper.
— Sri Lanka Tweet 🇱🇰 💉 (@SriLankaTweet) July 9, 2022
Tour à tour, des manifestants se sont prélassés sur son grand lit, ou les confortables canapés des salons. Certains se sont servis dans le garde-manger, éparpillant çà et là snacks et boissons.
«J'ai été surpris de voir qu'un climatiseur fonctionnait dans sa salle de bains. Alors que nous subissons des coupures de courant sans fin», a déclaré par téléphone à l'AFP un homme entré dans le palais.
«Nous ne devons pas être des voleurs»
Cette ambiance festive tranchait avec la confrontation tendue qui avait eu lieu plus tôt dans la journée entre des centaines de milliers de manifestants et les forces de sécurité.
La police avait fait usage de gaz lacrymogènes et de canons à eau pour repousser les assaillants. Mais certains, en s'emparant d'un camion de police, ont pu forcer des barrages et escaladé les hautes grilles.
Une fois le palais envahi, le nombre de policiers et de militaires de garde a fondu. Des policiers d'élite sont restés postés dans la résidence, mais sans en déloger les intrus qui s'y promenaient à leur aise.
Grimpant à une grille, un étudiant a exhorté la foule à ne pas piller ou dégrader la résidence d'Etat, qui abrite une collection d'objets inestimables.
«Nous avons traité Gota de voleur et l'avons poussé à la fuite, s'il vous plaît, ne prenez rien dans le palais», a-t-il demandé. «Nous ne devons pas être des voleurs comme les Rajapaksas».
— Sri Lanka Tweet 🇱🇰 💉 (@SriLankaTweet) July 9, 2022
Depuis des mois, en raison des pénuries répétées de nourriture, d'électricité, de carburants et de médicaments, de nombreux Sri-Lankais réclament la démission du président et de plusieurs membres de sa famille au pouvoir.
Gotabaya Rajapaksa vivait dans la résidence officielle, habituellement réservée à la réception des dirigeants étrangers, depuis seulement avril dernier, après que des milliers de manifestants ont alors tenté d'envahir son domicile privé lors d'une grande manifestation.
Son domicile ne fut pas envahi mais il s'était installé au palais dans l'espoir, finalement vain, d'y être plus en sécurité.
Gotabaya Rajapaksa, qui s'est réfugié dans un lieu tenu secret, reste président pour l'instant, mais il démissionnera la semaine prochaine, a annoncé samedi le président du parlement, Mahinda Abeywardana. «Pour assurer une transition pacifique, le président a dit qu'il allait démissionner le 13 juillet», a déclaré ce dernier à la télévision.