Alain Berset «Séance après séance, la Fédération de Russie nie sa responsabilité»

sn, ats

20.9.2023 - 19:26

«La Suisse attend de la Fédération de Russie qu'elle respecte la Charte» de l'ONU. Devant le Conseil de sécurité à New York, le président de la Confédération a ciblé mercredi l'attitude de Moscou en Ukraine et a appelé à une relance de l'initiative sur les céréales.

M. Berset a également rappelé les efforts suisses pour alléger les souffrances des civils en Ukraine, notamment pour le déminage.
M. Berset a également rappelé les efforts suisses pour alléger les souffrances des civils en Ukraine, notamment pour le déminage.
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«Séance après séance, la Fédération de Russie, membre permanent du Conseil, nie sa responsabilité», a asséné Alain Berset, alors que le représentant russe était assis à côté de lui. «Envers les milliers de morts et de blessés en Ukraine», «envers les millions de personnes déplacées» et «envers celles et ceux qui sont plongés dans une profonde insécurité», y compris en Russie.

M. Berset a rappelé les efforts suisses pour alléger les souffrances des civils en Ukraine, notamment pour le déminage, alors qu'une surface qui fait quatre fois la Suisse est contaminée. Il a aussi souhaité que l'accord sur les exportations de céréales en Ukraine soit relancé.

La Russie avait décidé en juillet dernier de ne pas renouveler cet arrangement qui a, selon l'ONU, permis d'éviter une crise alimentaire internationale. Moscou se plaint notamment qu'un second accord pour débloquer ses exportations agricoles, notamment d'engrais, n'a pas été honoré par les Occidentaux.

Face à toutes ces difficultés, le président de la Confédération a salué les initiatives diplomatiques pour atteindre la paix en Ukraine. Auparavant, le conseiller fédéral Ignazio Cassis avait toutefois estimé que le plan ukrainien en dix points est «insuffisamment bon». Même si l'approche est «intéressante», les initiatives unilatérales «ne vont pas bien loin», a-t-il dit à la presse suisse.

Déclaration commune

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rappelé mercredi devant le Conseil les principales demandes ukrainiennes et veut un sommet de chefs d'Etat et de gouvernement pour en parler. Mais Moscou a rejeté le plan de paix qui demande notamment le retour à l'intégrité territoriale ukrainienne. Et le chef de l'Etat ukrainien d'appeler à la fin du droit de veto qui bloque l'instance onusienne.

Avant son discours, M. Berset a assisté de près à des tensions importantes au sein du Conseil. Au début de la réunion, l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, assis à côté du président de la Confédération, a demandé au premier ministre albanais pourquoi M. Zelensky s'exprimerait avant les membres de l'instance. «Il y a une solution, si vous l'acceptez. Vous mettez un terme à la guerre et le président Zelensky n'aura pas à parler», lui a répondu celui qui présidait la discussion.

De son côté, M. Cassis s'était dit mardi à New York en faveur d'un tribunal spécial sur l'Ukraine. Il a aussi rencontré le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi pour faire le suivi des principes lancés lors d'une réunion en mai sous présidence suisse du Conseil pour éviter un «désastre nucléaire» à Zaporijjia.

Plus largement, dans une déclaration commune des dix membres non permanents du Conseil dévoilée mercredi, M. Cassis et ses neuf homologues réaffirment leur engagement envers le multilatéralisme. Ils appellent les cinq membres permanents à faire preuve de «retenue» au moment d'utiliser leur veto, notamment pour empêcher des atrocités de masse.

Dans leur déclaration, les dix membres non permanents répètent leur demande d'une réforme pour un Conseil de sécurité «plus efficient» et plus représentatif.

Plusieurs rencontres sur le Haut-Karabakh

De son côté, M. Cassis a aussi beaucoup ciblé devant la presse suisse la reprise des violences au Haut-Karabakh. Il a rappelé que la Suisse avait contribué aux négociations pour un cessez-le-feu entre Azerbaïdjan et Arménie, avant cette récente relance des affrontements entre Bakou et les séparatistes arméniens qui peuplent majoritairement la région disputée.

Il a rencontré à New York ses homologues des deux pays, de même que de la Turquie. M. Cassis s'est également entretenu avec des représentants de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Pollution plastique

Plus largement, le conseiller fédéral a salué la collaboration au sein d'une coalition pour aboutir à un traité contre la pollution plastique. Prévu pour entrer en vigueur en 2024, celui-ci doit éradiquer ce fléau d'ici 2040. Les pays de la coalition, dont la Suisse, sont prêts à appliquer le principe «pollueur-payeur» et à soutenir les pays pauvres et insulaires pour qu'ils puissent honorer leurs obligations.

Parmi ses rencontres bilatérales, il a notamment vu son homologue américain Antony Blinken. Celui-ci l'a remercié pour la facilitation de l'échange de détenus entre les Etats-Unis et l'Iran.